Imaginez une soirée où les projecteurs illuminent la Croisette, où les applaudissements résonnent et où un pays, souvent discret, s’empare de la scène mondiale. Ce 29 avril 2025, lors de la clôture de la huitième édition de Canneséries, la Norvège a brillé comme jamais. Avec deux séries en compétition longue, A Better Man et Nepobaby, ce pays scandinave a raflé quatre des cinq prix de sa catégorie, confirmant son talent pour raconter des histoires universelles et percutantes. Mais qu’est-ce qui rend ces fictions si captivantes ? Plongeons dans cet univers où la violence sociale, les drames familiaux et les performances d’acteurs exceptionnels se rencontrent.
La Norvège, Nouvelle Reine des Séries
Depuis quelques années, les séries scandinaves captivent le monde entier. De Skam à Ragnarök, la Norvège, la Suède et le Danemark ont prouvé leur capacité à produire des récits audacieux, souvent ancrés dans des réalités sociales brûlantes. En 2025, Canneséries consacre cette vague nordique, et la Norvège se distingue particulièrement. Face à des concurrents de Belgique, de France, de Corée du Sud, de Finlande et d’Islande, les deux séries norvégiennes ont éclipsé la compétition, marquant un tournant dans l’histoire du festival.
Pourquoi un tel succès ? Les séries norvégiennes excellent dans l’art de mêler réalisme cru et narration sophistiquée. Elles abordent des thèmes universels – la violence, l’identité, la famille – tout en restant profondément ancrées dans une culture nordique marquée par la sobriété et l’introspection. À Canneséries, le jury, présidé par le compositeur américain Jeff Russo et composé de figures comme Louise Bourgoin ou Soo Hugh, a salué cette authenticité.
A Better Man : Une Claque Sociale
A Better Man, coproduction entre la Norvège et la Lituanie, a décroché le prestigieux prix de la meilleure série. L’histoire suit un homme solitaire, misogyne, qui passe ses soirées à écrire des commentaires haineux en ligne sous divers pseudonymes. Sa cible favorite ? Une humoriste féministe qu’il menace de viol. Mais lorsque son message est exposé à la télévision, sa vie bascule. Traqué, il se travestit en femme pour échapper à ses poursuivants, une ruse qui le force à revoir ses préjugés.
« Cette série est une véritable claque, complètement en phase avec la violence de nos sociétés actuelles. »
Ce qui frappe dans A Better Man, c’est sa capacité à confronter le spectateur à des vérités dérangeantes. En seulement deux épisodes projetés à Cannes, la série a captivé par son intensité et sa pertinence. Le comédien Anders Baasmo, dans le rôle principal, a été récompensé par le prix de la meilleure interprétation. Sa performance, à la fois brute et nuancée, donne vie à un personnage complexe, à la croisée de la haine et de la rédemption.
Pourquoi A Better Man marque-t-elle les esprits ?
- Thématique actuelle : Elle explore la toxicité des réseaux sociaux et la violence de genre.
- Narration audacieuse : Le travestissement comme outil de transformation personnelle.
- Performance d’acteur : Anders Baasmo incarne un antihéros troublant de vérité.
La série a également remporté le prix des lycéens, preuve qu’elle résonne auprès d’un public jeune, sensible aux questions de société. En abordant des sujets comme la masculinité toxique et le pouvoir des réseaux sociaux, A Better Man s’impose comme une œuvre essentielle pour comprendre notre époque.
Nepobaby : Drame et Comédie en Harmonie
Si A Better Man secoue par sa gravité, Nepobaby séduit par son mélange de drame et de comédie. La série suit une jeune femme d’origine modeste sur le point de se marier. Lors de son enterrement de vie de jeune fille, elle découvre que son père biologique, qu’elle n’a jamais connu, vient de mourir. Cet homme appartenait à une dynastie fortunée, et son héritage attire les convoitises. Mais ses demi-frères et sœurs ne sont pas prêts à partager.
Nepobaby a remporté le prix du meilleur scénario et un prix spécial pour l’ensemble de son casting. Ce dernier, incluant des visages connus comme Nicolai Cleve Broch et Henriette Steenstrup, brille par sa justesse. La série excelle à naviguer entre les tensions familiales et les moments de légèreté, offrant une fresque humaine où chaque personnage a sa place.
| Série | Prix remportés |
|---|---|
| A Better Man | Meilleure série, Meilleure interprétation, Prix des lycéens |
| Nepobaby | Meilleur scénario, Prix spécial d’interprétation |
Le scénario, récompensé pour sa finesse, joue sur les contrastes : la quête d’identité de l’héroïne face à la cupidité de sa nouvelle famille. Cette dynamique, universelle, fait écho à des récits comme Succession, mais avec une touche norvégienne, plus intime et moins ostentatoire.
Les Autres Pépites de Canneséries 2025
Si la Norvège a dominé, d’autres séries ont su tirer leur épingle du jeu. La sud-coréenne S Line a remporté le prix de la meilleure musique. Cette fiction originale suit une jeune femme capable de voir des lignes rouges reliant les individus à leurs partenaires sexuels. Ce concept, à la fois intrigant et risqué, place l’héroïne dans des situations périlleuses, mêlant thriller et réflexion sur l’intimité.
Dans la catégorie des séries courtes, la belge Oh Otto ! a été sacrée. Cette fiction explore la quête d’appartenance d’un jeune homme dans la communauté queer de Bruxelles, à travers des rencontres en ligne. Récompensée également par le prix des étudiants, elle séduit par son ton frais et inclusif.
« Oh Otto ! capture avec justesse les luttes et les joies de la jeunesse queer d’aujourd’hui. »
Enfin, la série documentaire norvégienne The Agent – The Life and Lies of My Father a remporté le prix de sa catégorie. Ce récit poignant suit Didrik Hallstrøm, qui enquête sur les prétendues activités d’agent secret de son père. Entre souvenirs d’enfance et révélations, la série questionne la frontière entre vérité et mensonge.
La France à l’Honneur, Malgré Tout
Si la série française Malditos, en lice dans la compétition longue, est repartie sans prix, la France n’a pas démérité. Le prix Europe 1 du public a été décerné à La Fièvre, une fiction acclamée pour son audace et sa résonance avec les enjeux contemporains. Ce succès montre que le public français reste attaché à des récits qui osent questionner la société.
Les moments forts de Canneséries 2025
- La Norvège remporte quatre prix dans la catégorie longue.
- S Line surprend avec son concept audacieux.
- La Fièvre séduit le public français.
Cette édition de Canneséries prouve une fois de plus que les séries télévisées sont bien plus qu’un divertissement. Elles sont un miroir de nos sociétés, un espace où les cultures se croisent et où les voix marginalisées trouvent un écho. La Norvège, avec ses récits audacieux, a su capter cette essence.
Pourquoi les Séries Norvégiennes Fascinent-elles ?
Le succès des séries norvégiennes à Canneséries 2025 ne tient pas au hasard. Leur force réside dans plusieurs éléments clés :
- Authenticité : Les récits scandinaves privilégient des personnages réalistes, loin des stéréotypes hollywoodiens.
- Engagement social : Les thèmes abordés, comme la violence en ligne ou les inégalités, touchent un public mondial.
- Esthétique soignée : Les séries norvégiennes misent sur une photographie sobre mais puissante, renforçant l’immersion.
En outre, la Norvège bénéficie d’un écosystème créatif dynamique. Les subventions publiques et les collaborations internationales, comme avec la Lituanie pour A Better Man, permettent aux réalisateurs de prendre des risques. Cette liberté artistique se traduit par des œuvres qui ne craignent pas de provoquer ou d’émouvoir.
Quel Avenir pour les Séries à Canneséries ?
Canneséries 2025 a montré que les séries télévisées continuent d’évoluer, repoussant les limites du storytelling. La domination norvégienne pourrait inspirer d’autres pays à explorer des récits plus audacieux. De plus, l’émergence de séries comme S Line ou Oh Otto ! prouve que la diversité des voix est essentielle pour captiver un public mondial.
Pour la France, cette édition est un rappel : il faut oser. Si La Fièvre a su séduire le public, des séries comme Malditos montrent que le chemin est encore long pour rivaliser avec les géants scandinaves ou asiatiques. L’avenir appartient aux récits qui savent allier universalité et singularité.
Canneséries 2025 : un festival qui redéfinit les séries comme un art majeur.
En conclusion, Canneséries 2025 restera dans les mémoires comme l’édition de la consécration norvégienne. Avec A Better Man et Nepobaby, la Norvège a prouvé qu’elle maîtrise l’art de raconter des histoires qui touchent, dérangent et inspirent. Alors, quelle sera la prochaine pépite à conquérir la Croisette ? Une chose est sûre : le monde des séries n’a pas fini de nous surprendre.
