Dans un contexte de crise politique en France à deux semaines d’élections législatives cruciales, l’Union européenne s’apprête à lancer une procédure disciplinaire contre l’Hexagone et une dizaine d’autres pays membres pour déficits publics jugés excessifs. Un coup dur pour Paris, déjà dans le viseur des agences de notation.
La France épinglée pour ses finances publiques dégradées
Ce mercredi, la Commission européenne publiera des rapports détaillés sur la situation économique et budgétaire de chaque État membre. Sans surprise, elle constatera que la France, comme l’Italie et près de huit autres pays, a dépassé en 2023 le seuil fatidique de 3% du PIB pour son déficit public, violant ainsi les règles du Pacte de stabilité européen récemment réformé et réactivé.
Le cas français est particulièrement préoccupant aux yeux de Bruxelles. Plongé dans une crise politique depuis la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron après sa défaite aux européennes, le pays voit sa crédibilité budgétaire remise en question. Les taux d’emprunt flambent, la Bourse dévisse et les oppositions prônent des dépenses en forte hausse, compromettant l’objectif d’un retour sous les 3% en 2027.
Vers des sanctions financières pour l’Hexagone ?
Face à ces dérapages, l’exécutif européen compte bien appliquer le nouveau Pacte de stabilité à la lettre. Près d’une dizaine de procédures pour déficits excessifs devraient ainsi être lancées, avec à la clé des sanctions financières pouvant atteindre 0,1% du PIB par an, soit près de 2,5 milliards d’euros pour la France.
Ces punitions, politiquement explosives, n’ont en réalité jamais été appliquées pour ne pas enfoncer des pays déjà en difficulté.
– Un expert de l’Institut Jacques Delors
Malgré tout, elles représentent une épée de Damoclès au-dessus de la tête des États les moins vertueux. Parmi les déficits les plus élevés figurent l’Italie (7,4% du PIB), la Hongrie (6,7%), la Roumanie (6,6%), la France (5,5%) et la Pologne (5,1%).
Un casse-tête budgétaire en période troublée
Corriger ces dérapages dans un contexte économique et géopolitique difficile s’annonce ardu. Entre soutien à l’Ukraine face à la Russie, investissements massifs pour la transition écologique et croissance atone, les marges de manœuvre budgétaires sont minces. Le nouveau Pacte de stabilité impose pourtant aux pays en déficit excessif un effort structurel d’au moins 0,5 point de PIB par an.
Autant dire que Paris et Rome, qui rejettent les appels à la rigueur, risquent d’entrer dans un bras de fer tendu avec la Commission et les pays “frugaux” comme l’Allemagne et les Pays-Bas, très attachés à la discipline budgétaire. La France, habituée des procédures pour déficit excessif dont elle était sortie en 2017, se retrouve à nouveau sur la sellette au pire moment.
Dans ce contexte explosif, concilier redressement des comptes publics et préservation de la cohésion sociale et politique s’apparente à la quadrature du cercle. Un casse-tête que le prochain gouvernement, quel qu’il soit, devra impérativement résoudre pour éviter les sanctions et rassurer ses partenaires européens. La partie s’annonce serrée.