L’alerte est donnée, et elle est plus que préoccupante. Les récents résultats des concours de recrutement de professeurs des écoles mettent en lumière une pénurie d’enseignants qui s’aggrave d’année en année, menaçant la stabilité et la qualité de notre système éducatif. Plus de 1500 postes n’ont pas été pourvus lors de cette session 2024, un chiffre similaire à celui de l’an passé, signe que la crise perdure et s’enracine durablement.
Une crise concentrée sur trois académies
Si le problème est national, il se manifeste de manière particulièrement aiguë dans trois territoires : les académies de Créteil, Versailles, et la Guyane. À elles seules, elles concentrent la quasi-totalité des postes vacants, avec respectivement 670, 692 et 174 places non attribuées à l’issue des concours. Une situation alarmante, qui perdure depuis plusieurs années sans que des solutions efficaces n’aient pu être mises en place.
Cette année encore, la perte se concentre sur les académies de Créteil et Versailles, déficitaires depuis très longtemps. On n’arrive pas à enrayer cette crise.
– Guislaine David, secrétaire générale FSU-Snuipp
Un métier en perte d’attractivité
Comment expliquer une telle désaffection pour le métier de professeur des écoles ? Plusieurs facteurs entrent en jeu :
- Des salaires jugés insuffisants au regard du niveau de qualification exigé et des responsabilités endossées
- Des conditions de travail difficiles, avec des classes surchargées et un manque de soutien
- Une image dégradée du métier dans la société, un manque de reconnaissance
- Des perspectives d’évolution limitées en termes de carrière
Malgré les promesses répétées des gouvernements successifs, le “choc d’attractivité” tant attendu n’a pas eu lieu. Les revalorisations salariales restent insuffisantes, les conditions d’exercice ne s’améliorent pas, et le métier peine à attirer de nouveaux talents, pourtant indispensables pour bâtir l’école de demain.
Quelles solutions pour endiguer la pénurie ?
Face à l’urgence de la situation, des mesures fortes et pérennes doivent être prises pour redonner au métier ses lettres de noblesse et susciter de nouvelles vocations :
- Revaloriser significativement les salaires, à la hauteur des qualifications et des missions
- Améliorer les conditions de travail, réduire les effectifs par classe, donner plus de moyens et de soutien aux enseignants
- Repenser la formation initiale et continue, pour mieux préparer et accompagner les professeurs tout au long de leur carrière
- Lancer une grande campagne de communication pour redorer l’image du métier et susciter des vocations
Il y a urgence à agir, car c’est l’avenir de notre École qui est en jeu. Sans enseignants en nombre suffisant, sans professeurs bien formés et épanouis dans leur mission, c’est toute notre capacité à relever les défis éducatifs du 21ème siècle qui est menacée. Le temps des constats alarmistes doit laisser place à celui de l’action déterminée. L’École de la République mérite qu’on se batte pour elle.