Coup de théâtre dans la capitale des Gaules. Alors qu’elle comptait faire passer une délibération encadrant le droit de grève de ses agents municipaux lors du prochain conseil municipal du 27 juin, la mairie écologiste de Lyon vient d’annoncer le retrait de son projet, très critiqué par les syndicats. Une décision motivée par le contexte politique tendu, à quelques jours seulement des élections législatives.
Le projet d’encadrement du droit de grève suscite la polémique
Depuis plusieurs mois, l’exécutif lyonnais planchait sur une réforme visant à réguler l’exercice du droit de grève par les agents de la ville. Parmi les mesures envisagées : l’obligation pour les grévistes de déposer un préavis 48h à l’avance, et la fin des “grèves à l’heure” ne donnant lieu qu’à une retenue symbolique sur salaire.
Pour la majorité écologiste, il s’agissait d’assurer la continuité du service public, en particulier dans les écoles et les crèches. Mais le projet a immédiatement suscité l’ire des organisations syndicales, dénonçant une atteinte au droit constitutionnel de faire grève. Un préavis de grève a même été déposé pour le jour du vote de la délibération, le 27 juin.
La mairie temporise à l’approche des législatives
Face à la bronca, et « au vu du contexte politique au lendemain des élections européennes », dixit l’adjoint en charge du dossier Laurent Bosetti, la mairie a finalement décidé de faire marche arrière. Dans un courrier adressé aux syndicats, l’élu évoque une volonté « d’apaiser le climat social » dans une « situation historique de crise sociale et démocratique ».
“Afin d’apaiser le climat social, face à une situation historique liée à la crise sociale et démocratique qui traverse notre pays”
– Laurent Bosetti, adjoint en charge de la réforme
Il faut dire qu’à quelques jours du premier tour des élections législatives, la majorité écologiste craignait que la polémique ne ternisse son image et ne profite à ses adversaires. D’autant que son projet était comparé par certains aux réformes du gouvernement Macron, dont la municipalité se veut pourtant le contre-modèle.
Le sujet pourrait revenir sur la table dès la rentrée
Pour autant, la mairie ne semble pas avoir totalement renoncé à réguler le droit de grève de ses agents. Dans sa lettre aux syndicats lyonnais, Laurent Bosetti indique vouloir « travailler dès la rentrée à limiter les conséquences pour les enfants et leurs familles des “grèves éparses” touchant le service de la restauration scolaire ».
Une annonce qui n’a pas manqué de faire bondir les représentants du personnel. « Voulez-vous encore limiter le droit de grève aux agents de l’éducation ? », s’offusquent-ils dans une réponse cinglante, rappelant que la majorité écologiste a été élue sur une liste de la Nupes « contre la politique de Macron », avant d’appliquer « stricto sensu les lois de la macronie » une fois arrivée à la mairie.
La polémique devrait donc se poursuivre ces prochains mois, sur fond de bras de fer entre la mairie et ses agents. Signe que malgré l’accalmie, la question du droit de grève reste un sujet brûlant à Lyon, comme dans le reste du pays. Le prochain conseil municipal de rentrée s’annonce d’ores et déjà animé.