A un an des élections législatives de 2024, le Front populaire, la nouvelle alliance de gauche, se déchire déjà en interne. Malgré un accord électoral difficilement négocié, des candidatures dissidentes émergent dans plusieurs circonscriptions clés, mettant dans l’embarras Olivier Faure, le patron du Parti socialiste et architecte de l’union.
Le cas Jérôme Guedj, symptôme d’un malaise
Au coeur de la tourmente se trouve Jérôme Guedj, député sortant de l’Essonne et pilier du groupe socialiste à l’Assemblée. Refusant de se présenter sous la bannière du Front populaire en raison “des attaques brutales de LFI”, il met Olivier Faure dans une position délicate. Ce dernier est contraint d’affirmer qu’il soutient malgré tout Jérôme Guedj, le considérant comme “le seul candidat légitime du Front populaire” dans cette circonscription.
Une prise de position qui ne manquera pas de faire grincer des dents au sein de LFI et du reste de l’alliance, déjà échaudés par ce qu’ils considèrent comme un “acte de défiance”.
D’autres cas épineux pour Olivier Faure
Le cas Guedj est loin d’être isolé. Olivier Faure doit aussi gérer d’autres points de friction, comme en Seine-Saint-Denis où il soutient la députée sortante insoumise Raquel Garrido face au candidat officiellement investi par le Front populaire. Ou encore dans le Vaucluse, où il dit avoir “contesté” l’investiture d’un candidat de LFI connu pour ses positions radicales.
“Pour moi il n’y a aucune espèce d’hésitation : je soutiens Raquel Garrido face à ce candidat”, martèle Olivier Faure.
– Olivier Faure, premier secrétaire du PS
Un fragile équilibre politique menacé
Ces dissensions internes risquent de fragiliser sérieusement la crédibilité et les chances de victoire du Front populaire aux législatives de 2024. Alors que la gauche espérait capitaliser sur son union retrouvée, ces querelles d’investitures donnent une image de division qui pourrait coûter cher dans les urnes.
Pour l’heure, Olivier Faure s’efforce tant bien que mal de calmer le jeu en réaffirmant son soutien aux candidats “légitimes” du Front populaire, quitte à prendre quelques libertés avec les accords conclus. Mais pour combien de temps ? Ces arbitrages à géométrie variable satisferont-ils ses partenaires et les électeurs ? Rien n’est moins sûr.
Un test grandeur nature pour le Front populaire
Au-delà des personnalités, c’est la solidité même de la nouvelle alliance de gauche qui est en question. Forgée dans la précipitation sur fond d’opposition à Emmanuel Macron, saura-t-elle dépasser ses divergences pour incarner une alternative crédible ? Les prochains mois, rythmés par la préparation de la bataille des législatives, constitueront un test grandeur nature.
Une chose est sûre : si Olivier Faure ne parvient pas à éteindre rapidement ces premiers incendies, c’est toute la stratégie du Front populaire qui pourrait partir en fumée avant même le premier tour. Les élections législatives de 2024 s’annoncent d’ores et déjà comme un chemin semé d’embûches pour la gauche unie.