L’onde de choc provoquée par l’incendie criminel d’une synagogue à Rouen en mai dernier continue de se propager dans la sphère politique. Dernièrement, c’est le maire socialiste de la ville, Nicolas Mayer-Rossignol, qui a suscité la polémique en sous-entendant une responsabilité du Rassemblement national dans ce drame, alors même que l’auteur des faits était un migrant algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Le maire PS alertait sur un “déchaînement de violences” en cas de victoire du RN
Invité sur le plateau de BFM TV, Nicolas Mayer-Rossignol a mis en garde contre l’accession du RN au pouvoir, redoutant un “déchaînement de violences” dans la société. Pour étayer son propos, l’élu a fait référence à l’incendie de la synagogue survenu dans sa ville :
“Moi j’ai une synagogue qui a brûlé il n’y a pas si longtemps”
Mais pressé par le journaliste de préciser qui était l’auteur de cet acte, le maire est resté évasif, évoquant simplement “un monsieur qui n’est pas jugé”. Il a fallu attendre la fin de l’interview pour que Nicolas Mayer-Rossignol reconnaisse, du bout des lèvres, que le coupable était en réalité un Algérien de 29 ans visé par une OQTF. Ce dernier, armé d’un couteau et d’une barre de fer, avait été abattu par les forces de l’ordre après avoir incendié la synagogue et s’être jeté sur une patrouille.
Une députée LFI va plus loin et accuse le RN pour l’attentat de l’Hyper Cacher
Dans une rhétorique similaire, la députée LFI Alma Dufour n’a pas hésité à affirmer que le RN portait une responsabilité dans l’attentat antisémite de l’Hyper Cacher en 2015, qui avait fait 5 morts dans la foulée des attaques contre Charlie Hebdo. Sur Twitter, l’élue insoumise a interpellé le RN en lançant :
“Qui est responsable de l’attentat de l’Hyper Cacher ? Qui a géré la négociation entre Lafarge et Daesh ?”
Des accusations graves, formulées sans aucun élément tangible, mais qui illustrent la volonté d’une partie de la gauche de faire porter le chapeau de l’antisémitisme et du terrorisme islamiste à l’extrême droite.
L’extrême droite dénonce une “instrumentalisation” et un “deux poids deux mesures”
Du côté du RN, on crie à la manipulation et à l’instrumentalisation politique. Le maire de Rouen est accusé de vouloir détourner l’attention en taisant sciemment l’identité et le profil de l’incendiaire de la synagogue. Marine Le Pen a dénoncé “l’islamo-gauchisme” d’une partie de la classe politique qui refuserait de nommer la menace islamiste. Plusieurs cadres du parti ont aussi pointé du doigt le “deux poids deux mesures” dont feraient preuve certains élus de gauche, prompts à accuser le RN au moindre fait divers, mais bien silencieux quand les coupables sont issus de l’immigration.
Au final, cet épisode illustre une nouvelle fois la difficulté du débat public à aborder sereinement les questions liées au communautarisme et au terrorisme islamiste. Entre instrumentalisations, raccourcis faciles et postures moralisatrices, le dialogue semble impossible. Pourtant, au-delà des clivages partisans, c’est bien l’unité nationale qui est en jeu face à la menace qui pèse sur nos valeurs républicaines. Un sursaut collectif est plus que jamais nécessaire.