Alors que la Corée du Nord s’est de plus en plus isolée ces dernières années, multipliant les essais d’armements interdits et se rapprochant de la Russie et de la Chine, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a lancé un appel au dialogue. Dans une interview publiée lundi par le journal russe Izvestia, il a exprimé son souhait de reprendre contact avec Pyongyang pour veiller à la sécurité de ses installations nucléaires.
Un besoin urgent de coopération selon l’AIEA
« Je pense que nous avons besoin de reprendre la coopération avec la RPDC », a déclaré Rafael Grossi, en employant le sigle officiel de la Corée du Nord (République populaire et démocratique de Corée). Les experts de l’AIEA, qui se rendaient régulièrement dans le pays depuis 1992, avaient été expulsés en avril 2009, lorsque la Corée du Nord s’était retirée des négociations internationales sur son programme nucléaire avant de réaliser son deuxième essai atomique.
Pour le patron de l’AIEA, même si l’histoire ne peut être réécrite, il espère pouvoir renouer les liens, notamment dans le domaine de la sécurité nucléaire. Il souligne l’ampleur du programme nord-coréen qui comprend « la production de combustible, le traitement de l’uranium, la régénération et les réacteurs nucléaires », sans parler des armes. Or toutes ces installations ne font l’objet d’aucune surveillance, une situation unique au monde.
Des inquiétudes sur le respect des normes de sécurité
« Personne – ni nous à l’AIEA, ni les pays voisins, y compris la Russie et la Chine – personne ne sait si les normes minimales de sécurité sont respectées », a alerté Rafael Grossi. Il promeut donc l’idée d’essayer de regarder l’avenir avec un regard neuf, sans oublier que le programme nucléaire nord-coréen va à l’encontre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, mais en prêtant attention à des questions pratiques importantes.
Tirer les leçons de l’échec des négociations passées
Rafael Grossi a aussi appelé à ne pas répéter, dans le dossier du nucléaire iranien, les mêmes erreurs qu’avec la Corée du Nord où « tous les efforts et les négociations depuis des décennies ont été vains ». Une mise en garde alors que les discussions pour sauver l’accord sur le programme nucléaire iranien sont dans l’impasse.
Nous ne devons pas répéter le scénario avec la RPDC, où tous les efforts et les négociations depuis des décennies ont été vains.
Rafael Grossi, directeur de l’AIEA
Le plaidoyer de Rafael Grossi intervient alors que la Corée du Nord vient de procéder à de nouveaux tirs de missiles balistiques en violation des résolutions onusiennes et que les tensions restent vives dans la péninsule coréenne. Mais pour le chef de l’AIEA, la sécurité des installations nucléaires doit rester une priorité, au-delà des considérations géopolitiques. Un enjeu crucial pour la communauté internationale.