Imaginez une association qui, sous couvert de prêches religieux, sème la division, prône la violence et cible des communautés entières avec des discours de haine. C’est l’histoire d’Israël United In Christ, une organisation dont l’antenne française, basée en Seine-Saint-Denis, vient d’être dissoute par décret le 17 avril 2025. Mais qu’a-t-elle fait pour en arriver là ? Pourquoi cette décision suscite-t-elle autant d’attention ? Plongeons dans les détails d’une affaire qui révèle des tensions profondes dans notre société.
Une Dissolution pour Protéger la Société
La dissolution d’une association n’est pas une décision prise à la légère. En France, elle intervient lorsque les agissements d’un groupe menacent l’ordre public ou les valeurs fondamentales de la République. Dans le cas d’Israël United In Christ, les autorités ont pointé du doigt une idéologie dangereuse, marquée par des discours extrémistes et des appels à la violence. Cette organisation, enregistrée à Stains depuis 2019, se présentait comme un mouvement religieux, mais ses actions ont rapidement attiré l’attention pour des raisons bien plus inquiétantes.
Les Accusations : Un Discours de Haine Multidimensionnel
Le décret de dissolution, publié au Journal officiel, dresse une liste accablante d’infractions. Discours haineux, appels à la violence et discriminations sont au cœur des reproches. Voici les principaux points soulevés :
- Antisémitisme : L’association relayait des théories selon lesquelles les populations noires seraient les « vrais Juifs », niant l’identité juive des autres communautés et propageant des idées antisémites.
- Homophobie : Les discours condamnaient explicitement l’homosexualité, qualifiée d’« abomination » et associée à des châtiments divins.
- Misogynie : Les femmes étaient reléguées à des rôles subalternes, leurs droits bafoués dans les prêches de l’organisation.
- Rejet des autres religions : Les fidèles d’autres cultes, notamment musulmans et chrétiens non affiliés, étaient dépeints comme des ennemis manipulés par le « Diable ».
- Appels à la violence : Des publications sur les réseaux sociaux glorifiaient la guerre, avec des références à un « Christ guerrier » venu « diviser » plutôt qu’unir.
Ces accusations ne sont pas anodines. Elles révèlent une idéologie qui, loin de prôner l’amour ou la spiritualité, alimente la division et la haine. Mais comment une telle organisation a-t-elle pu s’implanter en France ?
Une Idéologie Importée des États-Unis
Israël United In Christ n’est pas une création française. L’association est une antenne d’un mouvement américain qui revendique une lecture particulière des écritures bibliques. Selon ses membres, les populations noires, hispaniques et amérindiennes seraient les « véritables Israélites », tandis que les autres groupes ethniques ou religieux seraient des adversaires. Ce discours, qui peut sembler marginal, a trouvé un écho dans certaines communautés en France, notamment en Seine-Saint-Denis, où l’association s’est installée.
« Nos ennemis sont les Chinois, les Arabes et les Blancs qui ne sont pas des Israélites. »
Extrait d’un discours prononcé lors d’une cérémonie en 2022
Ces propos, tenus lors d’un événement à Argenteuil, illustrent l’hostilité ouverte de l’organisation envers d’autres communautés. Ils ne sont pas isolés. Des vidéos et publications sur les réseaux sociaux montrent des membres, souvent vêtus de tenues paramilitaires, se présentant comme des « soldats de Dieu » prêts à « faire la guerre » pour défendre leur cause.
Un Danger pour les Mineurs
Ce qui rend cette affaire particulièrement préoccupante, c’est l’implication de mineurs. L’association organisait des cours et des prêches publics, s’adressant directement à des jeunes, parfois très jeunes. Selon le décret, elle n’hésitait pas à promouvoir des châtiments corporels pour « éduquer » les enfants et les rendre réceptifs à son idéologie. Cette pratique, illégale en France, soulève des questions éthiques et juridiques graves.
Les mineurs, par leur manque de recul, sont particulièrement vulnérables à ce type de discours. En les exposant à des idées extrémistes, l’association risquait de semer des graines de division et de violence dans une génération future. C’est l’une des raisons pour lesquelles les autorités ont jugé urgent d’agir.
Des Pratiques Guerrières et Paramilitaires
Un autre aspect troublant de l’organisation est son imagerie guerrière. Les membres adoptaient des grades militaires, portaient des uniformes évoquant des tenues paramilitaires et utilisaient un vocabulaire belliqueux. Dans une vidéo de 2023, un prêcheur déclarait :
« Je veux marcher dans l’armée de Dieu. Si je dois mourir, autant mourir en servant le Seigneur. »
Membre influent de l’association, novembre 2023
Ces déclarations, associées à des appels à « se lever » contre les « ennemis », créaient un climat de tension. Sur les réseaux sociaux, l’association multipliait les références à la « guerre » et à un « Christ armé d’une épée ». Ce discours, loin d’être spirituel, semblait préparer ses membres à un conflit, réel ou symbolique.
Une Expansion Inquiétante
Avant sa dissolution, l’association était en pleine phase d’expansion. Elle cherchait à s’implanter dans d’autres régions de France et à recruter de nouveaux membres. Cette ambition, combinée à son discours radical, a alarmé les autorités. En Seine-Saint-Denis, où la population est diverse et les tensions sociales parfois vives, l’organisation a pu trouver un terreau fertile pour diffuser ses idées. Mais son projet d’essaimage à l’échelle nationale a finalement précipité sa chute.
Infraction | Exemple |
---|---|
Antisémitisme | Théorie des « vrais Juifs » excluant les autres communautés |
Homophobie | Condamnation de l’homosexualité comme « abomination » |
Appel à la violence | Publications glorifiant la « guerre » et un « Christ guerrier » |
Châtiments corporels | Promotion auprès des mineurs pour « éduquer » |
Pourquoi Cette Dissolution Est-elle Importante ?
La dissolution d’Israël United In Christ dépasse le cadre d’une simple mesure administrative. Elle envoie un message fort : la France ne tolère pas les discours qui divisent et incitent à la haine. Dans un contexte où les tensions communautaires sont déjà palpables, permettre à une telle organisation de prospérer aurait pu avoir des conséquences graves.
Voici pourquoi cette décision résonne :
- Protection des valeurs républicaines : La France repose sur des principes d’égalité et de fraternité, incompatibles avec les discours discriminatoires.
- Prévention de la violence : En stoppant une organisation prônant des idées guerrières, les autorités limitent les risques d’actes violents.
- Sauvegarde des jeunes : En ciblant les mineurs, l’association représentait une menace pour les générations futures.
Cette dissolution s’inscrit dans une lutte plus large contre les idéologies extrémistes, qu’elles soient religieuses, politiques ou culturelles. Elle rappelle que la liberté d’association, bien que fondamentale, n’est pas absolue lorsqu’elle sert à propager la haine.
Les Réactions et les Enjeux Sociétaux
La dissolution a suscité des réactions mitigées. Pour certains, elle est une victoire contre l’intolérance. Pour d’autres, elle soulève des questions sur la liberté d’expression et la manière dont les autorités définissent ce qui est « acceptable ». Dans un pays où la laïcité et la liberté religieuse sont des sujets sensibles, chaque décision de ce type est scrutée.
Ce cas met également en lumière des enjeux plus larges :
- La montée des discours extrémistes : Dans un monde connecté, les idéologies radicales voyagent vite, souvent amplifiées par les réseaux sociaux.
- Les tensions communautaires : En ciblant des groupes spécifiques, l’association exacerbait les fractures sociales.
- La vigilance nécessaire : Les autorités doivent rester attentives aux mouvements qui, sous des apparences religieuses, cachent des agendas destructeurs.
La Seine-Saint-Denis, où l’association était basée, est un département symbolique de la diversité française. Mais c’est aussi un territoire où les défis sociaux et économiques peuvent rendre certains publics vulnérables à des discours simplistes ou polarisants. La dissolution d’Israël United In Christ est une réponse à ces défis, mais elle ne résout pas tout.
Et Maintenant ?
La dissolution marque la fin d’une aventure pour Israël United In Christ en France, mais elle ne met pas fin aux débats qu’elle a suscités. Comment prévenir l’émergence de mouvements similaires ? Comment concilier liberté d’expression et lutte contre la haine ? Ces questions restent ouvertes.
Pour l’avenir, plusieurs pistes se dégagent :
- Éducation : Sensibiliser les jeunes aux dangers des discours extrémistes, notamment via l’école.
- Régulation des réseaux sociaux : Les plateformes doivent être plus réactives face aux contenus haineux.
- Dialogue intercommunautaire : Renforcer les initiatives qui favorisent la compréhension mutuelle entre les groupes.
En attendant, la dissolution de cette association rappelle une vérité essentielle : la haine, sous toutes ses formes, n’a pas sa place dans une société qui aspire à l’unité. Mais le chemin pour y parvenir est encore long.