En pleine campagne pour les élections législatives, Emmanuel Macron a décidé de relancer un sujet explosif : le découpage territorial de la France. Lors de sa conférence de presse du 12 juin, le président de la République s’est dit prêt à revenir sur la réforme des grandes régions présentée il y a 10 ans par François Hollande. Il a aussi évoqué la possibilité de supprimer un échelon territorial pour « ramener plus de simplicité et de liberté sur les territoires ».
Un débat sensible ravivé à l’approche des législatives
Ces annonces surprises interviennent à un moment charnière, alors que les élections législatives des 30 juin et 7 juillet s’annoncent particulièrement incertaines pour la majorité présidentielle. En remettant sur la table la question du millefeuille territorial, Emmanuel Macron cherche sans doute à occuper le terrain et à se démarquer de ses adversaires.
Mais il prend aussi le risque de rouvrir une boîte de Pandore. La réforme des régions, qui avait divisé la classe politique en 2014, reste un sujet hautement sensible. Beaucoup d’élus locaux restent très attachés à leur territoire et craignent un éloignement des centres de décision.
Des pistes encore floues
Pour l’heure, les pistes évoquées par le président restent assez vagues. S’agit-il de redécouper complètement la carte des régions ? De fusionner certains départements ? Ou de transférer davantage de compétences aux intercommunalités ? Rien n’est encore tranché.
On est dans l’improvisation la plus totale. Le président lance des idées en l’air sans avoir de vision claire ni de concertation préalable.
Un élu local
Emmanuel Macron assure vouloir engager un grand débat sur ces questions après les législatives. Mais beaucoup doutent de sa capacité à mener de front ce chantier et les autres réformes annoncées, sur les retraites ou l’éducation.
Une simplification nécessaire mais complexe
La volonté de simplifier le millefeuille administratif français n’est pas nouvelle. Tous les présidents ou presque s’y sont essayés, avec un succès très relatif. Car rogner dans l’enchevêtrement des collectivités locales s’avère un exercice périlleux, qui bute souvent sur des résistances politiques et des particularismes locaux.
- Les précédentes tentatives de réforme territoriale ont souvent accouché d’un compromis bancal
- La suppression d’un échelon soulève de nombreuses questions pratiques et juridiques
- Difficile d’engager sereinement un tel débat en pleine crise politique et sociale
Emmanuel Macron parviendra-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? Rien n’est moins sûr. La tâche s’annonce ardue et semée d’embûches. À vouloir jouer les apprentis sorciers, le président risque surtout de compliquer un peu plus la donne à l’approche d’échéances électorales cruciales.