Quel avenir pour le Nouveau Front Populaire ? Tout juste adoubée vendredi, l’alliance des principales forces de gauche affronte déjà ses premiers grands défis. Fin de l’état de grâce pour cette union fragile, secouée par une série d’événements en cascade ce week-end. La candidature surprise de François Hollande sonne comme le début des grandes manœuvres.
Des débuts chaotiques pour le Nouveau Front Populaire
Alors que les encres de l’accord fondateur avaient à peine séché, un premier coup de tonnerre a ébranlé le Nouveau Front Populaire. Vendredi soir, La France Insoumise publiait la liste de ses candidats investis aux législatives, réservant quelques surprises de taille. Si le sulfureux Adrien Quatennens, récemment condamné, se voyait bien reconduit, plusieurs figures historiques de LFI étaient quant à elles écartées, suscitant leur ire.
Cette fronde interne n’aura pas tardé à s’exprimer publiquement. Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danièle Simonnet… Tous ont fait part de leur amertume d’être ainsi mis sur la touche par la direction de LFI. Un début de contestation qui vient déjà perturber l’image d’unité que tentait de projeter cette gauche nouvelle formule.
François Hollande rebat les cartes
Autre pavé dans la mare : l’annonce par François Hollande de sa candidature dans son fief historique de Corrèze. L’ancien président socialiste entend ainsi défendre un projet “social-démocrate” qu’il juge “incompatible” avec la ligne politique du Nouveau Front Populaire. Un désaveu cinglant pour la NUPES, qui se voit disputer l’espace de la gauche modérée.
Il y a aujourd’hui une gauche de gouvernement qui refuse de s’allier à un mouvement aventuriste.
François Hollande, sur France Info
Cette candidature hors des clous du Nouveau Front Populaire pourrait entraîner d’autres figures socialistes dans son sillage. De quoi compliquer la donne pour une coalition qui entendait justement partir unie pour maximiser ses chances. Un nouveau front s’ouvre ainsi à gauche, avec une bataille en perspective pour l’hégémonie.
Quelle cohésion pour le Nouveau Front Populaire ?
Ces remous interrogent sur la solidité du Nouveau Front Populaire. Au-delà des divergences programmatiques, c’est bien la question de la cohésion qui se pose pour cette alliance hétéroclite. Entre une aile gauche radicale et des partenaires plus modérés, l’équilibre s’annonce périlleux.
Jean-Luc Mélenchon, chef de file contesté, parviendra-t-il à tenir ses troupes ? Rien n’est moins sûr face aux crispations déjà palpables. D’autant que la pression va s’accentuer à l’approche des législatives, avec des investitures qui ne feront pas que des heureux. Un véritable test de solidité attend donc ce Nouveau Front Populaire.
Quel espace politique pour la NUPES ?
Derrière ces défis internes, c’est la question même de l’espace politique de cette union de la gauche qui se pose. Entre une ligne radicale portée par LFI et la tentation d’ouverture incarnée par EELV et le PS, le point d’équilibre semble difficile à trouver. Sans parler de la menace dans son propre camp d’une gauche plus modérée.
Le Nouveau Front Populaire va donc devoir clarifier son positionnement pour espérer s’imposer durablement dans le paysage. Un défi de taille pour une gauche en pleine recomposition, qui cherche encore sa voie entre radicalité et responsabilité. Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour la viabilité de ce projet.
Le piège de la marginalisation
Car au-delà des législatives, c’est bien la question de l’avenir à moyen terme de la NUPES qui est posée. En s’arc-boutant sur une ligne trop clivante, elle prend le risque de se couper d’une partie de son électorat potentiel. Et de se voir ainsi marginalisée dans un paysage dominé par le duel entre la majorité présidentielle et le RN.
Un écueil dont les stratèges de la gauche ont bien conscience. D’où les tentatives de dédiabolisation et d’adoucissement du discours portées par certains cadres. Mais la voie est étroite entre revendication d’une identité forte et volonté de parler à une majorité de Français. Un grand écart périlleux.
L’union à l’épreuve du temps
Plus fondamentalement, les épreuves actuelles interrogent sur la pérennité de l’alliance au-delà de l’échéance électorale. Car si la perspective des législatives a agi comme un puissant ciment, qu’en sera-t-il une fois passée la séquence du scrutin ? Les divergences pourraient alors resurgir.
D’autant que LFI ne cache pas son ambition hégémonique à gauche. De quoi nourrir les craintes de partenaires déjà échaudés par un rapport de force déséquilibré. Autant de défis à relever donc pour que le Nouveau Front Populaire ne se résume pas à une alliance de circonstances. L’avenir nous dira si l’union sacrée peut survivre à l’épreuve du temps.
