C’est un duel électoral qui s’annonce explosif dans le Nord. Amy Bah, militante du collectif féministe Noustoutes, vient de déclarer sa candidature dans la 1ère circonscription, face au député sortant LFI Adrien Quatennens. Un affrontement hautement symbolique, quelques mois seulement après la condamnation de ce dernier pour violences conjugales. Et la candidate, qui se revendique des valeurs du “front populaire”, peut compter sur un soutien de poids : celui de Martine Aubry, la maire de Lille.
Amy Bah, une candidature féministe face au “talon d’Achille de la gauche”
En se présentant, Amy Bah veut porter haut et fort la voix des femmes victimes de violences. Adrien Quatennens, malgré sa condamnation, a été réinvesti par son parti la France Insoumise, une décision qui passe mal auprès de nombreux militants et électeurs de gauche. Pour la candidate Noustoutes, il incarne le “talon d’Achille” d’une gauche qui se veut progressiste mais peine à être exemplaire sur les questions de sexisme et de violences faites aux femmes.
On ne peut pas prétendre défendre l’égalité et la justice sociale tout en fermant les yeux sur les violences conjugales, surtout quand elles concernent un élu.
– Amy Bah, candidate Noustoutes
Le soutien remarqué de Martine Aubry
La maire de Lille Martine Aubry n’a pas tardé à apporter son “plein soutien” à la candidature d’Amy Bah, saluant une femme “de la société civile, féministe, sociale, écologiste et anti-raciste”. Un engagement qui pourrait peser dans une circonscription traditionnellement ancrée à gauche, où les idées de progrès et de justice ont toujours fait écho.
Ce soutien met aussi en lumière les divergences au sein de la gauche sur l’affaire Quatennens. Si Jean-Luc Mélenchon et LFI ont choisi de réinvestir leur député, d’autres figures comme Martine Aubry marquent clairement leur désapprobation. Une fracture qui pourrait coûter cher, électoralement, à la NUPES.
Un contexte politique national tendu pour LFI
Au-delà de l’affaire Quatennens, LFI traverse une passe difficile à l’approche de ces législatives partielles. Le parti a écarté plusieurs de ses députés frondeurs comme Raquel Garrido ou Alexis Corbière, suscitant l’incompréhension et la colère de nombreux militants. Jean-Luc Mélenchon est critiqué pour sa gestion jugée autoritaire et ses prises de position clivantes, notamment sur la guerre en Ukraine.
Face à ces tensions, la candidature d’Amy Bah apparaît comme un défi supplémentaire pour la France Insoumise. Adrien Quatennens va devoir mener campagne avec le boulet de sa condamnation, face à une adversaire déterminée à incarner le renouveau féministe et citoyen. Un duel qui sera scruté bien au-delà des frontières du Nord.
Des législatives partielles sous haute tension
Si la date du scrutin n’est pas encore fixée, une chose est sûre : cette élection s’annonce explosive, cristallisant des enjeux qui dépassent largement le cadre de la 1ère circonscription du Nord. Pour LFI et la NUPES, c’est un test grandeur nature après des mois de turbulences. Pour le féminisme, c’est l’occasion de montrer que la tolérance zéro envers les violences sexistes et sexuelles s’applique à tous, y compris aux élus.
Amy Bah compte bien transformer l’essai et créer la surprise. Avec le soutien de la frange féministe de la gauche mais aussi d’électeurs lassés des affaires et du manque d’exemplarité, elle espère l’emporter et envoyer un message fort. Face à elle, Adrien Quatennens joue gros. Une défaite signerait sans doute la fin de sa carrière politique. Mais s’il l’emporte malgré la polémique, ce sera un camouflet pour celles et ceux qui réclament son éviction.
Quel que soit le résultat final, cette élection promet d’être un moment clé de la séquence politique, un révélateur des lignes de fracture qui parcourent la gauche sur les questions de féminisme et de violence. Un scrutin local aux allures de règlement de comptes national, dont l’issue est plus qu’incertaine. Le Nord retient son souffle, la France aussi.