C’est un véritable séisme qui secoue la France Insoumise à l’approche des élections législatives de 2024. Le parti a en effet décidé d’écarter plusieurs de ses députés sortants jugés trop frondeurs, tout en choisissant d’investir un élu pourtant condamné pour violences conjugales. Une décision qui passe mal en interne et qui interroge sur la ligne politique et éthique de LFI.
Un grand ménage de printemps qui fait grincer des dents
Quelques heures seulement après la présentation du programme du “Nouveau Front populaire”, issu de l’accord électoral entre LFI, le PS, EELV et le PCF, la direction de la France Insoumise a annoncé la liste de ses candidats investis pour les législatives. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les choix opérés ont de quoi surprendre.
Trois députés sortants emblématiques ont ainsi appris leur éviction : Raquel Garrido, Alexis Corbière et Danièle Simonnet. Une mise à l’écart que les intéressés n’ont pas manqué de dénoncer publiquement.
Raquel Garrido ironise sur un “crime de lèse-Mélenchon”
Pour la députée de Seine-Saint-Denis Raquel Garrido, cette décision s’apparente à une sanction pour avoir osé s’opposer à la ligne dictée par Jean-Luc Mélenchon. “On me fait payer un crime de lèse-Mélenchon“, a-t-elle ainsi ironisé sur Twitter.
Alexis Corbière dénonce une “honte” et un “règlement de comptes”
Son compagnon et collègue à l’Assemblée Alexis Corbière a lui parlé d’une “honte” et attribué cette mise à l’écart à une volonté de Jean-Luc Mélenchon de “régler ses comptes” avec ceux qui ont pu le contredire par le passé.
Danièle Simonnet crie à “la purge”
Quant à Danièle Simonnet, députée de Paris, elle a carrément dénoncé “une purge” au sein de LFI, estimant que la direction cherchait à faire taire toute voix dissonante.
François Ruffin apporte son soutien aux députés écartés
Face à ces protestations, une autre figure des Insoumis, le député de la Somme François Ruffin, a tenu à apporter publiquement son soutien à ses collègues évincés. Dans un tweet cinglant adressé à la direction de LFI, il s’est indigné :
Vous préférez un homme qui frappe sa femme, auteur de violences conjugales, à des camarades qui ont l’impudence d’avoir un désaccord avec le grand chef. Notre démocratie mérite mieux que vous.
– François Ruffin, député LFI de la Somme
Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, investi malgré la polémique
Car l’autre décision qui suscite l’incompréhension et la colère, c’est l’investiture accordée à Adrien Quatennens. Le député du Nord, condamné en décembre dernier à 4 mois de prison avec sursis pour violences sur son épouse, a en effet été officiellement validé comme candidat LFI pour les prochaines législatives.
Un choix difficilement compréhensible pour un parti qui se revendique du combat féministe et de la lutte contre les violences faites aux femmes. D’autant qu’en parallèle, LFI écarte des députés au seul motif qu’ils ont pu émettre des désaccords politiques avec la ligne officielle.
Cette gestion pour le moins paradoxale des investitures soulève de nombreuses questions sur la cohérence et l’éthique du mouvement. Entre frondeurs sanctionnés et auteur de violences adoubé, le “Nouveau Front populaire” semble pour le moins mal parti pour incarner le rassemblement et le renouveau politique.
À un an des élections législatives, La France Insoumise donne plutôt l’image d’un parti traversé par les règlements de comptes et prêt à passer l’éponge sur les violences conjugales en son sein pour peu qu’on se montre fidèle au “grand chef”. De quoi écorner sérieusement la stature d’opposant crédible que revendique Jean-Luc Mélenchon.