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Sportifs et politique : quel engagement pour les législatives ?

Faut-il que nos champions prennent position publiquement contre l'extrême droite pour les législatives ? La question fait débat alors que certains leur reprochent un devoir d'exemplarité quand d'autres défendent une stricte neutralité politique. Décryptage d'un sujet clivant.

À l’approche des élections législatives françaises, un débat émerge sur la place publique : nos sportifs de haut niveau, et notamment les joueurs de l’équipe de France de football, doivent-ils prendre position ouvertement contre le Rassemblement National ? Cette question divise profondément l’opinion, entre ceux qui estiment que leur statut leur confère un devoir d’exemplarité citoyenne, et ceux qui défendent une stricte neutralité politique des athlètes. Plongée au cœur d’une controverse qui interroge le rôle et les responsabilités de nos champions dans l’espace public.

Le sport, vecteur d’engagement politique ?

Depuis plusieurs décennies, le sport est régulièrement le théâtre de prises de position politiques fortes de la part d’athlètes iconiques. Des poings levés de Tommie Smith et John Carlos aux JO de Mexico en 1968 pour protester contre les discriminations raciales, au genou à terre de Colin Kaepernick en 2016 dénonçant les violences policières, l’histoire regorge d’exemples de sportifs utilisant leur notoriété pour faire passer des messages. En France, certains appellent aujourd’hui les Bleus à se positionner clairement contre l’extrême droite, au nom de valeurs universelles qu’ils sont censés incarner.

Mbappé, Benzema, Kanté… Quand on porte le maillot de l’équipe de France, on représente le pays tout entier. On se doit d’être des modèles, sur et en dehors des terrains. S’engager contre le RN, c’est défendre nos couleurs et ce qu’elles symbolisent.

Extrait d’une tribune publiée dans Le Monde

Pour les partisans d’une prise de parole politique des sportifs, il en va de leur responsabilité sociale. Idoles des jeunes, suivis par des millions de fans, ils auraient un rôle à jouer pour mobiliser contre les idées extrémistes. Mais tous ne partagent pas cette vision.

Préserver la neutralité à tout prix ?

En face, beaucoup s’opposent farouchement à toute forme d’engagement partisan de la part des athlètes. Leur argument principal : le sport doit rester un sanctuaire à l’abri des clivages politiques. Un joueur n’aurait ainsi pas à afficher ses convictions personnelles.

  • Le sport doit rassembler les Français, pas les diviser.
  • La mission des sportifs est de performer, pas de faire de la politique.
  • On ne peut pas exiger d’eux qu’ils s’engagent sur des sujets qui les dépassent.

Dans ce camp, on met aussi en avant le respect de la liberté d’expression des joueurs. S’ils souhaitent s’impliquer dans le débat public à titre individuel, libre à eux de le faire. Mais ils ne sauraient parler au nom d’une équipe ou d’un sport tout entier.

Sortir du silence, un impératif moral ?

Pourtant, à l’heure où le RN atteint des niveaux inédits dans les sondages, certains estiment que le silence n’est plus une option pour nos champions. Au-delà des clivages partisans, s’élever contre l’extrémisme relèverait d’un impératif citoyen.

Des sportifs comme Lilian Thuram ou Tony Parker n’hésitent plus à prendre la parole sur des enjeux de société. Il est temps que la nouvelle génération prenne le relais. Se taire face à la menace de l’extrême droite, c’est en être complice.

Un representant associatif

Poids des mots, choc des photos… L’impact d’une déclaration de Mbappé appelant à faire barrage au RN serait assurément considérable auprès de la jeunesse. Même symbolique, un tel geste pourrait contribuer à endiguer la banalisation des idées populistes.

Un dilemme cornélien pour les athlètes

Pris en étau entre des injonctions contradictoires, nos sportifs se retrouvent face à un véritable cas de conscience. S’engager au risque de s’aliéner une partie du public et de sortir de leur rôle ? Ou rester en retrait quitte à décevoir ceux qui attendent d’eux un sursaut républicain ? Le dilemme est d’autant plus délicat que la parole des athlètes n’a jamais eu autant d’écho à l’ère des réseaux sociaux.

Ce débat soulève des questions passionnantes sur la place des sportifs dans notre société. Mais n’oublions pas qu’avant d’être des icônes ou des modèles, ce sont des citoyens comme les autres. On ne peut pas décemment leur faire porter une responsabilité politique qui incombe d’abord au personnel politique.

Analyse d’un sociologue du sport

Quoi qu’il en soit, une certitude demeure : nos champions n’échapperont pas à la question de leur positionnement face à la montée des populismes. Qu’ils choisissent la voie de l’engagement ou celle de la réserve, leur attitude sera scrutée et commentée. Preuve que loin d’être anecdotique, ce débat est révélateur des attentes immenses que nous plaçons en eux, bien au-delà de leurs seules prouesses sportives.

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