1877. La France est en ébullition. Le pays sort à peine de la défaite contre la Prusse et panse encore ses plaies. La IIIe République balbutie ses premiers pas, tiraillée entre monarchistes et républicains. C’est dans ce contexte tendu que va se jouer un bras de fer mémorable entre le président Mac-Mahon et le chef des républicains, Gambetta. Un défi lancé, une réplique cinglante entrée dans la légende. Revivons ensemble cet épisode tumultueux de notre histoire.
Mac-Mahon dissout la Chambre des députés
Le 16 mai 1877, le maréchal de Mac-Mahon, président de la République, prend une décision lourde de conséquences. Monarchiste convaincu, il ne supporte plus la majorité républicaine à la Chambre des députés. D’un trait de plume, il dissout l’assemblée et provoque de nouvelles élections. Le pays retient son souffle.
Gambetta relève le défi
Léon Gambetta, figure de proue des républicains, n’entend pas se laisser faire. Le 15 août, lors d’un discours à Lille, il défie ouvertement le président :
Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien, Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre.
– Léon Gambetta
En quelques mots, Gambetta vient de résumer l’enjeu de l’élection. Si les républicains l’emportent, Mac-Mahon devra s’incliner ou quitter l’Élysée. Le peuple aura tranché. La campagne électorale s’annonce épique.
Les républicains triomphent dans les urnes
Octobre 1877. Les résultats tombent. Les républicains obtiennent une nette majorité. Gambetta avait vu juste. Mac-Mahon est dos au mur. Après avoir tenté de résister, il finira par démissionner en janvier 1879. La République sort renforcée de cette crise.
Un moment fondateur pour la culture républicaine
Au-delà de l’anecdote, cet épisode crucial a forgé des principes républicains essentiels :
- Le respect de la souveraineté populaire
- La prééminence du Parlement sur l’exécutif
- Le refus de la monarchie
Autant de piliers qui résonnent encore aujourd’hui dans nos institutions et notre vie démocratique.
La leçon de Gambetta, toujours d’actualité
En 2023, alors que notre pays traverse des zones de turbulences, le défi lancé par Gambetta garde toute sa force et son acuité. Les crises politiques mettent toujours à l’épreuve la solidité de nos institutions. Mais une boussole demeure : la voix des citoyens doit primer. Un président ne peut gouverner contre son peuple. C’est le sens profond du « se soumettre ou se démettre ».
Cet épisode fondateur nous rappelle que la République n’est jamais un long fleuve tranquille. Elle se construit dans la confrontation, le débat, parfois le chaos. Mais toujours, in fine, dans le respect de la démocratie. Puissions-nous ne jamais l’oublier.