Dans les rues pavées du centre-ville de Nantes, l’inquiétude grandit parmi les commerçants à l’approche d’une nouvelle manifestation nationale contre l’extrême-droite. Encore marqués par les incidents survenus lors des précédents rassemblements, ils redoutent de nouveaux débordements malgré leur neutralité politique affichée.
Des commerces pris pour cible
Ces dernières semaines, plusieurs enseignes ont été victimes d’attaques ciblées de la part de casseurs issus des cortèges anti-RN. Le 1er juin, des individus s’en sont violemment pris au Starbucks, brisant deux vitrines et importunant les clients en terrasse. Rebelote le 10 juin, où la porte d’entrée a été presque entièrement fracturée, semant la peur parmi les employés.
On a eu très peur.
– Mélanie, responsable d’équipe chez Starbucks
Des mesures de protection insuffisantes ?
Face à ces menaces, les commerçants tentent de se prémunir comme ils peuvent. Panneaux en bois sur les devantures, fermetures provisoires, abaissement des rideaux au dernier moment… Mais ces solutions de fortune ne suffisent pas toujours à décourager les assaillants. Et pendant ce temps, l’activité tourne au ralenti, aggravant encore leur préjudice.
À chaque manif, on est encerclé par cette ultragauche, totalement dominante, qui nous prend en otage, nous commerçants. C’est toujours la même chose, l’état ne fait rien.
– Un marchand du centre-ville
L’incompréhension des commerçants
Victimes collatérales de ce climat de tension, les professionnels peinent à comprendre pourquoi ils sont pris pour cible. Eux qui se veulent apolitiques et neutres dans ce genre de contexte, souffrent de se retrouver malgré eux au cœur de la contestation.
Aujourd’hui on ne comprendrait pas qu’ils s’en prennent à nos vitrines alors que nos commerçants sont toujours restés apolitiques et neutres.
– Teddy Robert, président de Plein Centre, l’association des commerçants nantais
Un sentiment d’impuissance
Malgré l’ampleur des dégâts et du préjudice commercial, les commerçants se sentent bien souvent livrés à eux-mêmes face à ces vagues de violence. Démunis, ils en appellent aux autorités pour garantir leur sécurité et celle de leur outil de travail.
Cette situation intenable fragilise un peu plus un tissu commercial local déjà malmené par la crise. Pris en étau entre contestation politique et impératifs économiques, les commerçants nantais naviguent à vue, dans l’espoir d’un retour rapide à des manifestations apaisées. Une chose est sûre, leur exaspération face à ces débordements à répétition ne cesse de grandir et beaucoup se demandent combien de temps encore ils pourront tenir dans ces conditions.