Et si l’avenir de la finance se jouait dès maintenant, sous nos yeux, dans un univers numérique où les règles traditionnelles s’effacent ? En ce premier trimestre 2025, le monde des prêts DeFi (finance décentralisée) traverse une période fascinante : les rendements s’effritent, mais l’innovation, elle, explose. Entre compression des profits et croissance inattendue, plongeons dans un marché qui ne cesse de se réinventer.
Une révolution silencieuse dans les prêts DeFi
Le paysage des prêts DeFi en 2025 est un paradoxe captivant. D’un côté, les rendements autrefois mirobolants des grandes plateformes s’érodent ; de l’autre, le secteur attire toujours plus de capitaux. Comment expliquer cette dynamique ? La réponse réside dans une maturation accélérée du marché et une créativité débordante aux marges de cet écosystème.
La grande compression des rendements
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les rendements des principales plateformes de prêt ont chuté de manière spectaculaire. Un indice de référence clé, mesurant les performances moyennes des leaders du marché, est passé sous la barre des 3,1 % en mars 2025, contre près de 14 % fin 2024. Pour la première fois depuis fin 2023, il se retrouve même en deçà des Treasury Bills américains à un mois, qui offrent environ 4,3 %.
Cette baisse n’est pas isolée. Certaines plateformes emblématiques ont réduit leurs taux à plusieurs reprises. Par exemple, une structure bien connue a vu ses taux passer de 12,5 % en début d’année à seulement 4,5 % aujourd’hui, après quatre ajustements consécutifs. Les monnaies stables, comme l’USDC ou l’USDT, affichent des rendements autour de 3 %, un niveau qui aurait semblé dérisoire il y a encore quelques mois.
Le marché s’est refroidi, mais cela reflète une normalisation, pas un déclin.
– D’après une source proche du secteur
Cette compression traduit une demande plus modérée des emprunteurs sur les plateformes principales. Mais loin de signaler une crise, elle révèle un marché qui gagne en maturité, s’éloignant de l’exubérance spéculative pour s’ancrer dans une réalité plus stable.
Un boom paradoxal : la croissance malgré tout
Contre toute attente, la chute des rendements n’a pas freiné l’afflux de capitaux. Les grandes bôvedas (vaults) de monnaies stables ont vu leur taille exploser, passant d’environ 4 milliards de dollars à près de 15 milliards en seulement un an. Une plateforme notable a même triplé son volume total verrouillé (TVL) depuis janvier, malgré des rendements tombant sous les 5 %.
- Les dépôts sur les plateformes leaders ont quadruplé en 12 mois.
- La confiance institutionnelle s’installe, privilégiant la sécurité à la spéculation.
- Le capital reste stable, même avec des taux en baisse.
Ce phénomène illustre un changement de perception : les protocoles DeFi ne sont plus vus comme des machines à rendements spéculatifs, mais comme une infrastructure financière crédible. Les institutions, en particulier, semblent miser sur leur pérennité, injectant des fonds massifs malgré des profits plus modestes.
Les curateurs : les nouveaux maestros de DeFi
Une des évolutions les plus marquantes de ce trimestre est l’émergence des curateurs. Ces acteurs, opérant sur des plateformes comme Morpho ou Euler, redéfinissent la gestion d’actifs dans l’univers DeFi. Leur rôle ? Construire et optimiser des stratégies de prêt pour maximiser les rendements dans un marché comprimé.
Contrairement aux conseillers traditionnels, les curateurs gèrent activement le capital. Ils choisissent les garanties acceptables, fixent des ratios prêt-valeur, sélectionnent des sources de prix fiables et ajustent les limites d’offre. En somme, ils jouent les chefs d’orchestre, harmonisant risque et récompense pour les investisseurs.
Plateforme | Rendements de base | Rendements avec bonus |
Morpho | 5 % – 8 % | 6 % – 12 % |
Euler | 5 % – 7 % | 7 % – 11 % |
Ces stratégies payent : certaines bôvedas surpassent les indices de référence, offrant entre 6 % et 12 % grâce à des approches audacieuses, comme l’utilisation de tokens LP à haut rendement. Une firme spécialisée gère déjà près de 750 millions de dollars, générant des revenus annuels potentiels de plusieurs millions via des frais de performance.
Un marché à deux vitesses
Le marché DeFi s’organise désormais en deux strates distinctes, chacune répondant à des besoins spécifiques :
1. Les géants de l’infrastructure
Des plateformes comme Aave ou Compound jouent un rôle comparable aux fonds monétaires classiques, offrant des rendements modestes (2,4 % à 6,5 %) mais une sécurité et une liquidité maximales. Ce sont elles qui captent la majorité de la croissance du TVL.
2. Les optimisateurs et stratèges
Des protocoles comme Morpho servent de base modulaire, tandis que des équipes spécialisées déploient des stratégies poussées, atteignant parfois plus de 12 % sur des actifs comme l’USDC. Une combinaison gagnante pour les plus audacieux.
Cette dualité crée un écosystème dynamique où simplicité et sophistication cohabitent. Les utilisateurs doivent désormais naviguer entre stabilité et opportunités, un défi qui reflète la complexité croissante de DeFi.
Où trouver les rendements en 2025 ?
Malgré l’essor des Layer 2 et des blockchains alternatives, Ethereum reste le roi des rendements en 2025. Les grandes opportunités, avec ou sans incitations, se concentrent encore sur son réseau principal. Ailleurs, des chaînes comme Base émergent comme des hubs secondaires, tandis que les nouveaux venus, dopés par des programmes d’incitatifs, affichent des taux alléchants mais incertains à long terme.
- Ethereum : Leader incontesté, avec des rendements stables.
- Base : Une étoile montante pour les opportunistes.
- Nouvelles chaînes : Risquées, mais prometteuses… pour combien de temps ?
Cette répartition souligne une vérité : la maturité d’une blockchain influe autant sur ses rendements que les incitations temporaires. Les investisseurs avisés scrutent désormais la durabilité autant que les promesses.
Le « Mullet DeFi » : FinTech devant, DeFi derrière
Un tournant majeur de ce trimestre vient d’une grande plateforme d’échange, qui a lancé des prêts garantis par Bitcoin via une intégration avec Morpho sur sa propre Layer 2. Ce modèle, surnommé le « Mullet DeFi », associe une interface utilisateur soignée à une infrastructure décentralisée en arrière-plan.
C’est le moment où des millions d’utilisateurs et leurs milliards de dollars rejoignent la blockchain.
– D’après un responsable produit
Cette approche permet aux utilisateurs d’emprunter jusqu’à 100 000 $ en USDC en utilisant leurs bitcoins comme garantie, le tout sans quitter une interface familière. Une révolution discrète qui pourrait démocratiser l’accès à DeFi sans que le grand public ne s’en rende compte.
L’avenir des prêts DeFi : vers une nouvelle ère ?
Plusieurs catalyseurs pourraient redessiner le paysage d’ici la fin 2025. Parmi eux, la démocratisation de la curation grâce à l’intelligence artificielle, qui pourrait permettre à chacun d’optimiser ses propres stratégies. L’intégration croissante des Real World Assets (actifs réels) promet aussi de diversifier les sources de rendement.
Enfin, l’adoption institutionnelle et l’émergence de niches spécialisées pourraient amplifier la dynamique. Les protocoles qui sauront jongler entre sécurité et audace, tout en affinant leurs outils de gestion des risques, domineront cet univers en pleine mutation.
Un marché en transformation, où l’innovation défie les chiffres. Jusqu’où ira DeFi ?