Le monde du cinéma français est secoué par un scandale d’ampleur. Dominique Boutonnat, le très influent président du Centre National du Cinéma (CNC), comparaissait ce vendredi 14 juin devant le tribunal de Nanterre pour répondre d’accusations d’agression sexuelle. Au terme de l’audience, le parquet a requis à son encontre une peine de trois ans de prison avec sursis. Une affaire qui soulève de nombreuses questions sur l’impunité qui règnerait dans l’industrie du 7e art.
Un puissant dirigeant face à la justice
Dominique Boutonnat, 54 ans, est une figure incontournable du cinéma français. Producteur reconnu, il préside depuis 2019 le CNC, organisme public chargé de soutenir et réguler l’industrie cinématographique et audiovisuelle. Une position de pouvoir qui rend les accusations portées contre lui d’autant plus choquantes.
C’est son filleul, âgé de 19 ans au moment des faits, qui a porté plainte. Il accuse Dominique Boutonnat de l’avoir embrassé de force et agressé sexuellement lors d’un séjour en Grèce en août 2020. Devant le tribunal, le jeune homme a livré un témoignage glaçant :
Je le regarde pour retrouver un peu mon parrain et c’est là que je vois quelqu’un de tout à fait différent dans ses yeux, (…) c’est quelqu’un en train de m’utiliser pour se masturber.
– Le filleul de Dominique Boutonnat
Une défense bancale
Face à ces accusations, Dominique Boutonnat a nié toute agression sexuelle. Il reconnaît certains gestes déplacés, comme avoir embrassé brièvement son filleul sur la bouche, mais assure que cela n’avait rien de sexuel. Une ligne de défense qui semble avoir du mal à convaincre, au vu des réquisitions sévères du parquet.
L’omerta du milieu du cinéma en question
Au-delà du cas individuel, cette affaire jette une lumière crue sur la question des violences sexuelles dans l’industrie du cinéma. Malgré sa mise en examen en février 2021, Dominique Boutonnat a été reconduit à son poste par le gouvernement quelques mois plus tard. Un signal inquiétant pour de nombreuses organisations comme la CGT-Spectacle ou le collectif 50/50, qui dénoncent une forme d’impunité des dirigeants.
Comment lutter efficacement contre les agressions et le harcèlement quand un mis en examen pour de tels faits reste à la tête de l’institution censée mener ce combat ? C’est toute la culture du silence qui gangrène le milieu qui est pointée du doigt à travers ce procès retentissant.
Quel avenir pour Dominique Boutonnat ?
Si les réquisitions du parquet étaient suivies, Dominique Boutonnat serait condamné à une peine de 3 ans de prison avec sursis. Une condamnation qui rendrait sa position à la tête du CNC plus que jamais intenable. Le tribunal rendra sa décision le 28 juin prochain. D’ici là, la pression ne devrait pas retomber sur cet influent dirigeant qui concentre toutes les critiques.
Une chose est sûre : quelle que soit l’issue judiciaire, cette affaire laissera des traces. Elle aura permis de libérer la parole sur un sujet trop longtemps resté tabou. Et rappelle l’urgente nécessité pour l’industrie du cinéma de faire son introspection et d’agir concrètement contre les violences sexistes et sexuelles qui la minent.