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Gérard Depardieu Jugé : 18 Mois de Sursis Requis

18 mois de sursis requis contre Gérard Depardieu pour agressions sexuelles. Des témoignages accablants secouent le cinéma français. Que va décider la justice ?

Et si une icône du cinéma, adulée par des générations, se retrouvait soudain sous les feux d’une tout autre lumière ? En ce jeudi mémorable à Paris, un procureur a requis 18 mois de prison avec sursis contre une légende du grand écran, accusée d’agressions sexuelles sur deux femmes lors d’un tournage en 2021. L’affaire, aussi médiatisée que troublante, soulève des questions brûlantes sur le pouvoir, la célébrité et la parole des victimes dans un milieu où le silence a trop longtemps régné.

Un Procès qui Ébranle le Cinéma Français

Le tribunal parisien a été le théâtre d’un réquisitoire sans concessions. Le magistrat, dans une plaidoirie cinglante, a qualifié les faits d’agressions sexuelles intentionnelles, soulignant le déséquilibre entre la notoriété écrasante de l’accusé et la vulnérabilité des plaignantes. Une peine de sursis assortie de trois ans de probation a été demandée, accompagnée d’obligations lourdes : suivi psychologique, inéligibilité temporaire et inscription au fichier des délinquants sexuels.

Face à ces accusations, l’acteur, âgé de 76 ans, a oscillé entre lassitude et dénégation. “Je suis fatigué”, a-t-il lâché devant les caméras, avant de rejeter les faits avec une défense qui a surpris par son détachement. Mais que s’est-il vraiment passé sur le plateau des Volets verts ? Les témoignages des victimes dessinent un tableau bien différent.

Des Témoignages Bouleversants

Une décoratrice de 54 ans, cheveux mi-longs, a pris la parole avec courage. Elle raconte avoir été immobilisée par l’accusé, qui lui aurait touché les fesses et les seins tout en tenant des propos crus. “Il m’a coincée entre ses jambes”, a-t-elle décrit, la voix tremblante, devant une salle suspendue à ses mots. L’acteur, lui, minimise : une simple prise par les hanches pour éviter une chute, jure-t-il.

Une autre femme, assistante réalisatrice de 34 ans, a partagé une expérience similaire. Une main posée sur une fesse, puis sur sa poitrine, dans un couloir étroit du tournage. “Je l’ai peut-être frôlée par mégarde”, rétorque l’accusé, insistant sur l’absence d’intention. Mais pour le procureur, ces gestes ne relèvent pas du hasard : ils traduisent une volonté claire.

Il s’agit matériellement et intentionnellement d’agressions sexuelles.

– Le procureur lors du réquisitoire

Un Fossé Social et Culturel

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est le contraste entre les parties. D’un côté, une figure monumentale du cinéma, dont la carrière rayonne à l’international. De l’autre, des femmes en position d’infériorité sociale, travaillant dans l’ombre des projecteurs. Le procureur n’a pas manqué de le souligner : cette aura écrasante a pesé dans la balance, rendant la parole des victimes d’autant plus difficile à faire entendre.

L’accusé, lui, semble vivre dans une autre époque. “Je viens d’un autre temps”, a-t-il répété, comme pour justifier des comportements qu’il juge anodins. Un temps où, selon les avocates des plaignantes, les femmes se taisaient face aux gestes déplacés, par peur ou par résignation. Mais ce temps-là, insistent-elles, est révolu.

La Défense Sous le Feu des Critiques

La stratégie de la défense a suscité l’indignation. Loin de se contenter de nier les faits, elle a versé dans l’attaque frontale. “Menteuses, hystériques, allez pleurer !” a lancé l’avocat de l’accusé aux plaignantes, provoquant un tollé. Pour les conseils des victimes, ce n’était pas une défense, mais une apologie du sexisme, une tentative d’intimider celles qui osent parler.

Pourtant, l’accusé a reçu un soutien inattendu. Une actrice renommée, amie de longue date, a témoigné en sa faveur, affirmant n’avoir jamais vu de geste déplacé de sa part. “On peut lui dire non”, a-t-elle assuré, une phrase qui a résonné comme un écho dissonant face aux récits des plaignantes.

Un Passé qui Ressurgit

Ce procès ne se limite pas aux faits de 2021. Quatre autres femmes sont venues à la barre, racontant des agressions similaires survenues entre 2007 et 2015. Des mains baladeuses, des grognements, des silences pesants. “À 20 ans, on n’ose pas porter plainte contre une star”, a confié l’une d’elles, résumant un sentiment partagé par beaucoup.

D’après une source proche du dossier, l’acteur est également mis en examen depuis 2020 pour des chefs encore plus graves : viols et agressions sexuelles. Ces révélations jettent une ombre supplémentaire sur une carrière jusque-là intouchable. Le monstre sacré vacille, et avec lui, tout un système.

Une Justice à la Croisée des Chemins

Que retenir de ces quatre jours d’audience ? Pour les parties civiles, le réquisitoire a été une victoire morale : la culpabilité de l’accusé aurait été démontrée avec force. Mais la décision finale reste entre les mains des juges. Une condamnation marquerait-elle un tournant pour le cinéma français, longtemps accusé de fermer les yeux sur ces dérives ?

Les exigences du procureur sont claires : au-delà de la peine, c’est un message qui est attendu. Une obligation de soins, une inscription au fichier, une mise à l’écart temporaire de la vie publique. Autant de mesures qui, si elles sont retenues, pourraient redéfinir les contours de la responsabilité des puissants.

Le Poids de la Célébrité

Ce procès dépasse le cas d’un seul homme. Il interroge le statut des icônes, ces figures que l’on croit intouchables. Comment juger une légende sans se laisser aveugler par son aura ? Les plaignantes, elles, n’ont vu ni l’acteur ni la star : juste un homme dont les gestes ont brisé quelque chose en elles.

Et pourtant, l’accusé persiste : “Je ne suis pas un frotteur dans le métro.” Une défense qui, aux yeux de beaucoup, sonne comme un aveu d’incompréhension. Car ce n’est pas de métro qu’il s’agit, mais d’un plateau de tournage, où le pouvoir et la confiance se mêlent dans une danse parfois toxique.

Vers un Nouveau Chapitre ?

L’issue de ce procès reste incertaine, mais une chose est sûre : il a libéré la parole. Les témoignages, les débats, les cris de colère ont fissuré un mur de silence. Le cinéma français, si riche de son histoire, doit-il se réinventer pour laisser place à plus de justice ?

Pour les victimes, c’est un combat qui dépasse leur propre histoire. Elles parlent pour celles qui n’ont pas osé, pour celles qui, un jour, n’auront plus à se taire. Et tandis que l’accusé répète venir “d’un autre temps”, une question demeure : ce temps-là a-t-il vraiment sa place aujourd’hui ?

Les semaines à venir seront décisives. La justice rendra son verdict, et avec lui, peut-être, un signal fort. En attendant, le monde observe, partagé entre admiration passée et indignation présente. Une page se tourne, mais vers quoi ?

Un procès qui ne juge pas seulement un homme, mais tout un système.

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