Alors que les élections législatives approchent à grands pas, la majorité présidentielle semble avoir trouvé son nouvel homme providentiel en la personne de Gabriel Attal. Le jeune ministre se voit propulsé sur le devant de la scène pour tenter de redynamiser une campagne en perte de vitesse. Un pari audacieux qui en dit long sur les difficultés d’Emmanuel Macron à imposer sa marque dans un contexte politique pour le moins chaotique.
Attal, l’atout inattendu de la macronie
Relativement peu connu du grand public il y a encore quelques mois, Gabriel Attal s’est imposé comme l’un des visages les plus médiatiques du gouvernement. Sa jeunesse, son sens de la formule et son aisance face caméra en font un précieux atout dans une campagne législative qui s’annonce délicate pour la majorité sortante.
En choisissant de placer Gabriel Attal en première ligne, l’Élysée espère insuffler un vent de fraîcheur et renouveler l’image d’une macronie à bout de souffle. Une manière aussi de prendre de la distance avec un président de plus en plus impopulaire et contesté.
Une dissolution mal accueillie
La décision soudaine d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale a pris de court bon nombre de ses soutiens. Beaucoup y voient un coup de poker risqué, voire une forme de fuite en avant face aux nombreuses crises auxquelles le pays est confronté.
Je ne suis pas sûr, pour être honnête, qu’il soit complètement sain que le président de la République fasse une campagne législative
a déclaré un poids lourd de la majorité sous couvert d’anonymat
Un sentiment partagé par de nombreux députés macronistes qui redoutent que l’omniprésence du chef de l’État dans la campagne ne se retourne contre eux. D’où la volonté de “démacroniser” au maximum ce scrutin législatif en misant notamment sur de nouvelles têtes comme Gabriel Attal.
Les limites d’une stratégie
Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits. Car si Gabriel Attal dispose d’indéniables qualités, il n’en demeure pas moins un pur produit de la macronie, dans la droite ligne idéologique du président. Sa marge de manœuvre pour incarner un renouveau apparaît donc relativement limitée.
De plus, la popularité en berne d’Emmanuel Macron risque de peser lourd dans la balance au moment du vote. Difficile dans ce contexte de faire oublier le bilan controversé du quinquennat, de la crise des Gilets jaunes à la réforme avortée des retraites.
Un scrutin à hauts risques
Si les sondages prédisent pour l’heure une majorité relative pour le camp présidentiel, rien n’est encore joué. L’incertitude reste grande dans de nombreuses circonscriptions, notamment face à la poussée annoncée du Rassemblement national et de la gauche radicale.
Un scrutin à hauts risques donc pour Emmanuel Macron, qui jouera très gros lors de cette élection. En cas de défaite, c’est toute sa capacité à gouverner qui serait remise en cause, ouvrant la voie à une période de forte instabilité politique. La pression est maximale sur les épaules de Gabriel Attal et de la nouvelle garde macroniste pour éviter ce scénario catastrophe.
Au final, cette législative aura valeur de test pour la macronie post-2022. L’occasion de mesurer si le mouvement est capable de se réinventer pour durer ou s’il reste inéluctablement arrimé à la personne d’Emmanuel Macron. Un premier élément de réponse sera donné dans les urnes les 30 juin et 7 juillet prochains.
