Le verdict est tombé comme un couperet : le 21 avril dernier, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale, provoquant la stupeur dans la classe politique. Une décision qualifiée de « folle » et de « brutale » par l’opposition, qui ouvre une période de fortes turbulences. Quels sont les enjeux de ces élections anticipées ? Quels sont les risques pour le président et sa majorité ? Décryptage d’une crise politique inédite sous la Ve République.
Les racines de la crise
Depuis plusieurs mois, les relations se sont tendues entre l’exécutif et sa majorité relative à l’Assemblée nationale. Fragilisé, le camp présidentiel peine à faire passer ses réformes, notamment sur les retraites et l’immigration. Échaudé par l’adoption d’une motion de censure transpartisane sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron a voulu reprendre la main en convoquant de nouvelles élections.
« J’ai décidé de donner la parole au peuple, car je crois dans la démocratie. Les Français auront le dernier mot.»
Emmanuel Macron, allocution du 21 avril
Une majorité introuvable ?
Pour le chef de l’État, l’objectif est clair : obtenir une majorité plus solide pour mener à bien son programme. Mais l’équation s’annonce complexe. Selon les sondages, la majorité présidentielle pourrait à nouveau se retrouver minoritaire à l’Assemblée, face à une gauche unie derrière la NUPES de Jean-Luc Mélenchon et une droite en ordre de bataille menée par Les Républicains.
- Un scénario de majorité relative obligerait Emmanuel Macron à composer avec l’opposition.
- Une cohabitation avec un Premier ministre de gauche ou de droite paralyserait l’action gouvernementale.
Des alliances à hauts risques
Pour séduire les électeurs de gauche, la majorité n’hésite pas à ouvrir la porte à des alliances avec les écologistes et les socialistes, quitte à prendre le risque de déstabiliser son aile droite. De son côté, la droite est tiraillée entre le cordon sanitaire à l’extrême droite et la tentation d’un rapprochement avec les macronistes sur les questions régaliennes.
« Les conseillers d’Emmanuel Macron ont admiré les ravages de sa folle décision, mais sans voir qu’ils en étaient les premières victimes. »
Vincent Trémolet de Villers, Le Figaro
Un pari démocratique
En jouant son va-tout, Emmanuel Macron prend le risque de perdre gros. Mais il espère aussi refaire la dynamique politique, en capitalisant sur sa popularité et en profitant des divisions de l’opposition. Le débat promet en tout cas d’être vif et intense pendant cette courte campagne de quelques semaines.
Ces élections législatives anticipées constituent un véritable test démocratique qui pourrait rebattre les cartes pour les 4 ans à venir. Quelle que soit l’issue du scrutin, le Parlement et le gouvernement devront apprendre à travailler ensemble dans un contexte de grande volatilité politique. C’est tout l’enjeu du nouveau contrat de confiance voulu par Emmanuel Macron entre les Français et leurs élus.