Avez-vous déjà imaginé une base militaire française au cœur de l’Afrique se métamorphoser sous vos yeux ? À Libreville, capitale du Gabon, ce scénario devient réalité. Ce qui était autrefois un bastion de l’armée tricolore, avec ses blindés et ses familles expatriées, se transforme aujourd’hui en un lieu inédit : un « camp partagé » dédié à la formation des forces locales. Une évolution qui raconte bien plus qu’une simple réorganisation logistique.
Un Tournant Historique pour la Présence Française
Il y a encore une décennie, près de 1 200 soldats français vivaient dans ce camp, situé dans un pays d’Afrique centrale connu pour sa stabilité relative. Aujourd’hui, en 2025, ce chiffre a fondu comme neige au soleil, ne laissant qu’environ 200 militaires, recentrés sur une mission bien précise : transmettre leur expertise. Cette mue s’inscrit dans un contexte plus large, où la France revoit ses ambitions sur le continent.
D’après une source proche du dossier, cette transformation est le fruit d’un dialogue constant avec les autorités gabonaises. Exit les chars et les déploiements massifs ; place aux instructeurs et aux savoir-faire. Un choix qui reflète une volonté partagée de rééquilibrer les relations, souvent marquées par le poids de l’histoire coloniale.
Une Base Qui Change de Visage
À l’entrée du camp, un détail frappe : l’inscription « Académie militaire » a pris la place d’un ancien nom lié à une unité française stationnée depuis 1975. Ce n’est pas qu’une question de peinture sur un mur. Deux nouvelles institutions gabonaises ont vu le jour au sein de cette enceinte, marquant un transfert progressif de responsabilités.
La première, une école d’administration pour les forces de défense, forme déjà des cadres issus de 13 pays africains. La seconde, encore en gestation, se concentrera sur la protection environnementale, un enjeu brûlant face au braconnage et à l’exploitation illégale des ressources. Ces initiatives traduisent une ambition : faire de ce lieu un pôle d’excellence sous-régional.
« Il n’y aura plus de blindés français ici, mais des instructeurs. C’est le meilleur équilibre trouvé. »
– Un haut responsable gabonais
Des Formations au Cœur des Enjeux Actuels
Sur le terrain, l’activité bat son plein. Un sergent français, venu du sud de la France, entraîne des parachutistes gabonais au maniement du mortier. À quelques mètres, un module de combat urbain attire l’attention. Pourquoi ce choix ? Parce que, si les conflits en jungle restent une réalité locale, les tensions urbaines pourraient surgir à tout moment dans un monde en mutation.
Les instructeurs ne se contentent pas de dispenser des techniques. Leur objectif ? Offrir une **autonomie totale** aux forces gabonaises. « Tout ce que l’armée française sait faire peut être enseigné ici », assure un officier expérimenté, soulignant l’adaptabilité du programme aux défis sécuritaires et démographiques du continent.
- Perfectionnement au tir de mortier pour les unités d’élite.
- Combat urbain, une compétence nouvelle pour les troupes locales.
- Formation administrative pour structurer les armées africaines.
Un Partenariat Sous Pression
Ce projet ne naît pas dans un vide diplomatique. Ces dernières années, la France a vu son influence militaire reculer sur le continent. Des retraits précipités au Mali, au Burkina Faso ou encore au Tchad ont marqué les esprits. Au Gabon, la situation diffère : la coopération reste, mais elle évolue sous l’impulsion d’un pouvoir local soucieux de son indépendance.
Le partenariat de défense, renouvelé pour deux ans après un changement de régime en 2023, devra être réévalué en 2025. « Nous voulons rester aussi longtemps que possible, car cela profite aux deux parties », confie un responsable français. Mais la décision finale reviendra au Gabon, une nuance qui pèse dans la balance.
Vers un Avenir Incertain ?
Le camp pourrait bientôt changer de nom, un symbole fort de cette transition. « Les Français sont les bienvenus, mais d’autres pourraient l’être aussi », a laissé entendre un dirigeant gabonais, ouvrant la porte à une diversification des alliances. Cette phrase résonne comme un avertissement : rien n’est gravé dans le marbre.
À l’heure où d’autres bases françaises en Afrique ferment ou se réorganisent, ce lieu pourrait devenir l’un des derniers bastions permanents, aux côtés de Djibouti. Une perspective qui suscite autant d’espoir que d’interrogations sur la pérennité de cette coopération.
Année | Effectifs français | Mission principale |
2015 | 1 200 | Présence militaire active |
2025 | 200 | Formation et coopération |
Un Modèle pour l’Afrique ?
Ce « camp partagé » pourrait-il inspirer d’autres nations ? Avec des formations touchant à la fois la sécurité et l’environnement, il répond à des besoins criants. Pourtant, son succès dépendra de la capacité des deux pays à naviguer entre intérêts communs et aspirations divergentes.
Pour l’instant, les militaires gabonais y voient une opportunité. « Avoir des instructeurs étrangers diversifie nos compétences », note un officier local. Une chose est sûre : ce lieu, jadis synonyme de présence française, est en train de devenir un symbole d’évolution partagée.
Et si ce camp devenait un jour un modèle exportable dans toute l’Afrique ? L’idée fait son chemin…