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En Hongrie, les Trains Délaissés Face aux Autoroutes

En Hongrie, les trains cumulent 6,9 ans de retard en 2024, tandis que les autoroutes s’étendent. Pourquoi ce choix ? La réponse va vous surprendre...

Imaginez-vous dans un train si lent qu’un cycliste pourrait vous dépasser sans effort. C’est la réalité quotidienne pour beaucoup en Hongrie, où le réseau ferroviaire, jadis fleuron de l’époque des Habsbourg, semble figé dans le temps. Pendant ce temps, les autoroutes flambant neuves s’étendent à perte de vue, symboles d’un progrès qui ne profite pas à tous. Alors, que se passe-t-il dans ce pays d’Europe centrale où les priorités semblent inversées ?

Un Héritage Ferroviaire en Perdition

Le réseau ferroviaire hongrois est un vestige impressionnant d’une époque révolue. Dense et tentaculaire, il relie encore aujourd’hui les villes et les campagnes. Mais ce qui pourrait être une fierté nationale est devenu un fardeau pour ses usagers, qui pestent contre des trains diesel vétustes et des trajets interminables.

Des trajets qui défient le temps

Prenez l’exemple d’un retraité vivant à 22 kilomètres de Budapest. En théorie, rejoindre la capitale lui prendrait moins de 40 minutes. En pratique, c’est une tout autre histoire : retards imprévisibles, pannes fréquentes et parfois même des annulations pures et simples. « On ne peut pas compter dessus », confie une employée de bureau croisée dans une gare animée de la capitale. Et elle n’est pas la seule à le penser.

En 2024, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les retards accumulés sur l’ensemble du réseau équivalent à **6,9 années**. Oui, vous avez bien lu. Certaines lignes sont si peu fiables qu’elles frôlent l’abandon. Un record qui fait grincer des dents et interroge sur les choix d’un pays qui se rêve pourtant moderne.

Autoroutes : le triomphe du bitume

Pendant que les rails rouillent, les autoroutes, elles, brillent. Depuis 2010, leur réseau s’est étendu de près de **50 %**, atteignant aujourd’hui 1 868 kilomètres. Un contraste saisissant avec les **3,5 millions d’euros** investis dans les chemins de fer sur la même période. Les routes, elles, ont englouti une somme presque cinq fois supérieure. Pourquoi un tel déséquilibre ?

D’après une source proche du dossier, tout est une question de stratégie. Les autoroutes, visibles et imposantes, séduisent les électeurs, surtout dans les zones rurales, bastion du pouvoir en place. « C’est un signe de progrès », explique un ancien responsable des transports. Mais à quel prix ? Les écologistes, eux, dénoncent l’impact environnemental de ces projets pharaoniques.

Tout est fait pour gagner des voix, et j’ai peur que les routes restent la priorité.

– Un ex-secrétaire d’État aux Transports

Un paradoxe unique en Europe

La Hongrie n’est pas les Balkans, où les infrastructures ferroviaires ont été laissées à l’abandon total. Ici, on aspire à rivaliser avec l’Europe de l’Ouest. Pourtant, les conditions de voyage sont jugées « inacceptables » par les associations d’usagers. « Il manque des investissements », déplore un représentant de ces groupes. Un paradoxe qui intrigue et divise.

Car pendant que les trains s’essoufflent, certains projets routiers frôlent l’absurde. Dans le sud du pays, **750 millions d’euros** ont été dépensés pour une infrastructure au service de quelques centaines d’habitants. Officiellement, il s’agit de booster le trafic de marchandises. Mais beaucoup y voient une faveur faite à des proches du pouvoir.

Des promesses en l’air ?

Face à la grogne, le gouvernement ne reste pas muet. Le ministre actuel assure répondre aux attentes du public, qui privilégie les routes. Mais il promet aussi des améliorations ferroviaires : remboursements en cas de retard, rénovations des commodités dans les gares… Des mesures cosmétiques, selon ses détracteurs, qui ne règlent pas les problèmes de fond.

Preuve en est : ces derniers jours, trois locomotives hors d’âge ont pris feu. Et un projet d’électrification, prêt à démarrer, reste en suspens faute de fonds. « Tout est là, il ne manque que l’argent », s’agace un ancien haut fonctionnaire. Mais cet argent, souvent issu de subventions européennes, est bloqué par Bruxelles, inquiète des dérives sur l’État de droit.

Les chiffres qui racontent l’histoire

Pour mieux comprendre, jetons un œil aux données. Voici un aperçu clair :

DomaineInvestissements (2010-2024)Évolution
Trains3,5 M€Quasi stagnation
Autoroutes~17,5 M€+50 % (1 868 km)

Ces chiffres révèlent une vérité brutale : le rail est le parent pauvre des transports hongrois. Et les habitants, eux, continuent d’attendre des jours meilleurs.

Et demain ?

Pour les habitants des petites villes comme Gyal, la patience est de mise. Les permis sont prêts, les plans dessinés, mais les fonds manquent. Certains rêvent d’un réseau modernisé, d’autres se résignent à prendre la voiture. Une chose est sûre : tant que les priorités resteront tournées vers le bitume, les rails continueront de rouiller.

Alors, la Hongrie parviendra-t-elle à réconcilier son passé ferroviaire avec ses ambitions modernes ? Ou restera-t-elle prisonnière d’un choix politique qui privilégie l’immédiat au durable ? L’avenir des transports dans ce pays est plus qu’un débat technique : c’est une question de vision.

  • Retards records : 6,9 ans cumulés en 2024.
  • Autoroutes privilégiées : +50 % d’extension en 14 ans.
  • Trains oubliés : seulement 3,5 M€ investis.

Et vous, que feriez-vous si votre train était plus lent qu’un vélo ? Peut-être est-il temps de poser la question à ceux qui décident.

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