Un nouveau séisme politique pourrait-il secouer la France dans les prochains mois ? C’est ce que laisse craindre l’analyse de Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol). Selon lui, la stratégie de Marine Le Pen et du Rassemblement national pour les élections législatives ne serait pas tant de remporter une majorité à l’Assemblée nationale, que de provoquer une situation de blocage institutionnel qui pousserait Emmanuel Macron à démissionner. L’objectif final serait de déclencher une élection présidentielle anticipée, que la cheffe du RN espèrerait cette fois remporter.
Une stratégie politique à hauts risques
Si cette hypothèse venait à se vérifier, il s’agirait d’un pari politique particulièrement audacieux et périlleux de la part de Marine Le Pen. En cherchant délibérément à paralyser les institutions et à déstabiliser le pays, le Rassemblement national jouerait avec le feu et prendrait le risque d’une grave crise politique. Pourtant, après trois échecs à la présidentielle, la tentation pourrait être forte pour Marine Le Pen de tenter le tout pour le tout avec une telle manœuvre.
Le spectre d’un blocage à l’Assemblée
L’enjeu clé sera le résultat des élections législatives. Si les partis d’opposition, RN en tête, parvenaient à priver la majorité présidentielle d’une majorité absolue à l’Assemblée, la situation pourrait rapidement devenir intenable. Face à une Assemblée hostile bloquant systématiquement ses projets de loi, Emmanuel Macron se retrouverait dans une impasse. Marine Le Pen pourrait alors exercer un chantage en le menaçant d’une motion de censure s’il ne convoquait pas une élection présidentielle anticipée.
Macron acculé à la démission ?
Pour l’heure, le président de la République a écarté publiquement l’idée d’une démission, quel que soit le résultat des législatives. Mais dans les faits, il pourrait difficilement se maintenir si une crise politique majeure éclatait. Si la situation devenait ingouvernable, avec un pays paralysé et une contestation grandissante, Emmanuel Macron n’aurait peut-être pas d’autre choix que de remettre son mandat en jeu plus tôt que prévu. Un scénario catastrophe dont Marine Le Pen compte bien tirer profit.
Un jeu dangereux pour la démocratie
Au-delà de la bataille politique, c’est un véritable bras de fer institutionnel qui se profile, avec des conséquences potentiellement lourdes pour le pays. En instrumentalisant les législatives dans l’espoir de provoquer une présidentielle anticipée, Marine Le Pen fait courir un risque majeur à la stabilité démocratique. Un tel coup de force ne manquerait pas de fracturer encore davantage la société française.
Il faut espérer que les électeurs sauront déjouer cette stratégie dangereuse lors des législatives. L’enjeu n’est pas seulement de donner une majorité à un camp ou un autre, mais de préserver le bon fonctionnement des institutions. Car derrière les manœuvres politiques, c’est la solidité de notre démocratie qui est en jeu. Une démocratie déjà malmenée qu’il serait irresponsable de fragiliser davantage par pur calcul électoral.
