Les grands champions savent se sublimer dans les moments cruciaux. Kevin Mayer, double médaillé olympique et recordman du monde du décathlon, en a une nouvelle fois fait la démonstration ce week-end lors des championnats d’Europe d’athlétisme à Rome. Alors que sa qualification pour les prochains Jeux Olympiques semblait compromise, le Français a réalisé un véritable miracle lors de l’épreuve du saut à la perche.
Un concours mal engagé
Après un début de décathlon solide qui le plaçait dans le top 5 du classement général, Kevin Mayer abordait l’avant-dernière épreuve, le saut à la perche, avec l’ambition de conforter sa position et d’assurer les minimas olympiques fixés à 8460 points. Mais rien ne s’est passé comme prévu pour le champion tricolore.
Mayer avait fait le pari audacieux de faire l’impasse sur les premières barres pour s’élancer directement à 5 mètres, une hauteur déjà très élevée. Un choix tactique risqué qui s’est avéré payant par le passé mais qui peut aussi coûter cher en cas d’échec. Et malheureusement pour le clan français, le scénario catastrophe a bien failli se produire.
Deux essais manqués
À sa première tentative à 5 mètres, Kevin Mayer n’est pas passé loin de franchir la barre mais son pied a accroché lors de la phase ascendante. Pas de panique, il restait deux essais au recordman du monde pour se reprendre. Mais le deuxième passage s’est avéré encore plus compliqué, Mayer retombant lourdement sur le tapis, très loin de ses standards habituels.
La pression était à son comble avant le troisième et dernier essai. En cas de nouvel échec, c’était la catastrophe pour le Français qui pouvait quasiment dire adieu à son rêve de troisième médaille olympique à Paris en 2024. Dans les tribunes, le clan Mayer retenait son souffle, conscient que l’avenir du champion se jouait sur ce saut.
La délivrance au bout du suspense
C’est donc dans un silence de cathédrale que Kevin Mayer s’est élancé une ultime fois. Et comme souvent avec les plus grands, c’est dans ces moments en apparence désespérés qu’ils parviennent à se transcender. Porté par une rage de vaincre phénoménale, le Français a réalisé un saut exceptionnel, franchissant la barre avec une marge incroyable.
Un véritable miracle qui lui permet de rester dans la course aux minimas olympiques avant la traditionnelle épreuve du 1500m. Un ouf de soulagement s’est élevé des tribunes et le visage de Mayer s’est illuminé. Il venait de frôler la correctionnelle mais pouvait encore rêver d’un immense bonheur dans deux ans à Paris.
C’est pour des moments comme ça qu’on fait ce sport. Cette adrénaline, ce dépassement de soi, il n’y a rien de plus beau.
Kevin Mayer à l’issue de son concours
Un autre Français en verve
Derrière l’immense champion, un autre Français s’est illustré sur ce concours de la perche. Makenson Gletty, 4ème du classement général avant l’épreuve, a lui aussi connu des sueurs froides en manquant ses deux premiers essais à 4m60. Mais comme son glorieux aîné, il a réussi à sortir le grand jeu au moment décisif pour rester au contact du podium avant l’ultime effort du 1500m.
Dans des championnats d’Europe relevés, les deux multiples tricolores auront livré un nouvel exemple éclatant de la force mentale nécessaire pour briller au plus haut niveau. Avant la dernière ligne droite, ils peuvent toujours rêver d’une médaille et, pour Kevin Mayer, d’une qualification olympique qui tend les bras. Verdict dimanche soir dans le mythique stade olympique de Rome.
