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Tunisie : Pourquoi Tant de Premiers Ministres Limogés ?

Quatre Premiers ministres limogés en quatre ans en Tunisie : simple coïncidence ou stratégie de pouvoir ? La réponse pourrait vous surprendre...

Imaginez un pays où les chaises des Premiers ministres semblent aussi instables que des dominos prêts à tomber. En Tunisie, depuis l’été 2021, le président Kais Saied a congédié pas moins de quatre chefs de gouvernement en quatre ans. Une valse incessante qui soulève une question brûlante : que se passe-t-il vraiment dans ce pays, 14 ans après la révolution qui promettait un renouveau ? Entre une politique en sommeil et une économie qui peine à respirer, plongeons dans les méandres d’une nation en quête de stabilité.

Une Tunisie en Plein Tournant

Depuis qu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs en 2021, le président tunisien a redessiné le paysage politique à sa manière. Élu en 2019 avec un soutien massif, il a vu son mandat reconduit en octobre dernier, mais l’enthousiasme populaire s’est érodé. Avec un taux de participation famélique de 29 % lors de la dernière présidentielle, les Tunisiens semblent avoir perdu foi en leurs dirigeants. Mais pourquoi ce désintérêt, et surtout, pourquoi ces limogeages à répétition ?

La politique tunisienne : un calme trompeur ?

À première vue, la Tunisie ne semble pas plongée dans le chaos qui a suivi la chute de Ben Ali en 2011. Pourtant, sous cette apparente tranquillité, la vie politique est qualifiée de “moribonde” par certains observateurs. Des figures de l’opposition, qu’elles soient islamistes ou nostalgiques de l’ancien régime, croupissent en prison, parfois depuis des années. Cette répression a étouffé les débats, laissant un vide que le président comble par son autorité sans partage.

La vie politique est aujourd’hui moribonde dans le pays.

– Un politologue tunisien

Ce climat de silence forcé contraste avec les espoirs nés de la révolution. Les Tunisiens, autrefois galvanisés par la promesse d’une démocratie, se détournent désormais des urnes. Mais cette apathie est-elle le signe d’une stabilité retrouvée ou d’une résignation face à un pouvoir qui ne tolère aucune dissidence ?

Des limogeages en cascade : une stratégie calculée ?

Revenons à ces limogeages qui rythment la présidence de Kais Saied. En quatre ans, quatre Premiers ministres ont été écartés, un record qui ne passe pas inaperçu. Mais ce n’est pas tout : des dizaines de ministres, directeurs et responsables d’entreprises publiques ont aussi été remerciés. Pour beaucoup, ces décisions ne surprennent plus. “C’est devenu presque banal”, confie un analyste local. Alors, pourquoi tant de chaises vacantes ?

Pour certains, ces renvois traduisent une volonté de centraliser le pouvoir. Les Premiers ministres ne seraient que des pions, facilement remplaçables, dans un système où une seule voix compte vraiment : celle du président. D’autres y voient une difficulté à collaborer, un signe d’un caractère méfiant qui complique les relations au sommet de l’État.

  • Un pouvoir concentré entre les mains d’un seul homme.
  • Des exécutants interchangeables, sans réelle autonomie.
  • Une instabilité qui perturbe la continuité des politiques.

Cette instabilité chronique pose un problème majeur : comment gouverner efficacement quand les équipes changent sans cesse ? Les observateurs s’accordent à dire que cette valse des postes freine toute tentative de réforme durable.

Une économie au bord du gouffre

Si la politique vacille, l’économie, elle, est carrément à bout de souffle. Frappée de plein fouet par la pandémie, puis par les répercussions de la guerre en Ukraine, la Tunisie dépend lourdement des importations de céréales et d’énergie. Résultat : une croissance anémique de 1,4 % l’an dernier, bien loin des besoins d’un pays où le chômage touche 16 % de la population.

Avec un tiers des 12 millions de Tunisiens vivant dans la pauvreté et une inflation qui dépasse les 6 %, le pouvoir d’achat s’effrite. Les plus démunis trinquent, et les mouvements sociaux se multiplient. Face à cela, le président préfère pointer du doigt des “ennemis” invisibles plutôt que d’apporter des solutions concrètes.

Incapable d’améliorer la situation, il multiplie les thèses conspirationnistes.

– Un expert interrogé par une source proche

Cette rhétorique, qui désigne tour à tour bureaucrates, hommes d’affaires ou migrants comme responsables des maux du pays, ne fait qu’alimenter le désarroi. Mais peut-on vraiment gouverner un pays en crise en changeant de Premier ministre comme de chemise ?

Des divergences fatales avec le président ?

Les raisons officielles des limogeages restent floues, mais les spéculations vont bon train. Prenons l’exemple d’une Première ministre, écartée en 2023 après des négociations tendues avec le FMI pour un prêt de 2 milliards de dollars. Le président, hostile à ce qu’il qualifie de “diktats étrangers”, a tranché net. Plus récemment, un autre chef de gouvernement a été congédié peu après avoir évoqué un renforcement des liens avec l’Union européenne, une idée vite balayée par un président prônant l’autonomie financière.

Événement Contexte Conséquence
Négociations FMI Prêt de 2 milliards $ Limogeage en 2023
Partenariat UE Soutien financier accru Départ soudain

Ces épisodes suggèrent une chose : le président ne tolère aucun écart de vision. Chaque limogeage semble renforcer son emprise, mais à quel prix pour la Tunisie ?

Quel avenir pour la Tunisie ?

Quatorze ans après la révolution, le pays est à la croisée des chemins. Entre une politique verrouillée et une économie exsangue, les défis s’accumulent. Les limogeages à répétition, s’ils consolident le pouvoir d’un homme, fragilisent l’État. Les Tunisiens, eux, oscillent entre résignation et colère contenue. Alors, la question demeure : ce ballet incessant de Premiers ministres est-il une force ou une faiblesse pour un pays en quête de renouveau ?

Une chose est sûre : la Tunisie d’aujourd’hui n’est plus celle des espoirs de 2011.

Et vous, qu’en pensez-vous ? La centralisation du pouvoir peut-elle sauver un pays en crise, ou est-elle le symptôme d’un mal plus profond ? La réponse, peut-être, se dessine dans les prochains chapitres de cette histoire tumultueuse.

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