La Bourse de Paris tente un rebond prudent ce mardi matin, au lendemain d’une séance fortement perturbée par l’annonce inattendue de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Lundi, l’indice phare parisien, le CAC 40, avait dévissé de 1,35% pour finir à son plus bas niveau depuis près de quatre mois. Les investisseurs redoutent qu’une percée du Rassemblement national lors des prochaines élections législatives ne vienne compliquer la donne politique en France.
Une ouverture dans le vert, mais les inquiétudes persistent
Ce mardi matin, le contrat à terme du CAC 40 progressait timidement de 0,25% en préouverture, laissant présager un léger rebond des marchés financiers hexagonaux. Toutefois, le climat reste lourd d’incertitudes politiques. La perspective de voir l’extrême droite arriver au gouvernement en France effraie les marchés, qui n’apprécient guère ce type de bouleversement.
Dans le même temps, les taux d’intérêt des emprunts d’État français à 10 ans ont bondi à 3,22% lundi, au plus haut depuis novembre, signe de l’inquiétude des investisseurs quant à la stabilité politique et économique du pays.
La Réserve fédérale américaine en ligne de mire
Au-delà de la situation française, les opérateurs de marché auront les yeux rivés sur la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui débute ce mardi. La banque centrale américaine devrait maintenir ses taux directeurs à leur plus haut niveau depuis 20 ans, dans un contexte d’inflation toujours élevée aux États-Unis.
Depuis mars, le message est que les taux resteront élevés plus longtemps, car l’inflation du premier trimestre a surpris par sa hausse et l’économie a continué à se développer.
– John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabaud
Les derniers chiffres sur l’emploi américain, bien meilleurs que prévu, sont également venus renforcer la probabilité d’une politique monétaire américaine durablement restrictive. Mercredi, juste avant la deuxième journée de réunion de la Fed, sera publié l’indice des prix à la consommation de mai aux États-Unis, une donnée cruciale pour évaluer la trajectoire de l’inflation.
La Banque centrale européenne joue la prudence
En Europe, plusieurs responsables de la Banque centrale européenne (BCE) s’exprimeront dans la journée. Sa présidente Christine Lagarde a rappelé lundi que l’institution monétaire n’était “pas sur une trajectoire prédéterminée” en matière de taux, malgré la décision prise jeudi dernier d’abaisser les taux directeurs.
Les taux d’intérêt ne sont pas sur une trajectoire baissière linéaire. Il pourra y avoir des périodes où nous les maintiendrons à nouveau à leur niveau.
– Christine Lagarde, présidente de la BCE
Dans ce contexte de grandes manœuvres des banques centrales, les investisseurs tenteront de trouver le bon équilibre entre les risques politiques en Europe, et notamment en France, et l’évolution du resserrement monétaire de part et d’autre de l’Atlantique. Une équation complexe qui promet encore de belles secousses sur les marchés dans les semaines à venir.