En pleine négociation pour une alliance de la gauche en vue des élections législatives précipitées, Raphaël Glucksmann crée la surprise. L’ex-tête de liste des socialistes aux européennes propose un nom inattendu pour mener la campagne et devenir Premier ministre en cas de victoire : Laurent Berger, l’ancien secrétaire général de la CFDT.
Un choix stratégique et audacieux
Pour Raphaël Glucksmann, Laurent Berger représente “l’antithèse du président actuel”. Figure respectée de la société civile, il serait “capable d’apaiser et de réconcilier le projet de justice sociale et d’écologie”. Un profil idéal pour rassembler largement et incarner une alternative crédible.
Mais au-delà du symbole, ce choix est aussi une manière habile de se démarquer de Jean-Luc Mélenchon, affaibli par ses récents revers électoraux. Raphaël Glucksmann l’affirme sans détour :
On ne va pas refaire la Nupes. Il y a eu une inversion des rapports de force. Le leader ne sera clairement pas Jean-Luc Mélenchon cette fois.
Raphaël Glucksmann
Les conditions d’une union réussie
L’eurodéputé se pose en “garant d’un cap clair”, avec plusieurs lignes rouges :
- Un soutien “indéfectible” à la construction européenne et à la résistance ukrainienne
- L’abrogation des réformes contestées (retraites, assurance chômage, loi immigration)
- Le rejet de la “brutalisation” de la vie politique (insultes, fake news)
Autant de conditions posées aux différents partis de gauche pour espérer sceller un accord en vue des législatives. Reste désormais à convaincre Laurent Berger lui-même, qui a toujours pris soin de maintenir une distance avec le monde politique.
Un pari osé, des inconnues persistantes
Si elle venait à se concrétiser, la proposition de Raphaël Glucksmann rebattrait indéniablement les cartes à gauche. Avec un Premier ministre issu de la société civile, porteur d’un projet social-écologique, l’alliance disposerait d’un atout de poids pour élargir son audience.
Mais le pari reste incertain, et de nombreuses questions demeurent en suspens. Les autres formations de gauche, de LFI aux écologistes, accepteront-elles de s’effacer derrière cette figure “neutre” ? Laurent Berger est-il prêt à franchir le pas et à endosser les habits de Premier ministre ? Les électeurs seront-ils au rendez-vous ?
Une chose est sûre : en jetant le pavé dans la mare, Raphaël Glucksmann impulse une dynamique nouvelle. La suite du feuilleton s’annonce passionnante, au moment où les partis de gauche entrent dans une phase de négociations décisives. Les prochains jours nous diront si ce coup de poker s’avère gagnant, ou si l’union de la gauche doit emprunter d’autres chemins pour espérer reconquérir le pouvoir.