C’est un véritable coup de tonnerre politique. Au lendemain des élections européennes, marquées par une victoire écrasante du Rassemblement National, le Président Emmanuel Macron a pris tout le monde de court en annonçant la dissolution de l’Assemblée Nationale. Les élections législatives anticipées auront lieu dans à peine 20 jours, les 30 juin et 7 juillet prochains. Un timing serré qui prend à contre-pied l’ensemble de la classe politique et plonge les candidats ainsi que les communes dans une course contre la montre pour organiser ce scrutin express.
Une campagne éclair sous haute tension
Avec seulement une vingtaine de jours devant eux, les députés sortants et aspirants à l’Hémicycle n’ont pas une minute à perdre. Il leur faut boucler en un temps record les formalités administratives, comme le dépôt des candidatures en préfecture, tout en menant tambour battant une campagne de terrain pour convaincre les électeurs. Un vrai casse-tête logistique et un défi politique.
C’est le principe même d’une dissolution : vous appuyez sur la gâchette et vous laissez le moins de temps possible à vos adversaires pour s’organiser
– Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste
Dans ce sprint électoral, chaque jour compte. Les candidats enchaînent les réunions publiques, le porte-à-porte, les distributions de tracts sur les marchés. Pas le temps de souffler. Il faut occuper le terrain, marquer les esprits, faire passer ses messages. Tout cela avec des moyens et une préparation réduits. Les états-majors des partis sont sur le pont jour et nuit pour coordonner les troupes et ajuster la stratégie au fil de cette campagne hors-norme.
Le casse-tête des communes pour organiser le scrutin
Les municipalités aussi sont mises à rude épreuve par ce scrutin inattendu qui vient bousculer leur agenda et leur organisation. Elles doivent en effet mettre en place toute la logistique du vote dans des délais très contraints : impression des bulletins et des professions de foi, installation des bureaux de vote, mobilisation du personnel pour tenir les bureaux… Un vrai challenge !
Sans compter qu’il leur faut aussi gérer les demandes des candidats pour les salles de meeting, l’affichage électoral etc. Autant de tracas administratifs qui s’ajoutent aux tâches quotidiennes des mairies. Certains maires tirent la sonnette d’alarme et réclament un accompagnement renforcé de l’État pour les épauler dans cette organisation express du scrutin législatif.
Quels sont les enjeux de ces législatives surprise ?
Au-delà des aspects pratiques, ces élections à marche forcée revêtent bien sûr un enjeu politique crucial. Pour Emmanuel Macron, c’est un pari risqué. Celui de rebattre les cartes après la débâcle de la majorité présidentielle aux Européennes et de retrouver une majorité à l’Assemblée pour mener à bien son programme de réformes. Mais il n’est pas à l’abri d’un vote sanction.
Côté oppositions, c’est une opportunité unique de transformer l’essai des Européennes et de renverser la table à l’Assemblée. La NUPES, forte de son bon score, espère décrocher une majorité de députés. Le RN rêve lui d’un groupe parlementaire puissant. LR, qui a limité la casse, veut faire entendre sa partition. Bref, tous les ingrédients d’une bataille électorale intense et indécise.
Alors, dissolution coup de poker ou coup de maître ? Réponse dans les urnes, au terme d’une séquence politique aussi brève qu’intense, où candidats et communes auront dû redoubler d’énergie et d’imagination pour releverer le défi d’un scrutin pas comme les autres. Une campagne express riche en surprises et en enseignements sur l’état politique du pays. Les compteurs sont remis à zéro, place au verdict des électeurs !