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Dissolution de l’Assemblée : le pari risqué d’Emmanuel Macron

Pari risqué ou coup de poker désespéré ? La dissolution de l'Assemblée par E. Macron après la victoire du RN aux européennes déclenche un séisme politique. Les élections législatives anticipées s'annoncent déterminantes pour l'avenir du pays. Découvrez les réactions de la presse étrangère face à cette décision qui...

Coup de tonnerre sur la scène politique française. Au lendemain de la victoire écrasante du Rassemblement National aux élections européennes, Emmanuel Macron a pris une décision aussi inattendue que lourde de conséquences : dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer des élections législatives anticipées. Un pari audacieux qui suscite de vives réactions dans l’Hexagone mais aussi à l’étranger, où la presse se montre globalement sceptique face à ce qui apparaît comme un « pari fou » du président français.

Une décision surprise après la déroute

C’est donc quelques minutes seulement après l’annonce des résultats du scrutin européen qu’Emmanuel Macron a choisi de frapper un grand coup en prononçant la dissolution de l’Assemblée. Pour le Washington Post, il s’agit peut-être d’une manière de « montrer qu’il a entendu les critiques », alors que la majorité présidentielle a été sévèrement battue, la liste Renaissance menée par Valérie Hayer n’obtenant que 15,2% des voix.

Mais le chef de l’État joue gros avec ce choix, comme le souligne le quotidien conservateur britannique The Times :

Si le parti présidentiel perd aux législatives, Emmanuel Macron pourrait rester président, mais il aurait les mains liées.

The Times

Forcer un front républicain anti-RN ?

Certains y voient un calcul politique pour obliger Les Républicains à s’allier aux macronistes afin de faire barrage au RN. Une hypothèse relayée par le quotidien italien Il Giornale, pour qui « le pari du président français est désormais de demander aux Français d’éloigner du pouvoir le parti du Rassemblement national, et de chercher plutôt à élire une majorité plus large ».

Mais pour The Economist, Emmanuel Macron prend le risque de « miser sa crédibilité politique sur un pari qui pourrait bien lui laisser une minorité réduite et un vote écrasant pour le RN ». Le journal libéral britannique voit dans cette décision un « duel capital pour la France et pour l’Europe », dont les conséquences pourraient être majeures :

  • Si les partis pro-européens l’emportent, les partisans de l’euro et de l’UE seront confortés.
  • Mais si le RN arrive en tête, « l’onde de choc aurait des répercussions imprévisibles » sur la suite du quinquennat, prévient le quotidien espagnol ABC.

« L’animal politique blessé veut montrer qu’il rugit encore »

Au-delà des spéculations sur ses motivations, la presse étrangère s’interroge sur la capacité d’Emmanuel Macron à rebondir après la gifle des européennes. Pour le quotidien belge Le Soir, c’est « un pari fou » pour « dribbler le Rassemblement national en le prenant de vitesse » avec des élections éclair. « L’animal politique, blessé, veut-il montrer qu’il rugit encore et qu’il peut s’imposer à nouveau au centre du jeu ? », questionne pour sa part La Libre Belgique.

Des interrogations qui traduisent bien le scepticisme dominant dans la presse internationale face à ce qui apparaît comme une tentative désespérée d’Emmanuel Macron pour sauver son quinquennat. Certains, comme The Times, y voient même un piège pour le RN :

Macron pourrait parier que si le rassemblement remporte les élections et se retrouve à diriger le pays en temps de crise, sa popularité chutera avant 2027, lorsque la France choisira son nouveau président.

The Times

Quoi qu’il en soit, ces élections législatives anticipées s’annoncent déterminantes pour l’avenir d’Emmanuel Macron mais aussi, plus largement, pour celui de la France. La perspective d’une cohabitation, avec un Premier ministre RN à Matignon, n’est plus taboue. C’est peu dire que le président français joue son va-tout avec cette dissolution surprise. Réussira-t-il son pari en mobilisant un front républicain ou au contraire précipite-t-il sa chute en ouvrant une voie royale à Marine Le Pen ? Réponse dans les urnes les 30 juin et 7 juillet prochains.

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