C’est une nouvelle qui risque de faire l’effet d’une bombe dans le paysage sanitaire francilien déjà fragilisé. Pas moins de 7 centres de santé d’Île-de-France sont aujourd’hui menacés d’une fermeture imminente en raison de graves difficultés financières. Une situation critique qui pourrait laisser sur le carreau des dizaines de milliers de patients sans solution pour trouver un nouveau médecin traitant. Face à ce qui s’apparente à une véritable bombe à retardement, les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme et appellent les pouvoirs publics à un plan de sauvegarde d’urgence. Explications.
Un modèle économique fragilisé
Parmi les centres de santé concernés, on retrouve notamment le centre Richerand dans le 20ème arrondissement de Paris, qui accueille chaque année pas moins de 20 000 patients, ainsi que 6 centres gérés par la Croix-Rouge entre Paris et les Hauts-de-Seine. Des structures essentielles dans des territoires où l’offre de soins est déjà sous tension, avec un déficit criant de médecins généralistes et spécialistes en secteur 1. Résultat, l’Île-de-France est progressivement devenue le premier désert médical de France en matière de soins primaires, tout particulièrement dans les quartiers les plus populaires.
Mais alors, comment expliquer une telle hémorragie ? Selon les organisations représentatives du secteur, le modèle économique actuel des centres de santé, basé essentiellement sur le remboursement des actes par l’Assurance maladie, serait tout simplement “intenable”. Les trois quarts des centres afficheraient ainsi un déficit d’exploitation, les structures associatives ou mutualistes étant particulièrement fragilisées.
Des conséquences sanitaires dramatiques
Au-delà des enjeux financiers, ce sont bien les répercussions humaines qui inquiètent le plus. Car avec la disparition brutale de leur centre de santé, ce sont des milliers de patients qui vont se retrouver du jour au lendemain sans médecin traitant pour assurer leur suivi. Une rupture de soins qui risque d’entraîner des retards de prise en charge, un renoncement aux soins pour les populations les plus précaires, mais aussi un engorgement accru des urgences, déjà au bord de la rupture.
Ce sont des dizaines de milliers de patients qui vont se retrouver sans médecin traitant
L’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) et la Fédération nationale des centres de santé (FNCS)
Un appel à la mobilisation générale
Face à l’urgence de la situation, les professionnels de santé appellent l’ensemble des acteurs à se mobiliser pour trouver des solutions rapides et éviter une “catastrophe sanitaire”. La Ville de Paris, l’Agence Régionale de Santé, la Région et l’AP-HP sont ainsi sommées de débloquer en urgence des financements pour sauver les centres menacés. Mais au-delà du court terme, c’est une réflexion globale qui doit s’engager pour repenser un modèle plus pérenne, mieux adapté aux besoins des territoires.
Car dans un contexte de désertification médicale galopante, les centres de santé ont plus que jamais un rôle crucial à jouer pour garantir un accès aux soins de proximité pour tous. Reste à savoir si les pouvoirs publics sauront prendre la mesure de l’enjeu et agir à la hauteur des défis posés. L’avenir de milliers de patients franciliens en dépend.