Imaginez-vous au cœur d’une foule en colère, des cris résonnant dans les rues, des nuages de gaz lacrymogène obscurcissant l’air et, soudain, un projectile qui change une vie en un instant. C’est ce qu’a vécu un photojournaliste argentin lors d’une manifestation à Buenos Aires, transformée en champ de bataille entre retraités, supporters et forces de l’ordre. Cet événement, survenu en mars 2025, soulève des questions brûlantes : jusqu’où peut aller la répression face à la grogne sociale ?
Une Manifestation qui Dégénère
Mercredi, la capitale argentine a été le théâtre d’un chaos inattendu. Ce qui devait être une marche pacifique pour défendre les droits des retraités s’est mué en une confrontation explosive. Des centaines de personnes, incluant des retraités, des supporters de clubs de football et des membres de groupes de gauche, se sont réunies devant le Parlement et la Casa Rosada, symbole du pouvoir national.
La tension est montée d’un cran lorsque des pierres et divers objets ont été lancés sur les forces de l’ordre. En réponse, la police a déployé un arsenal impressionnant : **balles en caoutchouc**, canons à eau et gaz lacrymogène. Le bilan ? 45 blessés, dont 20 agents et 25 civils, parmi lesquels un cas particulièrement grave.
Un Photojournaliste entre la Vie et la Mort
Au milieu de ce tumulte, un homme de 35 ans, photoreporter indépendant, a été touché à la tête par un projectile alors qu’il immortalisait la scène. Transporté d’urgence à l’hôpital, il a subi une opération chirurgicale décisive. Selon une source proche de sa famille, cette intervention lui a sauvé la vie, bien qu’une seconde opération soit prévue pour surveiller la pression cérébrale.
« Le processus de récupération commence, mais chaque heure compte. »
– Un proche du blessé, à une chaîne locale
Les images de l’incident, relayées massivement sur les réseaux sociaux, montrent l’instant dramatique où le journaliste s’effondre. Ses proches pointent du doigt la police, affirmant que le projectile provenait de leurs rangs. Une accusation qui alimente un débat déjà brûlant sur la brutalité des forces de l’ordre.
Retraités et Supporters : Une Alliance Inattendue
Depuis des années, les retraités argentins battent le pavé tous les mercredis pour dénoncer la chute de leur pouvoir d’achat, un problème exacerbé sous la présidence actuelle. Mais cette fois, ils n’étaient pas seuls. Des supporters de football, indignés par la répression des semaines précédentes, ont rejoint le cortège, suivis par des syndicats et des militants radicaux.
- Retraités : En lutte pour des pensions décentes.
- Supporters : Solidaires et en colère contre les violences policières.
- Militants : Porte-voix d’une contestation plus large.
Cette coalition hétéroclite a surpris les autorités et donné une ampleur inédite à la manifestation. Mais elle a aussi attiré une réponse musclée, qualifiée par certains d’excessive.
La Réponse des Autorités : Défense ou Provocation ?
Face aux violences, les officiels ont rapidement pris la parole. Le maire de la ville a évoqué des « groupes violents organisés », chiffrant les dégâts à environ 225 000 euros. La ministre de la Sécurité, elle, a justifié l’action policière, suggérant que certains manifestants étaient prêts à en découdre de manière létale.
« Ils étaient préparés pour tuer. Nous avons agi en conséquence. »
– Une haute responsable, sur une chaîne nationale
Un proche du président a même comparé l’événement à une tentative de déstabilisation politique, qualifiant la blessure du journaliste d’« accident imprévu ». Des déclarations qui n’ont fait qu’attiser la colère populaire.
Une Justice sous Pression
Sur les 124 arrestations effectuées, 114 personnes ont été relâchées dès le lendemain. Une juge a estimé que les motifs d’interpellation manquaient de précision, une décision qui a provoqué la fureur du gouvernement. « Ceux qui protègent l’impunité sont complices », a tonné un porte-parole officiel.
| Événement | Conséquences |
| Arrestations | 124 personnes |
| Libérations | 114 relâchées |
| Blessés | 45, dont 1 grave |
Cette clémence judiciaire contraste avec la fermeté affichée par l’exécutif, révélant des tensions profondes au sein des institutions argentines.
Les Journalistes dans la Ligne de Mire
L’incident n’est pas isolé. Une association de reporters a dénoncé une répression ciblée contre les professionnels des médias. Une vingtaine de journalistes auraient été touchés par des projectiles en caoutchouc lors de cette seule journée. « Nous sommes des cibles », ont-ils alerté, accusant les autorités de chercher à museler la presse.
Une situation qui rappelle des heures sombres où la liberté d’informer était menacée.
La Rue Réagit : Casseroles et Colère
Dans la nuit suivant les affrontements, des bruits de casseroles ont retenti dans plusieurs quartiers de Buenos Aires, une forme de protestation traditionnelle en Argentine. Des centaines d’habitants ont convergé vers la Casa Rosada, réclamant jusqu’à l’aube des démissions au sommet de l’État.
Ce mouvement spontané montre que la blessure du journaliste et la répression policière ont touché une corde sensible. La grogne sociale, déjà vive, pourrait encore s’amplifier dans les jours à venir.
Que Révèle cet Événement ?
Cet épisode n’est pas qu’un fait divers. Il met en lumière une société argentine fracturée, où la crise économique, la défiance envers les institutions et les méthodes sécuritaires controversées se mêlent dans un cocktail explosif. Les retraités, symboles d’une génération sacrifiée, trouvent écho chez les plus jeunes, prêts à en découdre.
Pour beaucoup, la blessure du photoreporter incarne un avertissement : informer, dans ce climat, devient un acte de courage. Mais jusqu’où ira cette escalade ? La réponse, peut-être, se jouera dans les prochaines manifestations.
