Imaginez-vous dans un train, en route pour une destination paisible, lorsque soudain une explosion déchire le silence. C’est ce qu’ont vécu des centaines de passagers au Pakistan, dans une tragédie qui a transformé un voyage ordinaire en cauchemar. En début de semaine, un groupe armé a pris d’assaut le Jaffar Express, un train reliant le sud-ouest du pays à une ville plus au nord, plongeant le pays dans une crise sans précédent. Aujourd’hui, alors que les premiers cercueils arrivent, les rescapés livrent des témoignages qui glacent le sang.
Une Attaque d’une Ampleur Inédite
Ce n’était pas une journée comme les autres dans la province du Baloutchistan. Mardi, le Jaffar Express, avec environ 450 âmes à bord, a été stoppé net par une explosion qui a fait voler les rails en éclats. Rapidement, des hommes armés, identifiés comme membres d’un groupe séparatiste bien connu de la région, ont envahi les wagons. Ce qui a suivi ? Plus de 30 heures de chaos, marquées par des combats acharnés entre les assaillants et les forces de sécurité déployées en urgence.
Les récits des survivants dressent un tableau terrifiant : des passagers triés selon leur métier ou leur origine, certains abattus sans pitié, d’autres épargnés dans un arbitrage macabre. Pendant ce temps, l’armée pakistanaise, appuyée par des hélicoptères, tentait de reprendre le contrôle, au prix de lourdes pertes.
Les Premiers Cercueils Racontent une Histoire Sombre
Jeudi, la gare de Mach, petite ville du Baloutchistan, s’est transformée en un lieu de deuil. Vingt-cinq cercueils y ont été acheminés, renfermant les premières dépouilles retrouvées sur le site de l’attaque. Parmi eux, des soldats, un policier, un employé des chemins de fer, et quatre corps encore anonymes. Un responsable local a confirmé que l’identification restait un défi, mais chaque cercueil portait déjà le poids d’une tragédie nationale.
Ils ont abattu beaucoup de gens, certains les suppliaient de les épargner au nom de Dieu.
– Un rescapé ayant fui les assaillants
Les chiffres, eux, dansent dans une confusion troublante. L’armée parle de **21 otages tués** par les ravisseurs et de quatre soldats tombés lors des affrontements. Mais d’après une source proche des opérations, le bilan serait plus lourd : **27 militaires exécutés** dans le train, plus un autre perdu dans la bataille. Une chose est sûre : la douleur est palpable dans chaque wagon désormais silencieux.
Des Rescapés Hantés par l’Horreur
Ceux qui ont échappé au pire n’oublieront jamais. Après des heures de marche à travers des terres arides, onze survivants ont atteint une grande ville du Baloutchistan, leurs voix tremblantes racontant l’impensable. L’un d’eux décrit comment les assaillants ont d’abord séparé les femmes, leur ordonnant de fuir, avant de viser des hommes selon des critères aussi arbitraires que cruels.
Un autre rescapé ajoute : les séparatistes semblaient perdre leur vigilance à l’aube, offrant une fenêtre de fuite. Mais même là, les balles ont sifflé dans leur dos. Ces témoignages convergent vers une réalité brutale : l’attaque visait à semer la peur autant qu’à revendiquer un message.
Le Baloutchistan, une Région Sous Tension
Pourquoi une telle violence ? Le Baloutchistan, bien que riche en ressources comme le gaz et les minerais, reste la province la plus déshéritée du Pakistan. Ses habitants, notamment la minorité baloutche, dénoncent depuis des décennies une exploitation inégale de leur sous-sol, souvent au profit d’intérêts étrangers ou d’autres régions. Les grands projets, comme ceux portés par des investisseurs chinois, cristallisent ces frustrations.
Le groupe à l’origine de l’attaque, connu pour ses actions séparatistes, n’en est pas à son premier coup d’éclat. Mais cette opération, par son audace et son ampleur, marque un tournant. Elle interroge : jusqu’où ira cette lutte pour la reconnaissance ?
Une Réponse Officielle en Demi-Teinte
Face à cette crise, les autorités pakistanaises ont oscillé entre action et silence. Mercredi soir, elles annonçaient avoir libéré plus de **340 passagers**, un chiffre impressionnant mais qui ne comble pas les zones d’ombre. Combien étaient réellement à bord ? Pourquoi les bilans divergent-ils autant ? Le Premier ministre a promis une visite sur place pour exprimer sa solidarité, mais son mutisme jusque-là laisse un goût d’inachevé.
- 340 rescapés libérés, selon les autorités.
- 25 cercueils arrivés, mais des corps encore recherchés.
- Une opération militaire massive, au sol et dans les airs.
Un Décompte Macabre et des Questions Sans Réponse
Sur le terrain, les recherches continuent. Une centaine de cercueils supplémentaires ont été envoyés en prévision, signe que le bilan pourrait encore s’alourdir. Les rescapés, eux, décrivent des scènes dignes d’un film d’horreur : des compagnons de voyage exécutés sous leurs yeux, des cris étouffés par la peur. Mais au-delà des chiffres, une question persiste : qui étaient vraiment les cibles ?
Victimes | Nombre | Statut |
Soldats | 19 | Identifiés |
Policier | 1 | Identifié |
Employé ferroviaire | 1 | Identifié |
Inconnus | 4 | En attente |
Ces données, bien que partielles, esquissent un portrait tragique. Les séparatistes auraient ciblé des symboles de l’État – soldats, fonctionnaires – mais aussi des civils d’autres provinces, alimentant une fracture déjà profonde.
Et Maintenant ?
Le drame du Jaffar Express ne se limite pas à un fait divers. Il révèle les failles d’un pays où les tensions ethniques et économiques s’entremêlent dans un cocktail explosif. Les habitants du Baloutchistan attendent des réponses, pas seulement des cercueils. Quant aux rescapés, ils portent désormais le fardeau d’une survie miraculeuse, mais à quel prix ?
Alors que les recherches se poursuivent et que le pays retient son souffle, une certitude demeure : cette attaque restera gravée dans les mémoires comme un cri de désespoir autant qu’un acte de guerre. La suite ? Elle dépendra autant des autorités que de la résilience d’une population habituée à surmonter l’adversité.