Les élections européennes 2024 en France ont livré leur verdict ce dimanche, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats sont de nature à bousculer en profondeur le paysage politique hexagonal. Dans un contexte de forte abstention, le Rassemblement national sort grand vainqueur de ce scrutin, réalisant une percée inédite. La majorité présidentielle subit quant à elle un sérieux revers, tandis que quelques surprises émergent. Quelles leçons tirer de ce vote aux multiples enjeux ?
Le Rassemblement national, grand gagnant du scrutin européen
C’est incontestablement le fait marquant de ces élections européennes 2024 en France : le Rassemblement national rafle la mise, avec pas moins de 32% des suffrages exprimés selon les estimations. La liste menée par Jordan Bardella réalise ainsi une progression spectaculaire par rapport à 2019, où elle avait recueilli 23,3% des voix. Fort de ce résultat, le RN devrait envoyer une trentaine de députés au Parlement européen, soit le double d’il y a cinq ans. Une vague bleue marine sans précédent.
Le soutien que vous nous avez apporté ce soir est celui d’un peuple qui relève la tête.
Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national
Pour Jordan Bardella, ce succès est celui “d’un peuple qui relève la tête” face à un pouvoir jugé déconnecté. Le jeune dirigeant du RN entend bien capitaliser sur cette dynamique pour peser davantage au niveau européen, mais aussi préparer la prochaine échéance nationale : les élections présidentielles de 2027.
La majorité présidentielle en net recul
Si le RN sort renforcé du scrutin, c’est tout l’inverse pour la majorité présidentielle, qui subit une cuisante défaite. La liste Renaissance, menée par Stéphane Séjourné, ne récolte que 14,9% des voix, loin derrière son score de 2019 (22,4%). Avec une petite quinzaine de sièges, les macronistes voient leur influence s’effriter sérieusement à Strasbourg. Un revers cinglant qui expose les fragilités du camp présidentiel, confronté à une impopularité record.
Percée surprise des socialistes, recul de LFI et LR
Derrière le RN et Renaissance, c’est l’alliance inattendue entre le Parti socialiste et Place publique qui crée la surprise, en décrochant 14,2% des voix et 13 sièges. Une performance remarquable pour une gauche en pleine reconstruction. À l’inverse, La France insoumise (9,1%) marque le pas par rapport à 2019 (6,3%), tandis que Les Républicains (7%) confirment leur déclin.
Participation en berne, l’abstention grande gagnante
Avec moins d’un électeur sur deux qui s’est déplacé aux urnes, l’abstention atteint des sommets pour ces européennes. Un désaveu démocratique qui interroge sur le rapport des Français à l’Europe, et plus globalement sur la crise de défiance envers la politique. Un défi majeur pour les années à venir.
Quelles conséquences pour l’avenir de l’Europe ?
Au-delà des résultats hexagonaux, ces élections européennes 2024 sont aussi riches d’enseignements pour l’avenir de l’Union européenne. Avec la poussée des eurosceptiques dans plusieurs pays, à commencer par la France, c’est la question de la souveraineté européenne et du projet commun qui se pose avec acuité. Entre montée des populismes et urgence climatique, l’Europe devra plus que jamais trouver un nouveau souffle dans les années à venir.
Des résultats qui vont durablement marquer la vie politique française et européenne : tel est le principal enseignement de ce scrutin aux multiples rebondissements. Avec une extrême-droite au sommet, une majorité présidentielle affaiblie et une gauche en recomposition, tous les ingrédients semblent réunis pour une recomposition en profondeur du paysage politique. De quoi promettre des années à venir riches en surprises et en défis.