Imaginez un instant : une région luxuriante près de la frontière vénézuélienne, où les montagnes abritent autant de secrets que de dangers. Là, dans le nord-est de la Colombie, une promesse de paix semble s’effilocher comme un tissu usé. Des commandants de l’ELN, une guérilla d’inspiration révolutionnaire, ont récemment brisé le silence lors d’une rencontre clandestine avec des journalistes. Leur message ? Si l’armée persiste, la « paix totale » tant vantée risque de céder la place à une guerre sans merci.
Une Escalade Qui Défie la « Paix Totale »
Depuis des décennies, la Colombie est le théâtre d’un conflit armé qui a laissé des cicatrices profondes. Avec près de 1,1 million de morts en un demi-siècle, l’arrivée au pouvoir d’un président progressiste en 2022 avait suscité l’espoir. Sa vision ? Démobiliser les groupes armés pour en finir avec la violence. Mais dans la région du Catatumbo, cet idéal semble s’effondrer sous le poids d’une réalité brutale.
D’après une source proche du dossier, deux figures importantes de l’ELN ont livré un avertissement clair. Retranchés dans un lieu tenu secret, ils ont assuré être prêts à affronter les 10 000 soldats déployés par l’État. Cette montée des tensions intervient après une série d’attaques menées par la guérilla contre des dissidents d’un autre groupe emblématique, aujourd’hui en guerre ouverte avec eux.
Le Catatumbo : Un Épicentre de Violence
Le Catatumbo, cette zone frontalière au nord-est du pays, est devenu un symbole de la fragilité de la situation. Depuis mi-janvier, les affrontements y ont pris une ampleur dramatique. Les chiffres officiels parlent d’eux-mêmes : 56 000 personnes déplacées et au moins 76 morts. Une crise humanitaire qui rappelle les heures les plus sombres du conflit.
« En fin de compte, il s’agit d’une guerre totale. Si d’autres soldats arrivent, la confrontation se poursuivra. »
– Un commandant de l’ELN
Ce n’est pas un simple accrochage. Pour les habitants, chaque jour apporte son lot d’incertitude. Les routes sont bloquées, les écoles ferment, et les familles fuient. Pourtant, au milieu de ce chaos, l’ELN campe sur ses positions, voyant dans l’offensive militaire une menace directe à son existence.
Petro et l’Échec d’un Rêve
Le président colombien, avec son projet ambitieux, voulait marquer l’histoire. Démobiliser les guérillas, apaiser les tensions, offrir une issue pacifique à des décennies de combats. Mais aujourd’hui, ses détracteurs pointent du doigt un échec cuisant. Une commandante de l’ELN a même qualifié cette politique de « mirage », soulignant que les quelques mois restants au gouvernement pourraient ne rien changer.
Pourtant, tout n’est pas perdu. Une lueur d’espoir subsiste avec un processus en cours visant à démobiliser une centaine de combattants d’un groupe dissident opérant dans la région. Mais même cette initiative est vue comme une « dernière carte » par les observateurs. Réussira-t-elle à inverser la tendance ? Rien n’est moins sûr.
L’ELN : Une Force Toujours Vive
Fondée en 1964, cette guérilla d’inspiration guévariste reste un acteur majeur du conflit. Avec environ 5 800 combattants, elle n’a rien perdu de sa détermination. Ses cibles ? L’État colombien, mais aussi, depuis peu, d’anciens camarades ayant choisi une autre voie. Cette guerre fratricide complique encore davantage un tableau déjà sombre.
- 1964 : Création de l’ELN, portée par des idéaux révolutionnaires.
- 2025 : Une résurgence violente qui défie les efforts de paix.
- Catatumbo : Une région devenue le cœur de cette nouvelle tempête.
Leur discours est sans équivoque : pas de reddition, pas de compromis. Face à une armée régulière renforcée, ils promettent une résistance acharnée. Une posture qui laisse peu de place à la négociation.
Une Crise Humanitaire en Chiffres
Derrière les déclarations martiales, ce sont les civils qui payent le prix fort. Les données récentes dressent un tableau alarmant :
| Indicateur | Chiffre |
| Personnes déplacées | 56 000 |
| Morts confirmés | 76 |
| Soldats déployés | 10 000 |
Chaque nombre cache des vies brisées, des familles séparées. Et tandis que les combats s’intensifient, l’aide humanitaire peine à suivre. Les ONG locales alertent sur une situation qui pourrait encore empirer.
Vers une Contre-Offensive Inédite ?
Les spéculations vont bon train. Certains évoquent une possible escalade militaire d’une ampleur jamais vue dans la région. Une commandante interrogée a laissé entendre qu’une « contre-offensive d’une autre dimension » pourrait être en préparation. Mais à quel prix ?
Pour l’instant, le gouvernement garde le silence sur ses intentions. Mais une chose est sûre : chaque décision prise dans les prochaines semaines pourrait redéfinir l’avenir de cette région et, plus largement, du pays tout entier.
Que Reste-t-il de la Paix ?
À l’heure où ces lignes sont écrites, le rêve d’une « paix totale » semble plus lointain que jamais. Entre les ambitions d’un président en fin de mandat et la détermination d’une guérilla ancrée dans son histoire, le Catatumbo incarne un dilemme cruel. Peut-on encore éviter le pire ?
Les mois à venir seront décisifs. Pour les habitants, les combattants, et les décideurs, une question demeure : la Colombie est-elle condamnée à revivre son passé, ou peut-elle encore écrire un nouveau chapitre ?
Un conflit qui ne connaît pas de fin, une paix qui ne trouve pas son chemin.
