Imaginez un instant : vous êtes journaliste, passionné par la vérité, et un jour, sans crier gare, des policiers débarquent dans votre bureau. Pas d’explication, pas de mandat clair, juste une convocation brutale et une cellule qui vous attend. C’est la réalité qu’a vécue un correspondant tchadien d’une grande radio internationale, placé en garde à vue mercredi dernier. Une affaire qui secoue le pays et met en lumière une question brûlante : jusqu’où ira la répression contre la presse au Tchad ?
Une Arrestation dans l’Ombre
Mercredi midi, dans les locaux d’un hebdomadaire bien connu, un homme d’une trentaine d’années, directeur de publication et voix reconnue à la radio, a été emmené de force. Selon des sources proches, des agents de police sont arrivés avec un document signé par le procureur, mais sans jamais préciser les raisons de cette interpellation. Son ordinateur a été saisi, ses droits bafoués, et depuis, il croupit dans une cellule de la police judiciaire. Une opacité qui choque, même dans un pays habitué aux silences imposés.
Ce n’est pas un cas isolé. Ces derniers mois, le Tchad semble s’enfoncer dans une spirale où les arrestations arbitraires deviennent la norme. Mais cette fois, l’indignation monte, portée par des avocats et des associations qui refusent de se taire.
Audition Chaotique et Défense Mobilisée
Vendredi, une première audition a eu lieu. Mais elle a vite tourné au fiasco. D’après une source proche de la défense, un individu non identifié assistait aux côtés des policiers, une présence qui a poussé les avocats à suspendre la séance. Pour eux, cette détention n’a rien de légal : « Tout s’est fait dans une opacité totale, sans aucun document juridique valable », dénoncent-ils. Une accusation grave qui met en lumière les dérives d’un système où la justice semble plier sous des ordres plus sombres.
« Cette arrestation est une atteinte directe à la liberté de la presse et à la dignité humaine. »
– Une association de défense des journalistes
Face à cela, les avocats exigent des explications. Pourquoi cet homme est-il retenu ? Quels chefs d’accusation pèsent contre lui ? Pour l’instant, le silence des autorités ne fait qu’alimenter les soupçons.
Un Cri d’Alarme pour la Presse Tchadienne
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Une union panafricaine de journalistes a dénoncé une détention « arbitraire » et appelé à respecter les droits fondamentaux. De son côté, une organisation patronale de la presse locale a réclamé la libération immédiate de cet homme, pressant le procureur de faire toute la lumière sur cette affaire. Mais ces appels resteront-ils lettre morte dans un pays où les voix dissidentes sont étouffées ?
- Opacité : Aucune raison officielle communiquée.
- Saisies : Matériel de travail confisqué sans justification.
- Mobilisation : Soutien massif des confrères et avocats.
Cette affaire dépasse le simple fait divers. Elle révèle une menace bien plus large contre la liberté de la presse, un pilier essentiel de toute démocratie, même fragile.
Un Régime qui Verrouille le Pouvoir
Pour comprendre ce qui se joue, il faut remonter le fil. Depuis trois ans, le Tchad est dirigé par un jeune président de 40 ans, propulsé au pouvoir après la mort de son père. Une transition orchestrée par une junte militaire, suivie d’élections contestées, jugées ni libres ni crédibles par ses opposants. Aujourd’hui, son parti domine le paysage politique, écrasant toute opposition lors des scrutins locaux et nationaux boycottés par ses adversaires.
Mais ce contrôle ne s’arrête pas aux urnes. Les services de renseignement tchadiens, véritables bras armés du régime, multiplient les arrestations musclées. Journalistes, politiques, militants : personne n’échappe à cette vague répressive. En août dernier, un rédacteur en chef d’un site d’information avait déjà été enlevé, détenu dans les locaux de ces services, avant d’être relâché sous la pression de ses pairs.
La Presse, Cible Privilégiée
Le cas de ce correspondant n’est que la pointe de l’iceberg. Depuis des mois, les professionnels des médias vivent dans la peur. Au moins deux autres journalistes ont été arrêtés dans des conditions similaires, selon une association locale de médias en ligne. Mi-septembre, une organisation internationale contre la torture pointait du doigt ces pratiques : des détentions hors de tout cadre légal, menées comme des enlèvements.
| Événement | Date | Conséquence |
| Arrestation rédacteur en chef | Août | Libéré après mobilisation |
| Détention actuelle | Mars 2025 | Garde à vue prolongée |
Chaque arrestation envoie un message clair : informer, c’est risquer sa liberté. Pourtant, ces journalistes continuent, portés par une mission qui dépasse la peur.
Et Après ?
Alors que la garde à vue de ce correspondant a été prolongée jusqu’à lundi, les regards se tournent vers les autorités. Céderont-elles à la pression croissante ? Ou persisteront-elles dans cette stratégie d’intimidation ? Une chose est sûre : cette affaire pourrait devenir un tournant. Si la mobilisation s’amplifie, elle pourrait forcer le régime à reculer. Sinon, la presse tchadienne risque de sombrer encore plus dans l’ombre.
Pour l’heure, les confrères de cet homme ne baissent pas les bras. Ils appellent à la solidarité, au Tchad et au-delà, pour que la vérité ne soit pas une fois de plus étouffée. Car au fond, ce n’est pas qu’une histoire de journaliste : c’est celle d’un peuple qui lutte pour respirer librement.
Une voix bâillonnée aujourd’hui, c’est une société muette demain.
