Imaginez une icône adulée par des millions de personnes, un génie du football dont le nom résonne encore dans les stades, retrouvé sans vie sur un lit médicalisé, seul, loin des projecteurs. Plus de quatre ans après le décès tragique d’une légende argentine, un procès s’ouvre enfin pour faire la lumière sur une question qui hante un pays entier : sa mort aurait-elle pu être évitée ? À partir de ce mardi, dans une banlieue de Buenos Aires, sept professionnels de santé vont devoir répondre de leurs actes, accusés d’avoir laissé filer une vie qui valait bien plus qu’un simple patient.
Un Procès pour une Légende
Le tribunal de San Isidro, à quelques kilomètres de la capitale argentine, devient le théâtre d’une affaire hors norme. Jusqu’à mi-juillet, trois audiences par semaine rythmeront ce procès fleuve, où près de 120 témoins – proches, experts et anciens soignants – viendront éclaircir les circonstances d’un drame qui a secoué le monde. Les regards se tournent vers les accusés, poursuivis pour un chef grave : homicide simple avec dol éventuel. En clair, une négligence consciente, susceptible d’entraîner la mort. Les peines encourues ? Entre 8 et 25 ans de prison.
Que s’est-il passé ce jour-là ?
Le 25 novembre 2020, une crise cardio-respiratoire emporte une figure emblématique à seulement 60 ans. Allongé dans une résidence privée de Tigre, au nord de Buenos Aires, il était censé se remettre d’une lourde opération au cerveau. Mais ce matin-là, l’infirmière de jour le découvre inerte, bien après l’heure où son état aurait dû être vérifié. La veille, l’infirmier de nuit avait reçu une consigne troublante : ne pas le réveiller. Une décision qui pèse lourd aujourd’hui.
Son corps, déjà fragilisé par des années d’excès, portait les stigmates de multiples maux : reins défaillants, foie abîmé, cœur en sursis, sans oublier une dépendance aux substances qui le rongeait. Pourtant, cet homme n’était pas qu’un patient ; il était un symbole, une divinité pour beaucoup. Sa disparition a plongé une nation dans le chaos émotionnel, marquée par trois jours de deuil officiel et des foules en larmes devant le palais présidentiel.
Les visages derrière le drame
Sept personnes se retrouvent sur le banc des accusés, chacune ayant joué un rôle dans les derniers jours de la star. Parmi elles, un neurochirurgien, une psychiatre, un psychologue, une coordinatrice médicale, un responsable des infirmiers, un clinicien et un infirmier. Une huitième personne, une infirmière, sera jugée à part, devant un jury populaire, clamant n’avoir fait qu’obéir aux ordres. Mais qui portait vraiment la responsabilité de sa prise en charge ?
- Neurochirurgien : en charge de l’opération au cerveau.
- Psychiatre : supervisait sa santé mentale.
- Infirmier : dernier à l’avoir vu en vie.
Chaque accusé rejette la faute, arguant que son rôle était limité, cloisonné. Mais pour l’accusation, ces défenses ne tiennent pas : tous auraient contribué, par action ou inaction, à un dénouement fatal.
Une expertise qui accuse
Mi-2021, un rapport médical a jeté une lumière crue sur les événements. Les conclusions sont sans appel : les soins prodigués étaient inadéquats, marqués par des décisions imprudentes et un suivi chaotique. L’hospitalisation à domicile, censée garantir sa récupération, aurait été un fiasco total. Pire, il aurait enduré une agonie de plusieurs heures, abandonné à son sort avant qu’on ne constate son décès.
Le personnel médical a été le protagoniste d’une prise en charge totalement déficiente et imprudente.
– D’après une source proche de l’enquête
Pour les procureurs, ce n’était pas une fatalité. Les erreurs cumulées – improvisation, manque de coordination, absence de rigueur – ont scellé son destin. Le juge ayant ordonné le procès va plus loin : chaque accusé aurait eu un pouvoir d’action sur ce qui s’est passé, une co-maîtrise des faits.
Les défenses s’organisent
Face aux accusations, les prévenus se retranchent derrière leurs spécialités. La psychiatre, par exemple, insiste : elle gérait la santé mentale, pas les problèmes cardiaques qui ont tué son patient. Son avocat se dit confiant, prêt à plaider l’acquittement. « Elle n’aurait jamais dû être ici », affirme-t-il, soulignant une déconnexion entre sa mission et la cause du décès.
Mais du côté de la famille, on voit les choses autrement. Des messages et enregistrements, révélés au début de l’enquête, laisseraient entendre que l’équipe médicale savait le patient en danger. Pire, certains auraient cherché à le maintenir sous leur contrôle pour des raisons financières, craignant que ses proches ne l’éloignent et ne coupent leurs revenus.
Un deuil national, une colère intacte
Quatre ans plus tard, la douleur reste vive. La perte d’un homme surnommé « Dieu » par ses fans a laissé un vide immense. Les hommages pleuvent encore : statues érigées à travers le monde, fresques murales qui colorent les rues argentines, expositions célébrant son héritage. Mais au-delà de la tristesse, il y a la rage. Pour beaucoup, justice doit être rendue.
La famille, elle, ne baisse pas les bras. Ses filles, en particulier, portent un projet symbolique : un mémorial au cœur de Buenos Aires, prévu pour 2025. Baptisé Memorial M10, cet espace de 1 000 m² vise à accueillir un million de visiteurs par an, gratuit pour les Argentins. Un lieu où chacun pourra déposer une fleur, honorer une légende qui, malgré tout, reste éternelle.
Et si la vérité restait enfouie ?
Ce procès, aussi médiatisé soit-il, ne garantit pas toutes les réponses. Les témoignages s’annoncent nombreux, les débats techniques, les responsabilités floues. Entre les défenses segmentées des accusés et les preuves accablantes de l’accusation, le public risque de rester sur sa faim. Pourtant, une chose est sûre : chaque révélation sera scrutée, disséquée, dans l’espoir de comprendre comment une icône a pu s’éteindre ainsi.
Étape | Détail | Impact |
Opération | Neurochirurgie réussie | Récupération attendue |
Convalescence | Soins à domicile déficients | Agonie prolongée |
Alors que les audiences débutent, une question plane : ce procès rendra-t-il justice à un homme qui a tout donné à son peuple ? Ou ne fera-t-il qu’alimenter le mythe d’une fin aussi tragique que sa vie fut flamboyante ? Réponse dans les mois à venir.