Imaginez un petit pays balte, coincé entre un passé tumultueux et une menace grandissante à ses frontières. Ce n’est pas une fiction, mais la réalité de la Lituanie en ce début 2025. Ce jeudi, ce nation de 2,8 millions d’âmes a pris une décision qui fait trembler les défenseurs des droits humains : quitter un traité international interdisant les bombes à sous-munitions. Pourquoi ce choix radical, et quelles en sont les conséquences ? Plongeons dans cette actualité brûlante qui mêle peur, stratégie et controverses.
Un tournant stratégique face à la Russie
La Lituanie ne fait pas ce pas à la légère. Marquée par des décennies d’occupation soviétique, elle scrute aujourd’hui son voisin russe avec une méfiance accrue. Depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou, les autorités lituaniennes craignent que leur pays ne devienne la prochaine cible si la situation dégénère. Quitter la Convention sur les bombes à sous-munitions, adoptée en 2008, leur semble alors une nécessité pour renforcer leurs défenses.
D’après une source proche du gouvernement, ce retrait permettrait d’accroître l’efficacité militaire contre des cibles étendues. Les bombes à sous-munitions, larguées depuis le ciel ou tirées par l’artillerie, dispersent des explosifs sur de vastes zones, offrant un avantage tactique indéniable face à une armée conventionnelle puissante. Mais ce choix ne s’arrête pas là : Vilnius envisage aussi de se retirer d’un autre traité, celui interdisant les mines antipersonnel.
Un passé qui pèse lourd
Pour comprendre cette décision, il faut remonter dans l’histoire. La Lituanie, comme ses voisines baltes, a vécu sous le joug soviétique jusqu’en 1991. Ce passé a laissé des cicatrices profondes et une peur viscérale d’une nouvelle domination. Aujourd’hui, face à une Russie qui utilise sans retenue des armes controversées en Ukraine, le pays baltique veut se doter de tous les moyens possibles pour dissuader une agression.
La dissuasion et la défense sont les plus efficaces quand on en dispose et qu’on sait les utiliser.
– Un haut responsable lituanien
Cette logique, bien que froide, s’inscrit dans un contexte où ni la Russie ni l’Ukraine ne respectent ce traité. Les deux nations ont déjà déployé des bombes à sous-munitions dans leur conflit, rendant la position lituanienne pragmatique aux yeux de ses dirigeants.
Une onde de choc internationale
Ce retrait fait de la Lituanie le premier pays à quitter cette convention, et le premier membre de l’Union européenne à abandonner un accord multilatéral de ce type. Une décision officialisée six mois après un vote parlementaire en juillet dernier, suivi d’une notification à l’ONU. Mais ce choix ne passe pas inaperçu : il a déclenché une tempête de critiques de la part des ONG.
Amnesty International parle d’un geste “désastreux”, tandis que Human Rights Watch le qualifie d’“alarmant”. Pourquoi tant de bruit ? Parce que ces armes, bien que puissantes, ont un revers terrifiant : elles laissent derrière elles des munitions non explosées, qui deviennent des pièges mortels pour les civils, parfois des décennies après la fin des combats.
- 112 États sont parties à la convention.
- 12 signataires supplémentaires soutiennent le traité.
- 1 seul pays, la Lituanie, s’en retire aujourd’hui.
Les bombes à sous-munitions : une menace persistante
Concrètement, qu’est-ce qui rend ces armes si controversées ? Lorsqu’elles explosent en plein vol, elles libèrent des dizaines, voire des centaines de petites bombes sur une large zone. Problème : beaucoup ne détonnent pas immédiatement. Ces restes deviennent alors des mines de facto, menaçant les populations bien après la guerre.
Une organisation humanitaire a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme, soulignant que ce retrait pourrait créer un précédent dangereux. D’autres nations, confrontées à des tensions similaires, pourraient suivre cet exemple, fragilisant des années d’efforts pour un désarmement humanitaire.
Fait marquant : La convention d’Oslo a permis de réduire l’usage de ces armes dans de nombreux conflits depuis 2008.
Une tentative de limiter les dégâts ?
Face aux critiques, les autorités lituaniennes promettent de prendre des précautions. Elles affirment vouloir nettoyer rapidement les zones touchées par des munitions non explosées en cas d’utilisation. “Chaque opération sera encadrée par des règles strictes”, assure un officiel. Mais ces garanties suffiront-elles à rassurer les sceptiques ?
Pour beaucoup, cette promesse semble fragile. Ramasser des explosifs disséminés sur des kilomètres carrés, dans le chaos d’un conflit, relève de l’exploit. Et quid des zones inaccessibles ou disputées ? Le doute persiste.
Et les mines antipersonnel dans tout ça ?
La Lituanie ne s’arrête pas aux bombes à sous-munitions. Elle envisage aussi de quitter le traité de 1997 interdisant les mines antipersonnel, qui réunit 164 États. Une réflexion soutenue par l’armée, mais mise en pause par le gouvernement. Pourquoi cette hésitation ? Peut-être un œil sur les voisins, comme la Finlande, qui examine elle aussi un retour à ces armes controversées.
Traité | Année | États parties |
Convention sur les bombes à sous-munitions | 2008 | 112 |
Traité sur les mines antipersonnel | 1997 | 164 |
Ce tableau montre l’ampleur de ces accords. Pourtant, la Lituanie semble prête à s’en détourner, au nom de sa survie. Une décision finale sur les mines antipersonnel pourrait encore prendre des mois, selon un conseiller présidentiel.
Un domino prêt à tomber ?
Ce choix lituanien pourrait-il inspirer d’autres pays ? Certains experts le craignent. Dans un monde où la sécurité prime de plus en plus sur les idéaux humanitaires, des nations sous pression pourraient revoir leurs engagements. Une ONG met en garde : “C’est une tendance dangereuse qui risque de ramener des armes indiscriminées sur le devant de la scène.”
Pourtant, du côté lituanien, on insiste sur une approche réaliste. “Nous devons nous adapter à la menace”, répète-t-on. Entre pragmatisme et éthique, le débat est loin d’être clos.
Entre sécurité et humanité : un équilibre impossible ?
Alors, que retenir de cette saga ? La Lituanie, poussée par la peur d’un voisin imprévisible, fait un pari risqué. Elle mise sur des armes puissantes mais controversées pour se protéger, au prix d’un tollé international. Les ONG, elles, rappellent le coût humain de ces choix : des civils menacés par des explosifs oubliés, des traités fragilisés, un monde peut-être un peu plus dangereux.
Et vous, qu’en pensez-vous ? La sécurité d’un pays justifie-t-elle de rouvrir la boîte de Pandore des armes interdites ? Une chose est sûre : cette décision ne laissera personne indifférent.