Imaginez un pays où un ancien président, adulé par une partie de la population, décide de défier les lois pour reprendre le pouvoir. En Bolivie, ce scénario n’est pas une fiction mais une réalité brûlante qui secoue l’actualité. À quelques mois d’une élection cruciale prévue pour août 2025, un homme, figure historique du pays, annonce sa candidature malgré une interdiction claire de la justice et un mandat d’arrêt pesant sur ses épaules. Cette décision audacieuse soulève des questions : jusqu’où ira ce bras de fer politique ? Et surtout, que révèle-t-il de l’état d’un pays en proie à une crise sans précédent ?
Un Retour Controversé sur la Scène Politique
Jeudi dernier, dans une région centrale de la Bolivie, cet ancien chef d’État a tenu une conférence de presse qui a fait l’effet d’une bombe. Devant ses partisans, il a proclamé sa candidature à l’élection présidentielle sous les couleurs d’un nouveau parti, le Front pour la Victoire. Cette annonce marque un tournant, car il ne s’aligne plus avec son ancienne formation, le Mouvement vers le Socialisme (MAS), qu’il a pourtant fondé et dirigé pendant des années.
Ce choix n’est pas anodin. En novembre dernier, une décision de la Cour constitutionnelle a bouleversé l’échiquier politique en lui retirant le contrôle du MAS, désormais aux mains d’une faction proche de l’actuel président. Ce dernier, bien que silencieux sur ses intentions pour 2025, semble être un rival potentiel. Face à cette perte d’influence, l’ex-leader a décidé de contourner les obstacles en s’alliant à une formation plus modeste, mais déterminée à le porter au sommet.
Une Inéligibilité au Cœur du Débat
Ce retour sur le devant de la scène n’est pas sans controverse. La justice bolivienne a tranché : cet homme ne peut plus briguer la présidence. Une décision de la Cour constitutionnelle, rendue en novembre, a confirmé qu’un président ne peut exercer plus de **deux mandats**, consécutifs ou non. Or, cet ancien dirigeant a déjà gouverné de 2006 à 2019, dépassant cette limite. Pourtant, il balaie cette règle d’un revers de main, affirmant vouloir « sauver » son pays.
Nous avons pris cet engagement pour aller de l’avant avec notre pays qui est en train de faire faillite.
– Un représentant du Front pour la Victoire
Cette defiance ouverte envers les institutions judiciaires divise. Pour ses soutiens, majoritairement issus des communautés indigènes et rurales, il reste un symbole de résistance. Pour ses détracteurs, cette candidature est une provocation illégale qui menace la stabilité du pays.
Un Mandat d’Arrêt qui Complique Tout
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Cet homme est également visé par un **mandat d’arrêt** pour des accusations graves. Le parquet l’accuse de « traite de mineure », alléguant une relation en 2015 avec une adolescente de 15 ans, qui aurait donné naissance à une fille un an plus tard. Selon les autorités, les parents auraient consenti à cette liaison en échange d’avantages. Des allégations explosives qu’il rejette en bloc, les qualifiant de « guerre juridique » orchestrée par ses adversaires politiques.
D’après une source proche, une enquête sur ces mêmes faits avait été abandonnée en 2020, ce qui renforce sa défense. Retranché dans son bastion au centre du pays, protégé par une foule de partisans, il échappe pour l’instant à la justice. Ce refuge stratégique dans une région qui lui est fidèle montre à quel point son influence reste intacte, malgré les obstacles.
Un Pays en Crise : Le Vrai Enjeu
Derrière ce feuilleton politique, la Bolivie traverse une tempête économique qui alimente les tensions. Le pays souffre d’une **pénurie de dollars** et de carburants, un cocktail dévastateur pour une économie déjà fragile. Les subventions gouvernementales sur les importations de carburant ont vidé les réserves de devises, plongeant le pays dans une situation critique.
En 2024, l’inflation a atteint **9,9 %**, un record en 16 ans. Les habitants font face à des files d’attente interminables pour obtenir du carburant, tandis que les entreprises peinent à importer des biens essentiels. Dans ce contexte, la promesse de cet ancien président de « redresser le pays » trouve un écho auprès de ceux qui se sentent abandonnés par le pouvoir actuel.
- Pénurie de dollars : un frein aux importations.
- Subventions carburant : des réserves en chute libre.
- Inflation record : 9,9 % en 2024, un pic historique.
Le Front pour la Victoire : Une Alliance Stratégique
Pour concrétiser son retour, cet ex-dirigeant s’est tourné vers le Front pour la Victoire, un parti de gauche peu connu, sans siège au Parlement. Lors de la conférence de presse, un porte-parole a lu un accord officialisant cette alliance, désignant cet homme comme leur « candidat unique ». Le choix de son colistier reste en suspens, mais cette union marque une étape clé dans sa stratégie.
Ce petit parti voit en lui une opportunité de gagner en visibilité, tandis que lui y trouve un tremplin pour contourner son exclusion du MAS. Une alliance pragmatique, donc, mais qui pourrait bouleverser les équilibres politiques à l’approche du scrutin.
Un Soutien Populaire Toujours Solide
Dans les campagnes et les zones indigènes, cet homme reste une icône. Ancien cultivateur de coca, il incarne pour beaucoup la lutte contre les élites et la défense des droits des populations marginalisées. Depuis l’émission du mandat d’arrêt, ses partisans font rempart autour de lui dans son fief du centre du pays, une région surnommée le « Tropico ».
Ce soutien indéfectible est un atout majeur. Lors de ses années au pouvoir, il avait marqué les esprits par des réformes sociales et une nationalisation des ressources, notamment du gaz. Aujourd’hui, ces souvenirs alimentent l’espoir d’un retour salvateur pour ses fidèles.
Quel Avenir pour la Bolivie ?
À mesure que la date du 17 août 2025 approche, les incertitudes s’accumulent. La candidature de cet ex-président sera-t-elle validée malgré son inéligibilité ? La justice parviendra-t-elle à l’arrêter avant le scrutin ? Et surtout, que deviendra un pays déjà fragilisé par des années de crises économiques et politiques ?
Ce qui est certain, c’est que cette annonce a rallumé la flamme d’un débat national. Entre ses défenseurs, qui le voient comme un sauveur, et ses opposants, qui dénoncent une menace pour la démocratie, la Bolivie se prépare à une bataille électorale hors norme. Le compte à rebours est lancé.
Événement | Date | Impact |
Annonce candidature | Février 2025 | Défie la justice |
Décision Cour | Novembre 2024 | Inéligibilité confirmée |
Élection prévue | Août 2025 | Tensions accrues |
En attendant, le pays retient son souffle. Cette saga politique, mêlant justice, pouvoir et désespoir économique, promet des rebondissements jusqu’au dernier moment. Une chose est sûre : la Bolivie n’a pas fini de faire parler d’elle.