Imaginez une ville où l’eau potable devient un luxe, où chaque gorgée pourrait être synonyme de maladie, voire de mort. Dans le sud du Soudan, à Kosti, ce cauchemar est devenu réalité pour des milliers d’habitants. Depuis quelques semaines, une flambée de choléra frappe cette région déjà meurtrie par un conflit armé qui ne semble connaître aucune trêve. Plus de 400 cas ont été recensés, un chiffre alarmant qui n’est que la partie émergée d’un iceberg humanitaire colossal.
Une Épidémie Alimentée par le Chaos
À Kosti, située à 300 kilomètres au sud de la capitale Khartoum, la situation sanitaire s’est brutalement détériorée. Selon des sources officielles, cette explosion de cas est directement liée à une pénurie d’eau potable, elle-même causée par des coupures d’électricité. Mais d’où viennent ces pannes ? Une attaque récente par drones sur une centrale électrique voisine a plongé la ville dans l’obscurité et le désarroi, privant ses habitants de l’un des besoins les plus fondamentaux : l’accès à l’eau.
Dans un pays où la guerre fait rage depuis près de deux ans entre l’armée et des forces paramilitaires, les infrastructures civiles sont devenues des cibles privilégiées. Les conséquences sont dévastatrices, et Kosti n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Alors que les combats s’intensifient, les civils paient le prix fort.
L’Origine du Drame : Une Centrale Détruite
Dimanche dernier, des témoins ont décrit une scène digne d’un film de guerre : des drones ont survolé la centrale d’Umm Dabakar, qui alimentait Kosti en électricité. Quelques explosions plus tard, la station était hors service. Un ingénieur local, interrogé par une source proche, a confirmé que l’installation avait cessé de fonctionner, sans pouvoir préciser qui était derrière cette attaque. Était-ce un acte stratégique dans cette guerre interminable ? Les habitants, eux, n’ont pas le luxe de chercher des réponses : ils luttent pour survivre.
Le manque d’accès à l’eau potable augmente sensiblement le risque d’épidémies de choléra et d’autres crises sanitaires.
– Une organisation humanitaire internationale
Ce n’est pas la première fois que des infrastructures vitales sont touchées. Fin janvier, une alerte avait déjà été lancée sur les attaques répétées contre des installations civiles, perturbant gravement l’approvisionnement en eau et en électricité pour des millions de personnes. À Kosti, cet avertissement est devenu une réalité brutale.
Un Système de Santé en Ruines
Face à cette crise, les autorités ont mobilisé une centaine d’agents médicaux et plus de 6 000 solutions intraveineuses pour tenter de juguler l’épidémie. Mais dans un pays où **80 % des établissements médicaux** dans les zones de conflit ont fermé leurs portes, ces efforts semblent dérisoires. Le système de santé soudanais, déjà fragile avant la guerre, est aujourd’hui en lambeaux. Comment soigner des centaines de malades quand les hôpitaux manquent de tout, des lits aux médicaments ?
L’an dernier, une épidémie de choléra avait déjà été déclarée, avec un bilan effarant : **24 609 cas** et **699 décès** enregistrés en octobre. Ces chiffres, bien que terrifiants, ne racontent qu’une partie de l’histoire. Dans les zones reculées, combien de cas passent inaperçus ? Combien de vies sont perdues loin des statistiques officielles ?
Une Guerre qui Aggrave Tout
Le conflit qui oppose l’armée soudanaise aux forces paramilitaires depuis avril 2023 a transformé le pays en un champ de ruines. Des dizaines de milliers de morts, plus de **12 millions de déplacés** : les chiffres donnent le vertige. Dans l’État du Nil Blanc, où se trouve Kosti, les violences ont redoublé d’intensité ces dernières semaines. À 200 kilomètres au nord de la ville, des attaques ont fait des centaines de victimes, certains rapports évoquant un bilan deux fois plus lourd que celui officiellement annoncé.
Les combats ont également poussé des milliers de familles à fuir. D’après une organisation internationale, plus de **6 500 foyers** ont abandonné leurs maisons en seulement deux jours dans la région d’Al-Qutaina. Ces déplacements massifs ne font qu’aggraver la crise sanitaire : sans abri, sans eau, sans soins, les populations deviennent encore plus vulnérables.
Le Choléra : Symptôme d’une Crise Plus Large
Le choléra n’est pas qu’une maladie : c’est le miroir d’une catastrophe humanitaire sans précédent. Selon une ONG spécialisée, le Soudan traverse aujourd’hui la **plus grande crise humanitaire jamais enregistrée**. L’eau contaminée, les conditions de vie précaires et l’effondrement des services de base forment un cocktail mortel. À Kosti, chaque nouveau cas est une alerte, un cri silencieux d’une population oubliée.
- Pénurie d’eau : les coupures d’électricité empêchent l’approvisionnement.
- Système de santé détruit : 80 % des infrastructures médicales hors service.
- Déplacements massifs : des milliers de familles fuient les violences.
Et pourtant, au milieu de ce chaos, des équipes médicales s’échinent à sauver des vies. Mais combien de temps pourront-elles tenir face à une crise qui s’amplifie jour après jour ?
Que Peut-On Faire ?
Face à une telle situation, les solutions semblent lointaines. Restaurer l’accès à l’eau potable nécessiterait des infrastructures stables, or celles-ci sont systématiquement visées dans le conflit. Les organisations humanitaires appellent à une mobilisation internationale, mais les fonds manquent et les zones de guerre restent difficiles d’accès. À court terme, les autorités locales misent sur des mesures d’urgence : distribution de solutions hydratantes, déploiement de personnel médical, sensibilisation aux règles d’hygiène.
Mesure | Action | Impact |
Agents médicaux | 100 déployés | Prise en charge immédiate |
Solutions IV | 6 000 unités | Réhydratation des malades |
Mais ces efforts, bien qu’essentiels, ne résolvent pas la cause profonde : un pays déchiré par la guerre, où chaque jour apporte son lot de nouvelles tragédies. La communauté internationale regarde-t-elle assez attentivement ?
Un Avenir Incertain
À Kosti, comme dans tant d’autres régions du Soudan, l’avenir reste suspendu à un fil. Le choléra n’est que l’un des nombreux fléaux qui frappent une population épuisée. Si les combats ne cessent pas, si les infrastructures ne sont pas reconstruites, combien d’autres épidémies verront le jour ? Combien d’autres vies seront perdues dans l’indifférence ?
Une crise humanitaire qui dépasse l’entendement : des millions de vies en jeu, et un silence assourdissant.
Le drame de Kosti n’est pas isolé. Il résonne comme un avertissement pour le monde entier : ignorer ces crises, c’est condamner des populations entières à un sort inimaginable. La question reste ouverte : qui agira, et quand ?