Dans un monde où les écrans accaparent notre attention, un nouveau phénomène émerge : les soirées « Offline ». À Londres, ces événements qui invitent à se déconnecter totalement de son téléphone rencontrent un succès fulgurant, notamment auprès des jeunes adultes. Plongée dans ces soirées pas comme les autres, où les interactions humaines reprennent leurs droits.
Le « Offline Club » : 2h pour renouer avec le réel
Le concept est simple : pendant 2 heures, les participants confient leur précieux smartphone à l’entrée. Objectif : profiter pleinement de l’instant présent et créer des liens avec les autres, dans la « vraie vie ». Mi-février, plus de 150 personnes, majoritairement des 20-35 ans, ont ainsi payé 11,40€ pour vivre cette expérience inédite.
Bianca Bolum, 25 ans, résume l’état d’esprit : « Nous sommes la génération de la technologie et des réseaux sociaux, mais nous en avons assez. Nous voulons nous reconnecter au monde réel ». Venue seule avec l’espoir de faire des rencontres, cette créatrice de bijoux participait pour la 2ème fois à la soirée. Un besoin de sortir de sa bulle partagé par Liliann, 22 ans, qui confie passer jusqu’à 10h par jour sur son smartphone.
Jeux de société et créativité comme alternatives
Au programme de ces soirées pas ordinaires : jeux de société et ateliers créatifs comme la peinture, disposés sur les tables. Le brouhaha des discussions anime la salle alors que les participants se prêtent au jeu. Pour Harry, ingénieur de 25 ans, l’expérience est libératrice : « Trop souvent, je ressens le besoin de regarder mon téléphone, par peur de rater quelque chose ».
Je suis complètement accro à mon téléphone et je déteste ça. Le laisser ce soir, je vous le dis, c’est un vrai soulagement !
Lois, assistante de direction de 35 ans
Un succès grandissant, reflet d’un malaise
Lancé fin octobre, le « Offline Club » de Londres a déjà séduit plus de 2000 participants. Un engouement qui ne surprend pas son fondateur, Ben Hounsell, 23 ans : « Beaucoup réalisent que tenir son téléphone à l’écart quelques heures leur fait du bien ». Pourtant, ironie du sort, c’est bien sur les réseaux sociaux comme Instagram que la plupart ont découvert l’existence de ces soirées.
Pour Ilya Kneppelhout, à l’origine du concept il y a un an à Amsterdam, ce succès révèle une réelle addiction aux smartphones et réseaux sociaux, mais aussi « une épidémie de solitude ». « Les gens recherchent une connexion authentique avec d’autres, loin des écrans », analyse-t-il.
Des stratégies pour reprendre le contrôle
Si pour la majorité, smartphones et réseaux sociaux ne nuisent pas directement à la santé mentale, ils nous font passer à côté de moments précieux, comme le souligne Anna Cox, professeure spécialiste des interactions humain-technologie. Mais des solutions existent pour mieux maîtriser notre usage :
- Utiliser des applications fixant des limites de temps passé sur les réseaux
- Mettre son écran en noir et blanc pour le rendre moins attrayant
- Se déconnecter entièrement le weekend, comme le fait l’influenceuse Venetia La Manna qui vante les bienfaits de ses « offline48 »
En somme, l’enjeu est d’éduquer, en particulier les plus jeunes, à reprendre le contrôle de nos appareils. Et si ces soirées « Offline » en étaient le premier pas ? Nul doute que de plus en plus de citadins seront tentés par cette parenthèse hors du temps, pour se reconnecter à l’essentiel.