Ce jeudi, la cour d’appel de Paris rendra sa décision concernant la demande de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais propalestinien incarcéré en France depuis 1984. À 73 ans, il a déjà passé plus de 40 ans derrière les barreaux, une durée que beaucoup jugent disproportionnée au regard des faits qui lui sont reprochés.
Retour sur l’affaire Georges Ibrahim Abdallah
Arrêté par les services de renseignement français à Lyon en octobre 1984, Georges Ibrahim Abdallah est soupçonné d’être le chef européen des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), un groupe ayant revendiqué plusieurs attentats en France au début des années 80, dont les assassinats de deux diplomates.
Lors de perquisitions menées en 1985 dans un appartement loué par Abdallah à Paris, armes et explosifs sont découverts, notamment l’arme du crime ayant servi aux meurtres des diplomates américain et israélien en 1982. Il est alors mis en examen pour complicité.
Première condamnation en 1986
En juillet 1986, Georges Abdallah écope d’une première peine de 4 ans de prison pour association de malfaiteurs, détention d’armes et usage de faux documents. L’instruction se poursuit parallèlement concernant son implication présumée dans les assassinats et une tentative de meurtre sur un autre diplomate.
L’époque est marquée par une vague d’attentats meurtriers en France, revendiqués par un groupe réclamant notamment la libération d’Abdallah et d’autres militants propalestiniens.
Condamné à perpétuité en 1987
Le 28 février 1987, malgré des réquisitions plus clémentes du parquet, la cour d’assises spéciale de Paris condamne finalement Georges Ibrahim Abdallah à la perpétuité pour complicité dans les assassinats des deux diplomates en 1982 et la tentative de meurtre sur un consul américain en 1984.
Un combat acharné pour obtenir une libération conditionnelle
Bien que libérable dès 1999, celui qui est devenu au fil des années le plus vieux prisonnier de France voit toutes ses demandes de libération conditionnelle rejetées pendant 25 ans. La seule fois où une décision favorable est rendue en appel en 2013, celle-ci est conditionnée à un arrêté d’expulsion qui ne sera jamais pris par l’exécutif de l’époque.
En 2022, Georges Abdallah tente une nouvelle approche en demandant à la justice administrative d’ordonner son expulsion vers le Liban, en vain. Le tribunal explique ne pas pouvoir contraindre le ministère de l’Intérieur à une telle mesure.
Énième demande de libération suspendue par le parquet
Le 15 novembre 2024, après une dizaine d’échecs selon son avocat, le tribunal d’application des peines accepte finalement la dernière demande de libération de Georges Abdallah, à condition qu’il soit expulsé vers le Liban.
Le tribunal invoque son âge avancé et une détention jugée « disproportionnée au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle ».
Mais cette décision est immédiatement suspendue par un appel du Parquet national antiterroriste. Les États-Unis, parties civiles lors du procès de 1987, continuent de s’opposer fermement à toute libération.
C’est donc la cour d’appel de Paris qui devra trancher ce jeudi. Après plus de 40 ans de détention, Georges Ibrahim Abdallah sera-t-il enfin libre ? Ou verra-t-il une nouvelle fois ses espoirs de libération anéantis ? Réponse dans quelques heures.
En attendant, le cas Abdallah continue de diviser. Si certains dénoncent la sévérité et la longueur de sa peine, d’autres estiment au contraire qu’au vu des faits reprochés, sa place est derrière les barreaux. Une chose est sûre : quel que soit le verdict rendu, cette affaire hors norme ne manquera pas de faire réagir.
