Dans les rues animées de la capitale russe, les espoirs d’une percée diplomatique longtemps attendue se font sentir. Après trois années éreintantes de conflit en Ukraine, ponctuées de combats acharnés et de sanctions occidentales, les premiers pourparlers de haut niveau entre Moscou et Washington laissent entrevoir une lueur d’espoir aux yeux de nombreux Moscovites.
Chamil Guizatoulline, un retraité octogénaire, ne cache pas son optimisme. Pour lui, ces négociations américano-russes qui se sont tenues mardi en Arabie Saoudite étaient un pas nécessaire, voire trop longtemps repoussé. « Nous aurions dû franchir cette ligne depuis bien longtemps », affirme-t-il, qualifiant les tensions actuelles d' »absolument inutiles ».
Une lassitude du conflit largement partagée
Ce sentiment d’une guerre qui n’a que trop duré semble faire l’unanimité parmi la population. Elena, psychothérapeute de 44 ans, témoigne de l’omniprésence de cette tension dans son travail quotidien. « Je suis constamment confrontée à cette lassitude, cette fatigue face à la situation », explique-t-elle.
Konstantin, quadragénaire, abonde dans ce sens. Son vœu le plus cher ? « Que cette guerre prenne fin, que des négociations adéquates aient lieu et que les gens cessent de mourir dans ce conflit dont je ne comprends pas du tout l’origine ».
La rhétorique du Kremlin remise en question
Si le président Vladimir Poutine a avancé de multiples justifications pour l’offensive lancée en février 2022, allant de la « protection » des russophones de l’est de l’Ukraine à la « dénazification » d’un pays accusé d’être sous la coupe de puissances occidentales hostiles à la Russie, ces arguments peinent à convaincre la communauté internationale. Kiev et ses alliés y voient plutôt une tentative de conquête et de soumission du peuple ukrainien.
Des attentes divergentes quant à l’issue des négociations
Mais si l’aspiration à la paix semble faire consensus, les visions divergent quant aux concessions acceptables pour y parvenir. Elena Kolpakova, 77 ans, insiste sur la nécessité d’un accord qui aille au-delà d’un simple cessez-le-feu sur la ligne de front actuelle. « S’arrêter maintenant ou abandonner des territoires serait une erreur. Nos hommes sont morts, nous devons aller au bout pour obtenir une paix forte et stable », affirme-t-elle.
Un avis partagé par Olga Vyssokikh, retraitée arborant fièrement un chapeau de fourrure blanche. « Je ne voudrais pas que nous concédions quoi que ce soit. Nous ne devons pas faire cela », martèle-t-elle.
L’attitude de Trump, motif d’optimisme côté russe
Revigorée par ces pourparlers, la Russie espère y voir une première étape vers une sortie de son isolement vis-à-vis des Occidentaux. Et les propos de Donald Trump, qui a qualifié mercredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky de « dictateur », ne font qu’alimenter cet optimisme.
Evguénia Egorova, jeune entrepreneuse de 25 ans, résume ainsi la situation : « La Russie et les États-Unis n’avancent pas sur la même voie mais ils forment d’une manière ou d’une autre un partenariat ».
Raïssa, 60 ans, se montre plus nuancée quant à l’attitude de l’ex-président américain. « Je ne peux pas dire qu’il fera tout pour la Russie mais je pense que son attitude est plus ou moins loyale envers nous », estime-t-elle, avant d’ajouter, philosophe : « Ça ne peut pas toujours être mauvais, il doit y avoir du bon de temps en temps. »
Une chose est sûre : dans les rues de Moscou, l’espoir d’un dénouement diplomatique est palpable. Reste à savoir si ces pourparlers déboucheront sur une réelle avancée ou se limiteront à une embellie passagère dans ce conflit qui n’a que trop duré.
