ActualitésInternational

Hong Kong durcit le contrôle des syndicats pour protéger la sécurité nationale

Hong Kong veut un contrôle strict des financements étrangers des syndicats, prétextant la sécurité nationale. Les syndicats redoutent une surveillance politique absolue et une suppression de la dissidence... Réactions et conséquences de cette loi controversée.

Une nouvelle loi présentée par le gouvernement de Hong Kong suscite l’inquiétude chez les défenseurs des droits des travailleurs. Cette loi obligerait les syndicats à demander l’approbation du gouvernement pour presque tous les types de financements étrangers, sous couvert de protéger la sécurité nationale. Depuis l’imposition par Pékin d’une loi sur la sécurité nationale en 2020 suite aux manifestations pro-démocratie massives, les syndicats de Hong Kong sont sous haute surveillance.

Un contrôle renforcé au nom de la sécurité nationale

Le gouvernement souhaite donner plus de pouvoirs à l’agent responsable de l’enregistrement des syndicats afin de mieux « sauvegarder la sécurité nationale ». Selon cette nouvelle loi :

  • Les syndicats devraient obtenir une autorisation avant d’accepter des fonds de « forces extérieures », un terme vague englobant gouvernements non chinois, groupes politiques et organisations internationales.
  • Ces fonds ne pourraient pas servir pour des élections locales.
  • L’agent pourrait rejeter les demandes des syndicats pour des motifs de sécurité nationale, sans possibilité de faire appel.
  • L’agent serait autorisé à entrer dans les locaux des syndicats pour inspecter, examiner et saisir des preuves.

Cette proposition de loi sera examinée en avril par l’assemblée législative de Hong Kong, où l’opposition n’est plus représentée.

Réactions : « une grave violation des droits des travailleurs »

Le Hong Kong Labour Rights Monitor, un groupe de défense des droits des travailleurs basé au Royaume-Uni, dénonce une « grave violation des droits des travailleurs ». Selon eux, les syndicats seraient soumis à « une surveillance politique stricte ».

Le gouvernement utilise délibérément les besoins de sécurité nationale comme prétexte pour supprimer la dissidence.

Hong Kong Labour Rights Monitor

Hong Kong comptait un peu plus de 1 400 syndicats enregistrés fin 2022 selon les chiffres officiels. Mais depuis 2020, des dizaines de syndicats dont le syndicat des enseignants et la plus grande coalition syndicale pro-démocratie ont été dissous. Les actions collectives comme les grèves sont devenues rares.

Une tendance inquiétante pour les libertés à Hong Kong

Cette nouvelle loi sur les syndicats s’inscrit dans un contexte de répression croissante des voix dissidentes à Hong Kong depuis 2020. La loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin a changé la donne, permettant aux autorités de réprimer durement l’opposition pro-démocratie.

De nombreux militants et figures de l’opposition ont été arrêtés ou contraints à l’exil. Des médias critiques du pouvoir ont été fermés. L’espace pour la société civile s’est drastiquement réduit, touchant associations, syndicats, universités.

Le contrôle des financements étrangers des syndicats au nom de la sécurité nationale apparaît comme un nouvel outil pour museler toute voix indépendante. Le spectre d’une mise au pas totale de la société hongkongaise, jadis si dynamique et libre, se profile de plus en plus nettement.

Jusqu’où ira cette reprise en main ? L’autonomie et les libertés de Hong Kong, en principe garanties jusqu’en 2047 selon le principe « un pays, deux systèmes », semblent plus menacées que jamais. La communauté internationale, qui suit de près la situation, s’inquiète de cette dérive autoritaire mais peine à infléchir le cours des événements. L’avenir dira si Hong Kong parviendra à préserver un espace, même réduit, pour des voix alternatives indépendantes.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.