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L’ombre de Trump plane sur la Berlinale : le 7e art face au défi

L'ombre de Trump plane sur la Berlinale. Entre résistance et autocensure, le 7e art cherche sa voie face aux bouleversements imposés par le président américain. Les stars hollywoodiennes hésitent : s'engager ou se taire ? Un dilemme qui révèle les tensions...

Alors que le festival du film de Berlin bat son plein, une question brûlante agite les esprits : quelle posture adopter face à l’administration Trump et ses bouleversements ? Stars hollywoodiennes et cinéastes présents à la Berlinale oscillent entre envie de résister et tentation de se taire, craignant les représailles. Un dilemme symptomatique des tensions qui traversent le 7e art à l’ère du trumpisme.

Trump, cet éléphant dans la salle

Bien qu’absent physiquement, le spectre de Donald Trump plane sur les débats et les interviews, suscitant des réactions contrastées. Le réalisateur américain Todd Haynes, président du jury, a donné le ton en condamnant sans détour le locataire de la Maison-Blanche :

Nous traversons un moment effroyable qui va requérir toute notre énergie pour résister et revenir à un système imparfait mais que nous, Américains, considérons comme acquis.

Todd Haynes, cinéaste et président du jury de la Berlinale

D’autres préfèrent avancer masqués, à l’instar de Timothée Chalamet. Interrogé sur la montée de l’extrême droite en Allemagne, la star de « Call Me by Your Name » a mis en garde contre les figures de « sauveur » aux penchants « sectaires », avant qu’un modérateur ne le recentre sur des sujets moins politiques.

Des films passés au crible politique

Au-delà des prises de parole, ce sont les œuvres elles-mêmes qui sont disséquées pour y déceler des messages en résonance avec la politique trumpienne. Ainsi, « Dreams » du Mexicain Michel Franco, dépeignant l’itinéraire d’un danseur sans-papiers aux États-Unis, prend une dimension nouvelle à l’heure du durcissement migratoire voulu par Trump. Jessica Chastain, actrice principale du film, y voit un écho « incroyablement politique » à l’actualité mondiale.

La satire spatiale « Mickey 17 » de Bong Joon-ho semble, elle, tourner en dérision les ambitions astronautiques d’Elon Musk, désormais membre de l’administration Trump. Le cinéaste nie cependant avoir pensé au milliardaire, préférant évoquer des figures de dictateurs du passé.

L’art doit-il être neutre ?

Face à ces questionnements, les avis divergent sur le devoir d’engagement des artistes. Pour Richard Linklater, réalisateur de « Before Sunrise », les films doivent avant tout offrir une forme d’évasion face aux tourments du monde. Benedict Cumberbatch défend une position plus nuancée : s’il estime que le cinéma doit refléter les « inquiétudes collectives », il met en garde contre la tentation du prosélytisme.

Hollywood sous pression

Mais certains s’inquiètent déjà de possibles pressions de Trump sur les studios pour infléchir leur ligne progressiste. Un premier signal : Disney a renoncé à faire de la diversité un critère de « performance », un virage conservateur qui en dit long. « The Apprentice », film peu flatteur sur l’ascension de Trump, peine à trouver un diffuseur aux États-Unis.

Les tournages à l’étranger, notamment au Mexique, pourraient aussi pâtir des velléités de Trump de rapatrier les activités des firmes américaines. Une « collusion choquante » dénoncée par Todd Haynes, pour qui « de nombreux endroits en lien avec le vaste pouvoir des entreprises » s’alignent déjà sur la nouvelle administration.

La Berlinale se révèle ainsi le théâtre d’un bras de fer entre une industrie hollywoodienne partagée et un président bien décidé à imposer son agenda. Résister, s’adapter ou plier ? L’avenir du 7e art à l’ère Trump est en jeu.

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