C’est la douche froide pour la nouvelle pépite du tennis brésilien. Une semaine seulement après son éclatante victoire au tournoi de Buenos Aires, son premier titre sur le circuit ATP à seulement 18 ans, Joao Fonseca s’est fait éliminer dès son entrée en lice à l’ATP 500 de Rio de Janeiro. Le héros d’une nation toute entière, devenu en quelques jours l’idole de tout un pays, a vu son parcours de rêve stoppé net mardi soir par le Français Alexandre Müller, modeste 60e joueur mondial.
Le réveil brutral après l’euphorie
Qualifier de « Special Exempt » pour ce tournoi grâce à son incroyable performance en Argentine, le désormais 68e à l’ATP avait pourtant à cœur de briller devant son public. Mais il est tombé sur un os en la personne d’Alexandre Müller. Le Français, solide et régulier, n’a fait qu’une bouchée du jeune prodige encore grisé par son récent exploit. Débordé dans le premier set, mené 5-0 en un éclair après avoir perdu deux fois sa mise en jeu, Fonseca n’a pu que constater les dégâts (6-1).
Certes, le Brésilien a retrouvé quelques couleurs dans la deuxième manche, parvenant enfin à tenir son service. Mais Müller, imperturbable, n’a pas laissé passer sa chance. Plus expérimenté, il a fait parler ses nerfs d’acier dans le tie-break pour s’imposer 7-6 [4] et s’ouvrir les portes du deuxième tour où l’attend l’Argentin Tomas Etcheverry, tombeur du Français Corentin Moutet.
La réalité du haut niveau
Pour Joao Fonseca, c’est un retour sur terre brutal. Celui que tout un pays voyait déjà marcher sur les traces d’un certain Gustavo Kuerten, triple vainqueur de Roland-Garros, réalise amèrement que la route est encore longue. Enchaîner les victoires au plus haut niveau est un défi quotidien, même quand on possède un talent éblouissant comme le sien. Gérer l’attente d’un pays, la pression médiatique, la fatigue aussi après un premier grand titre, tout cela fait partie de l’apprentissage d’un champion en devenir.
Nous croyons tous en lui, c’est un diamant brut avec un potentiel incroyable. Il va apprendre de cette expérience et rebondir, c’est certain. Le chemin des vainqueurs est pavé de quelques chutes.
Une source proche du clan Fonseca
Le soutien sans faille de ses proches
Son entourage, en tout cas, continue de croire en lui sans l’ombre d’un doute. Son entraîneur, ses parents, ses amis, tous sont persuadés que cette défaite n’est qu’un accident de parcours, une étape nécessaire dans la construction d’un immense champion. Ils savent la force de caractère du jeune homme, sa capacité à se remettre en question et à travailler encore plus dur pour corriger ses lacunes.
En attendant, pour la nouvelle coqueluche du Brésil, l’aventure en simple s’arrête là sur ses terres. Mais son tournoi n’est pas fini pour autant. Associé en double à son compatriote Orlando Luz, il tentera d’aller chercher un premier titre dans cette spécialité. L’occasion de regagner un peu de confiance et de voir que le soleil finit toujours par revenir après l’orage.
Un destin en marche malgré tout
Car une chose est sûre : on n’a pas fini d’entendre parler de Joao Fonseca. À 18 ans, celui que tout un peuple surnomme déjà affectueusement « O Garoto » (le gamin) a encore tout l’avenir devant lui. Cette élimination prématurée n’est finalement qu’un minuscule grain de sable dans la mécanique d’une carrière qui s’annonce grandiose. Son talent est là, indéniable, éblouissant. Il l’a prouvé de manière éclatante à Buenos Aires. Il lui reste maintenant à l’étoffer, à le polir, pour le révéler sous son meilleur jour en toutes circonstances.
On se souviendra sans doute de cette soirée à Rio comme d’un moment charnière dans le parcours du prodige auriverde. Non pas comme l’instant où le rêve s’est brisé, mais comme celui où le jeune prince a réalisé tout ce qu’il lui restait à accomplir pour conquérir son royaume et établir sa dynastie. Le chemin sera long et semé d’embûches, mais une chose est sûre : le phénomène Fonseca ne fait que commencer.