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Sahara occidental : Paris soutient le Maroc, l’Algérie « condamne »

Vive tension entre l'Algérie et la France suite à la visite d'une ministre française au Sahara occidental, territoire disputé. Paris soutient Rabat, Alger crie au mépris du droit international. Un conflit qui s'envenime...

Coup de froid diplomatique entre Paris et Alger. La visite effectuée lundi par la ministre française de la Culture, Rachida Dati, au Sahara occidental, a été vivement condamnée mardi par le ministère algérien des Affaires étrangères. Ce vaste territoire désertique, ancienne colonie espagnole, est au cœur d’un conflit vieux de 50 ans opposant le Maroc, qui en contrôle environ 80%, aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

Un « mépris insigne » du droit international selon Alger

Pour le ministère algérien, cette visite « est d’une gravité particulière » et « condamnable à plus d’un titre ». Elle traduirait « un mépris insigne de la légalité internationale de la part d’un membre permanent du Conseil de Sécurité » de l’ONU, en aidant « à la consolidation du fait accompli marocain » dans ce territoire où « un processus de décolonisation reste inachevé ». Alger fustige l’attitude de Paris, y voyant celle d’une « ancienne puissance coloniale solidaire d’une nouvelle ».

Le statut du Sahara occidental divise la communauté internationale depuis des décennies. L’ONU le considère comme un « territoire non autonome » et y avait planifié un référendum d’autodétermination, jamais concrétisé, lors de l’installation de la mission Minurso en 1991. Un cessez-le-feu qui a volé en éclats en novembre 2020.

La France prend parti pour le Maroc

Fin juillet, le président Emmanuel Macron a clairement affiché son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour ce territoire, sous sa souveraineté. Un changement de cap qui rompt avec la position traditionnelle de Paris, favorable jusque-là au processus onusien. Une décision qui a plongé les relations franco-algériennes dans une grave crise.

Isolement diplomatique de Paris

Pour Alger, ce positionnement « disqualifie davantage » la France et « l’isole par rapport à l’action des Nations unies visant à hâter un règlement » de ce conflit, sur la base du droit international. Une résolution d’octobre dernier du Conseil de sécurité, soutenue par 12 des 15 membres, appelait pourtant à une solution « réaliste et mutuellement acceptable ».

Une visite « historique » pour Rachida Dati

La ministre française de la Culture a qualifié sa visite d' »historique », étant la « première d’un ministre français dans les provinces du Sud », terminologie utilisée par Rabat. Lundi, elle était à Laayoune pour inaugurer un centre culturel français. Mais cette démarche a ravivé les tensions.

Un conflit gelé qui se réchauffe

Coincé entre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie, le Sahara occidental est le théâtre d’un conflit en sommeil depuis 1991. Mais la trêve a volé en éclats mi-novembre 2020, après le déploiement de troupes marocaines pour déloger des indépendantistes bloquant l’unique route vers la Mauritanie, jugée illégale car inexistante lors de l’accord de cessez-le-feu.

Le dossier du Sahara occidental, avec ses enjeux de souveraineté, continue de cristalliser les tensions dans la région. Le soutien affiché de Paris à Rabat passe très mal à Alger. Au risque de compromettre le rôle de médiation de la France et son influence diplomatique. Un nouveau front dans un conflit déjà très complexe.

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