Les relations russo-américaines sont à un tournant. Une rencontre historique entre hauts négociateurs russes et américains s’est tenue ce mardi à Ryad, en Arabie Saoudite. Menés par leurs chefs de la diplomatie respectifs, Sergueï Lavrov et Marco Rubio, les deux camps ont eu des échanges « sérieux » pendant plus de quatre heures, selon des sources proches des discussions.
Vers un rapprochement des positions ?
Si le Kremlin s’est félicité du ton constructif de la rencontre, il reste prudent sur une éventuelle convergence des positions russe et américaine. Le conseiller diplomatique du président Poutine, Iouri Ouchakov, a estimé qu’il était encore « difficile de dire » si les approches de Moscou et Washington s’étaient rapprochées.
Le négociateur russe a par ailleurs jugé prématuré d’évoquer une possible date pour un sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump. Les deux puissances semblent donc privilégier pour l’instant un travail de fond, loin des caméras, pour tenter de régler leurs nombreux contentieux.
L’Ukraine au cœur des discussions
Le dossier ukrainien a été l’un des principaux sujets abordés lors de cette réunion marathon. Russes et Américains se sont accordés pour former des délégations spécifiques de négociateurs qui seront chargées de discuter d’une possible issue au conflit.
Nous avons discuté, exposé nos approches de principe et convenu que des équipes distinctes de négociateurs sur ce sujet prendraient contact en temps voulu.
Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin
Selon le département d’État américain, il a été convenu d’établir un « mécanisme de consultation » pour gérer les différends et de nommer des équipes « de haut niveau » pour négocier la fin de la guerre en Ukraine. Kiev et les Européens craignent cependant d’être exclus de ces pourparlers cruciaux sur l’avenir du pays et la refonte de l’architecture sécuritaire du continent.
La Russie campe sur ses positions
Côté russe, on lie depuis longtemps la question ukrainienne à une réorganisation globale de la sécurité en Europe. Le Kremlin réclame notamment un retrait des forces de l’OTAN d’Europe de l’Est, estimant que l’Alliance atlantique représente une menace existentielle pour la Russie. Cet argument avait d’ailleurs été brandi pour justifier le lancement de l' »opération militaire spéciale » contre l’Ukraine en février 2022.
Moscou semble donc déterminé à obtenir des concessions majeures de la part des Occidentaux, au risque de faire durer le conflit. Une ligne intransigeante qui s’oppose à la position américaine, l’administration Biden ayant jusqu’ici affiché un soutien indéfectible à Kiev.
Un contexte géopolitique en pleine mutation
La rencontre de Ryad intervient à un moment charnière des relations internationales. L’appel téléphonique la semaine dernière entre Donald Trump et Vladimir Poutine a fait voler en éclats la stratégie d’isolement visant le maître du Kremlin et l’unité affichée des Occidentaux face à Moscou.
Le président américain, connu pour ses positions critiques envers les alliés européens de Washington, semble moins enclin que son prédécesseur à soutenir l’Ukraine dans la durée. Un changement de cap qui pourrait pousser les Russes à se montrer plus offensifs à la table des négociations.
Vers une nouvelle donne diplomatique ?
Si les discussions de Ryad n’ont pas débouché sur une percée spectaculaire, elles marquent néanmoins une inflexion dans la gestion de la crise ukrainienne. Pour la première fois depuis le début de l’invasion russe, Moscou et Washington dialoguent au plus haut niveau, loin de la rhétorique guerrière des derniers mois.
Les négociateurs ont désormais la lourde tâche de transformer ces premiers échanges en avancées concrètes. Un chemin semé d’embûches tant les positions des deux camps semblent éloignées sur le fond. Mais l’enjeu en vaut la peine : rien de moins que la paix en Europe et la stabilité du système international en dépendent.
