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Libération sous caution d’un marchand d’armes britannique en Inde

Coup de théâtre dans le scandale de corruption d'un contrat d'armement en Inde : la libération sous caution d'un marchand d'armes britannique après plus de 4 ans derrière les barreaux. Une affaire aux ramifications complexes qui n'a pas fini de faire parler d'elle...

Dans un nouveau rebondissement d’une affaire de corruption qui secoue l’Inde depuis des années, la Cour suprême a ordonné mardi la libération sous caution d’un marchand d’armes britannique. Christian Michel, en détention depuis décembre 2018, est soupçonné d’avoir versé des pots-de-vin à des responsables indiens dans le cadre d’un contrat d’achat d’hélicoptères en 2010. Une décision qui intervient alors même que l’enquête sur ce scandale à 677 millions de dollars est toujours en cours.

Un contrat d’armement entaché de corruption

Extradé de Dubaï il y a plus de quatre ans, Christian Michel est au cœur des investigations menées par le Bureau central des enquêtes (CBI) indien. Les autorités le suspectent d’avoir organisé le versement de pots-de-vin à hauteur de 52 millions de dollars pour faciliter la vente de 12 hélicoptères de la société anglo-italienne AgustaWestland à l’Inde. Un accord à 677 millions de dollars (646 millions d’euros) conclu en 2010 sous un précédent gouvernement, avant d’être annulé en 2014 en raison de soupçons de malversations.

Trois actes d’accusation déposés

Dans le cadre de cette affaire tentaculaire, le CBI a déposé pas moins de trois actes d’accusation. Christian Michel, inculpé en 2017 alors qu’il travaillait aux Émirats arabes unis, est considéré comme l’un des protagonistes clés de ce scandale qui a éclaboussé les plus hautes sphères du pouvoir indien. Sa libération sous caution, décidée par la plus haute instance judiciaire du pays, constitue un nouveau tournant dans ce dossier ultra-sensible.

Une détention jugée arbitraire par l’ONU

En 2021, un groupe de travail des Nations unies avait qualifié la détention de Christian Michel d’arbitraire, appelant à sa libération immédiate. Les experts onusiens avaient même accusé New Delhi d’avoir extradé le ressortissant britannique dans le cadre d’un échange impliquant une princesse de Dubaï, Sheikha Latifa. Celle-ci avait été capturée en mer par des commandos indiens en 2018 après avoir tenté de fuir les Émirats arabes unis où elle disait avoir été « torturée ».

L’Inde, premier importateur d’armes au monde

Cette affaire met en lumière les enjeux colossaux du marché de l’armement en Inde, devenue le premier pays importateur d’armes au monde. En 2023, New Delhi a consacré la somme astronomique de 83,6 milliards de dollars à ses dépenses militaires, soit 2,4% de son produit intérieur brut selon l’Institut international de recherche pour la paix (Sipri) de Stockholm. Un budget en constante augmentation qui place l’Inde au quatrième rang mondial derrière les États-Unis, la Chine et la Russie.

Si la libération sous caution de Christian Michel constitue une étape importante, de nombreuses zones d’ombre demeurent dans ce dossier à multiples facettes. L’enquête du CBI se poursuit pour faire toute la lumière sur les ramifications de ce scandale qui a ébranlé le monde opaque des grands contrats d’armement. Une affaire à suivre de près tant ses répercussions pourraient être profondes pour l’industrie de la défense et les relations diplomatiques de l’Inde.

« L’opacité qui entoure souvent les contrats d’armement crée un terreau fertile pour la corruption. Le scandale AgustaWestland en Inde en est une illustration frappante. Seules la transparence et une application rigoureuse de l’état de droit permettront de prévenir de telles dérives. »

– Analyse d’un expert en géopolitique de l’armement souhaitant rester anonyme
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