L’Europe se trouve à un tournant décisif de son histoire économique. Alors que les vieux démons du protectionnisme ressurgissent outre-Atlantique, l’ancien président de la BCE Mario Draghi vient de tirer la sonnette d’alarme. Selon lui, les réformes tant attendues pour doper la croissance du Vieux continent n’ont que trop tardé, et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis ne fait qu’accroître l’urgence d’agir.
Trump, l’épouvantail qui doit secouer l’Europe
Dans un rapport très remarqué présenté en septembre dernier, Mario Draghi avait déjà pointé du doigt les faiblesses structurelles qui minent la compétitivité européenne face aux géants américain et chinois. Mais la nouvelle donne politique à Washington change radicalement la donne, comme l’a souligné l’ancien « Super Mario » mardi devant le Parlement européen :
Lorsque le rapport a été rédigé, le principal thème géopolitique était l’ascension de la Chine. Désormais, l’UE doit faire face à des droits de douanes imposés par la nouvelle administration américaine dans les mois à venir, probablement dans les semaines à venir, entravant l’accès à notre plus grand marché d’exportation.
Autrement dit, le temps presse. Si l’Europe ne veut pas se laisser distancer pour de bon, elle doit impérativement réagir et mettre en place au plus vite les réformes qui s’imposent pour retrouver le chemin de la croissance.
Un plan Marshall pour l’économie européenne
Mais quelles sont concrètement les recommandations du rapport Draghi pour redonner un coup de fouet à la compétitivité du Vieux continent ? La priorité des priorités consiste à investir massivement dans trois domaines clés :
- L’innovation numérique, pour rattraper le retard pris sur les GAFA
- La transition écologique, pour faire de l’Europe un leader mondial de l’économie verte
- Les industries de défense, un secteur stratégique créateur d’emplois
Au total, ce sont entre 750 et 800 milliards d’euros par an qu’il faudrait injecter dans l’économie européenne pour lui redonner des couleurs selon Mario Draghi. Une somme colossale mais indispensable pour résister aux assauts protectionnistes venus d’Amérique.
L’IA et l’énergie, deux autres enjeux majeurs
Au-delà des investissements, le rapport Draghi identifie deux autres chantiers urgents pour l’Europe. Tout d’abord, ne pas se laisser distancer dans la course à l’intelligence artificielle, où les progrès s’accélèrent de façon exponentielle. Ensuite, agir sur le front des prix de l’énergie, une préoccupation majeure des entreprises européennes :
Les prix du gaz naturel […] ont augmenté d’environ 40% depuis septembre. Les prix de l’électricité ont aussi augmenté dans de nombreux pays et restent 2 à 3 fois plus élevés qu’aux États-Unis.
La Commission européenne, qui doit présenter fin février ses premières propositions concrètes, est donc plus que jamais attendue au tournant. Saura-t-elle convaincre les États membres de prendre le taureau par les cornes pour relancer enfin la machine économique européenne ? Réponse dans les prochaines semaines, sous la pression d’un Trump qui n’attendra pas pour dégainer ses taxes.