Le conflit en Ukraine continue de faire rage, mais une résolution durable semble hors de portée sans aborder les questions de sécurité à l’échelle européenne. C’est du moins ce qu’a affirmé mardi le Kremlin, selon qui le président russe Vladimir Poutine est « prêt » à négocier, « si nécessaire », avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a souligné lors de son briefing quotidien qu’un règlement viable et à long terme du conflit ukrainien est impossible sans un examen global des questions de sécurité sur le continent européen. Une position qui fait écho aux revendications de Moscou fin 2021, réclamant un redécoupage de l’architecture sécuritaire en Europe.
La Russie reconnaît le droit de l’Ukraine à l’UE, mais pas à l’OTAN
Si la Russie affirme respecter le « droit souverain » de l’Ukraine à rejoindre l’Union européenne, sa position est tout autre concernant une éventuelle adhésion à l’OTAN, sa bête noire. Moscou avait exigé fin 2021 un retrait des forces de l’Alliance atlantique d’Europe orientale et un engagement occidental à ne pas s’étendre davantage vers l’Est. Des demandes rejetées, précipitant l’assaut russe contre l’Ukraine quelques semaines plus tard.
Rapprochement russo-américain inquiétant pour l’Europe et l’Ukraine
Parallèlement, Russes et Américains ont entamé mardi à Riyad des pourparlers visant à relancer leurs relations, quasi-gelées depuis le début du conflit. Une initiative découlant du long entretien téléphonique du 12 février entre Vladimir Poutine et Donald Trump, rompant l’isolement du dirigeant russe par l’Occident.
Mais ce rapprochement russo-américain suscite l’inquiétude des Européens et des Ukrainiens, tenus à l’écart des discussions et craignant un accord dans leur dos. Une réunion d’urgence s’est d’ailleurs tenue lundi à Paris entre plusieurs dirigeants européens, soucieux de ne pas être marginalisés.
Poutine « prêt » à négocier avec Zelensky, mais pose ses conditions
Interrogé sur d’éventuelles négociations directes entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, Dmitri Peskov a affirmé que le président russe y était « prêt », « si nécessaire ». Il a cependant posé ses conditions, estimant que la fixation juridique des accords doit être discutée en tenant compte de la réalité, faisant référence au manque de « légitimité », selon Moscou, du dirigeant ukrainien dont le mandat a officiellement expiré en mai 2024.
De son côté, Volodymyr Zelensky s’était dit le 14 février « prêt » à rencontrer Vladimir Poutine, mais à condition qu’un « plan commun » soit convenu au préalable « avec Trump et l’Europe ». Le président ukrainien juge en effet nécessaire d’arriver d’abord à une position commune avec l’Occident, notamment sur la question des garanties de sécurité réclamées par Kiev.
Concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, il s’agit du droit souverain de tout pays (…) Personne n’a le droit de dicter sa conduite à un autre pays. (…) C’est complètement différent lorsqu’il s’agit de questions de sécurité et d’alliances militaires.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin
L’armée russe gagne du terrain dans le Donbass
Sur le terrain, l’armée russe a revendiqué mardi la prise de Iampil, localité de la région de Donetsk dans l’est de l’Ukraine. Les combats font toujours rage le long de la ligne de front, avec une situation particulièrement tendue autour de la ville de Bakhmout, véritable verrou stratégique que Moscou tente de faire tomber depuis des mois.
Malgré les appels au dialogue et les initiatives diplomatiques, la fin du conflit en Ukraine semble encore lointaine. Le Kremlin maintient sa position ferme, conditionnant toute résolution durable à une refonte de l’architecture sécuritaire européenne. Les négociations russo-américaines et la mise à l’écart de l’Europe suscitent de vives inquiétudes. Quant à d’éventuelles discussions directes entre Poutine et Zelensky, elles restent hypothétiques tant les positions semblent inconciliables. L’avenir est plus qu’incertain.